Alors que le conflit au Soudan est entré dans sa huitième semaine et les combats entre les Forces armées soudanaises (SAF) et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (RSF) se poursuivent, plus de 1,9 million de personnes ont été contraintes de fuir leur domicile depuis le début du conflit et sont aujourd'hui déplacées à l'intérieur et à l'extérieur du pays, a annoncé mercredi une agence onusienne.
« Plus de 1,9 million de personnes ont été nouvellement déplacées, dont 1.428.551 à l'intérieur du pays », a indiqué l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) dans son dernier rapport de situation. La majorité des personnes déplacées quittent Khartoum (66%), le Darfour occidental (19%), le Darfour méridional (7%), le Darfour central (6%), le Darfour du Nord et le Kordofan du Nord.
Selon l'OIM, la majorité des personnes déplacées (65 %) ont fui vers les zones urbaines, tandis que le reste (34 %) s'est réfugié dans les zones rurales. Plus de 78 % des personnes déplacées ont cherché à s'abriter chez des proches ou dans des communautés d'accueil.
Plus de 476.000 personnes ont fui vers les pays voisins dont 205.000 en Egypte
A l'extérieur des frontières soudanaises, les mouvements de flux mixtes continuent d'augmenter avec 476.811 personnes qui ont fui vers les pays voisins. « L'OIM, le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) et les sources gouvernementales indiquent qu'au 4 juin, au moins 205.565 personnes sont arrivées dans l'Égypte voisine », a ajouté l'agence onusienne.
Depuis le début du conflit, plus de 125.000 personnes se sont orientées au Tchad, 90.796 personnes au Soudan du Sud, 39.833 personnes en Éthiopie, 13.922 personnes en République centrafricaine et 1.318 personnes en Libye.
De son côté, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA) note que l'accès aux services de base, y compris les soins de santé, continue d'être gravement entravé par le conflit. Depuis le 15 avril, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a recensé au moins 46 attaques contre les soins de santé, dont 29 contre des établissements de santé, 19 contre le personnel de santé, 12 contre les fournitures, 7 contre les transports, 6 contre les entrepôts et 6 contre les patients.
Depuis la signature de la déclaration (trêve) de Djedda le 11 mai dernier, 16 nouveaux rapports d'attaques ont été vérifiés. Selon l'OMS, l'arrivée prochaine de la saison des pluies, qui s'étend habituellement de juin à octobre, augmente le risque d'épidémies de maladies transmises par l'eau et par des vecteurs, aggravé par les difficultés d'accès à l'eau et de gestion des déchets à Khartoum et dans d'autres États touchés par le conflit, ce qui pose des risques sanitaires considérables.
Malgré les « violations du cessez-le-feu », l'ONU et ses partenaires ont pu venir en aide à 2,2 millions de personnes
Sur le plan humanitaire, le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) indique que plus de 13,6 millions d'enfants au Soudan ont un besoin urgent d'aide humanitaire, après plusieurs semaines de conflit.
Le conflit a entraîné la fermeture des écoles, privant des millions d'enfants de leurs salles de classe. L'ONU estime à 618.000 le nombre d'enfants en âge d'aller à l'école, dont 458.000 ont été déplacés à l'intérieur et à l'extérieur du Soudan en raison des violences actuelles, tandis que d'autres se réfugient chez eux, d'après le groupe sectoriel de l'éducation.
Sur un autre plan, les marchés locaux et la disponibilité d'argent liquide ont été considérablement affectés par le conflit. Selon OCHA, le réapprovisionnement en marchandises, une fois les stocks locaux épuisés en raison de l'approvisionnement limité dans le pays et des réseaux de transport perturbés, reste un sujet de préoccupation.
Dans le même temps, les marchés des zones moins touchées sont mis à rude épreuve, l'afflux de personnes déplacées ayant exercé une pression sur les ressources locales.
Malgré les « violations graves et répétées de l'accord de cessez-le-feu », les partenaires humanitaires ont réussi à acheminer des fournitures de secours à travers les États pour venir en aide à 2,2 millions de personnes.