Rwanda: Génocide des Tutsis - L'inaptitude de Félicien Kabuga à être jugé «est un échec en termes de justice»

Félicien Kabuga, l'un des fugitifs les plus recherchés au monde, qui aurait été l'une des principales figures du génocide de 1994 contre les Tutsis au Rwanda, a été arrêté à Paris par les autorités françaises.
interview

Il n'y aura pas de verdict prononcé pour le procès devant le tribunal de La Haye sur le Rwanda pour Félicien Kabuga. Les juges ont tranché ce mercredi 7 juin : Félicien Kabuga présenté comme le financier présumé du génocide au Rwanda contre les Tutsis en 1994, est inapte à subir son procès pour des raisons de santé. Un échec de la justice pour Lewis Mudge, directeur pour l'Afrique centrale de l'ONG Human Rights Watch.

Comment réagissez-vous à cette annonce ?

C'est la décision de la Cour et bien sûr la Cour a le droit de décider si quelqu'un est apte à continuer un procès. Mais nous trouvons cela très regrettable. L'arrestation de Félicien Kabuga et le début de son procès était vraiment une étape très importante en vue d'établir qui sont les responsables dans la planification et l'exécution du génocide au Rwanda. Et Félicien Kabuga est accusé d'être parmi les grands leaders de la planification du génocide.

Le tribunal précise être à la recherche d'une solution alternative qui ressemble le plus possible à un procès, mais sans possibilité de condamnation. Déjà, on imagine que c'est un vrai coup dur pour les victimes, pour les familles des victimes...

C'est ça. Félicien Kabuga est accusé d'être l'un des cerveaux du génocide. Si, après son arrestation, il n'y a pas même de possibilité pour lui d'aller temps en prison, c'est un échec. Il a gagné parce qu'il a évité d'être condamné et ça, c'est un échec en termes de justice, selon nous.

Quels vont être les conséquences de cette décision sur l'histoire du génocide et sur la compréhension qu'on a de cette histoire du génocide ?

Il y a pas mal de choses qui étaient déjà publiées sur Félicien Kabuga, y compris le rapport de Human Rights Watch. Donc c'était vraiment une occasion pour lui tout d'abord d'avouer et de présenter ses excuses, ou bien de nier et de donner une autre version des faits.

Ensuite, c'est la première fois depuis treize ans que je travaille à Human Rights Watch que je vois ce mécanisme alternatif. C'est nouveau. Donc, je ne sais pas s'il y a un précédent dans ce pays. Mais vu que Kabuga faisait vraiment partie des gros poissons, il est regrettable qu'il ne coure par le risque d'être condamné.

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