Madagascar: Antsiranana - La liberté de presse régresse

Ce n'est pas la première fois qu'ils sont mis à l'écart, leurs droits sont quasiment bafoués. On les écarte, et surtout on les bannit ! Le 1 juin 2023 dernier, lors de la descente du ministre de l'Energie, Solo Andriamanampisoa, deux journalistes n'ont pas pu exercer leur travail.

D'après leurs dires, un responsable de la sécurité publique de la Région DIANA a reçu l'ordre de les empêcher d'entrer dans la grande maison d'ENELEC, une centrale qui abrite les groupes alimentant le courant de la ville d'Antsiranana et ses environs. « Une situation irritante, ils nous ont laissés dehors, alors que les journalistes proches du pouvoir sont entrés avec eux. Il y a anguille sous roche », se désole l'un des journalistes.

Quant au ministre, il essaie de temporiser en disant, « Nous avons été accompagnés par des journalistes à l'intérieur. Je pense qu'il y a une liberté ». La visite de celui-ci a eu pour but de constater les dégâts causés par le feu ayant endommagé un groupe, le 31 mai 2023 dernier. En outre, le geste de ce haut dignitaire interpelle les citoyens lambda, eux qui ont le droit d'être informés de ce qui se passe dans leur ville. « Ont-ils peur que ces deux journalistes de qualité trouvent un angle contraire à ce qu'ils veulent transmettre ? », se demande un observateur.

C'est palpable, la liberté d'expression se voit réduite dans les régions. Les autorités locales, pour asseoir leur pouvoir, essaient d'intimider les professionnels de l'information. Faut-il rappeler que les intendants de la région Diana affichaient leur hostilité envers ces derniers, le jour où l'ancien président Marc Ravalomanana débarquait dans la ville du Pain de sucre, le 6 août 2022.

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Voulant interviewer un haut dignitaire de la région, un journaliste est sorti du bureau la tête basse lorsque le grand monsieur lui a tonné un refus. Puisque la ville est petite, et que les intendants jouent les puissants sur les faibles, les chroniqueurs s'autocensurent, caressent dans le sens des poils. On les accuse de souffler sur la braise, quand ils disent les choses tout haut.

Froissés, frustrés, les tenants du quatrième pouvoir reçoivent des pressions énormes ou pires, sont victimes de violences symboliques. En vérité, les autorités locales veulent des journalistes perroquets, qui ne font que jaspiner. D'autre part, les citoyens pointent également du doigt leurs informateurs, car les informations ne sont pas rapportées telles qu'elles sont ! Les publications et les commentaires sur les réseaux sociaux en sont des preuves. Accusés de mensonges, les rédacteurs de journaux ne sont plus crédibles aux yeux de la population.

« Moi je trouve qu'ils sont de mèche avec le pouvoir. Que du panégyrique à la télé. Je ne crois plus ce qu'ils disent », atteste Miandra Ravelo, un étudiant à l'Université d'Antsiranana. Dure est cette profession, mais elle est passionnante. Entre angoisse et sérénité, entre le risque et le courage, se positionne un journaliste. Il faut être audacieux quoi qu'il en soit, car c'est une mission, chaque jour est un combat. Seuls les journalistes osent tendre l'autre joue, tendre la main à ceux qui leur ont craché à la figure. Souvent les autorités les appellent pour avoir une bonne posture. Une fois bien installées, ce sont ces mêmes personnes qui les chassent du bureau. Triste réalité !

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