Sénégal: Visites dans la banlieue de Dakar - Le Premier ministre sur le terrain pour encourager les agents du nettoiement

Les agents de la Société nationale de gestion des déchets (Sonaged) ont reçu, samedi et dimanche derniers, la visite du Premier ministre, Amadou Ba. Plus d'un millier d'agents sont mobilisés pour rendre les grandes artères de Dakar propres, après les manifestions.

Le Premier ministre, Amadou Ba, a effectué une visite de terrain, samedi et dimanche derniers, pour constater l'état de salubrité de certaines artères de la capitale sénégalaise, suite aux manifestations violentes du 1er juin. Il s'est entretenu avec les agents de la Société nationale de gestion intégrée des déchets (Sonaged) sur leurs conditions de travail. « Je tiens à vous féliciter, au nom du Chef de l'État, du travail que vous faites pour rendre Dakar propre », a déclaré le Premier ministre, dans un communiqué reçu hier.

Selon le Directeur général de la Sonaged, Mass Thiam, la société qu'il dirige est plus que jamais déterminée à rendre les artères de Dakar et des villes de l'intérieur du pays propres. « Malgré les difficultés constatées, nous avons déployé plusieurs hommes sur le terrain pour rendre Dakar propre », a-t-il souligné, devant le Premier ministre.

Selon le communiqué, à travers ses déplacements, Amadou Ba a voulu encourager les travailleurs du nettoiement. Le Chef du gouvernement était en compagnie du Ministre de l'Urbanisme, de l'Habitat et de l'Hygiène, Abdoulaye Saydou Sow et de son collègue de la Jeunesse et de l'Emploi, Pape Malick Ndour.

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La Sonaged a mobilisé un millier de jeunes pour nettoyer la capitale sénégalaise. « Nous profitons de l'occasion pour lancer un message aux populations, pour leur dire que notre standard téléphonique 202 123 est disponible. EIles peuvent nous signaler les déchets dans leurs localités. Cette mise à niveau a été faite partout à Dakar pour rendre la ville encore propre, après quelques jours d'interruption du système de nettoiement », a soutenu, dans le communiqué, Mass Thiam.

Le Premier ministre a déploré, à cet effet, les scènes de violences qui ont paralysé l'économie sénégalaise, suite à la condamnation du leader du Pastef, Ousmane Sonko. « Nous avons connu une situation difficile. C'est l'occasion pour nous de la regretter, de la condamner, de prier pour le repos de l'âme des personnes qui ont perdu la vie », a-t-il indiqué, encourageant les agents de la Sonaged à poursuivre leur travail pour rendre le cadre de vie de Dakar et des autres villes agréable.

Matel BOCOUM

Ramassage des ordures ménagères : La banlieue renoue avec la salubrité après l'éclatement des violences

Grâce à la Société nationale de gestion intégrée des déchets (Sonaged), la banlieue de Dakar renoue progressivement avec la salubrité. Les principales artères ont été nettoyées et la plupart des dépôts sauvages ont été dégagés. Il ne reste que les ordures ménagères, qui ne pouvaient pas être évacuées, compte tenu du fait que les camions de ramassage ont été immobilisés à cause des violentes manifestations

Les manifestations consécutives à la condamnation d'Ousmane Sonko avaient donné un visage hideux au département de Pikine. Des tas d'ordures sporadiques, des pneus brûlés et des pierres meublaient le décor de la ville. Au grand regret des populations qui ne savaient plus quoi faire avec les amas de saletés. C'était le cas à Pikine Tally Bou Mack et Tally Icotaf, tout comme à Pikine Rue 10.

Mais, depuis le samedi 4 juin, la Société nationale de gestion intégrée des déchets (Sonaged) a commencé à déployer des agents en fonction du niveau de violence dans les secteurs d'intervention. C'est ainsi qu'ils ont bien nettoyé les lieux touchés à partir de Keur Mbaye Fall et tout le long de la route nationale. C'est le cas, également, au coeur du département de Pikine qui a retrouvé une certaine propreté. Ce que salue Djily Badiane, rencontré sous le pont, sis près de Bountou Pikine, habillé d'un Lacoste de couleur bleue et d'un short, une petite serviette étalée sur son épaule gauche. Il est tranquillement assis, en train de humer l'air frais et ne tarit pas d'éloges sur les agents de la propreté qu'ils considèrent comme étant utiles dans la société. « Quand je me souviens de l'état dans lequel étaient plongées les grandes artères de Pikine, je ne peux que tirer mon chapeau à ceux qui ont en charge la propreté », confie-t-il.

C'est le même sentiment qu'éprouve cet automobiliste au volant qui vient de stationner sur le trottoir sur la route secondaire faisant face au Technopole.

Poubelle remplie d'ordures

« La propreté est importante. Nous devons beaucoup de respect aux personnes qui travaillent dans le secteur du nettoiement » affirme Omar Sarr, un chauffeur de taxi. Il soutient avoir garé sa voiture du vendredi au dimanche. Même s'il sortait parfois pour ne pas se faire raconter ce qui se passe dehors. Toutefois, il fustige l'état dans lequel les manifestants ont mis les alentours de son quartier. « Quand j'ai vu comment les pneus brûlés ont incroyablement noirci et sali les routes, j'avais mal. Heureusement, les agents du nettoiement ont tout essuyé. Ils sont vraiment méritants », salue Zale Niang.

À Pikine Rue 10, près de la mosquée « Naanke Naanke », une ménagère était sur le point de s'introduire dans une boutique. Interpellée, elle explique qu'elle n'osait pas s'éloigner de chez elle ces derniers jours. Cependant, elle estime que des efforts doivent être faits pour dégager les ordures ménagères qui sont présentes dans les quartiers. « Nous avons une poubelle remplie d'ordures, car nous n'avons pas vu les camions de ramassage. Vivement qu'ils reprennent le travail », lance-t-elle.

La même complainte est émise par une autre ménagère qui habite à Tally Bou Mack et répondant au nom de Kadia Diallo. Après avoir maudit les violences récentes, elle fait part des difficultés qu'elle rencontre, depuis des jours, pour se débarrasser des ordures ménagères.

Cap sur Pikine Icotaf où à côté des locaux du cinéma Awa, un dépôt sauvage encombre le voisinage. « C'est parce que les camions sont restés des jours sans venir que nous nous sommes retrouvés avec ce dépôt sauvage », avance la dame Ndèye Thiam qui habite juste à côté de ce dépôt sauvage.

Dans trois jours, tout redeviendra propre

Coordonnateur de la section de Pikine de la Société nationale de gestion intégrée des déchets (Sonaged), François Basse explique que les agents du nettoiement se sont redéployés sur le terrain, depuis des jours. Il rassure qu'avec le rythme de travail actuel, tout redeviendra propre dans trois jours.

Après les scènes de violence, place au nettoiement. Ce à quoi la Société nationale de gestion intégrée des déchets (Sonaged) s'attèle depuis des jours. Le Coordonnateur de la section de Pikine, François Basse, renseigne que lui et ses éléments avaient des difficultés pour faire leur travail. Ils ont néanmoins réussi à reprendre le nettoiement depuis le 4 juin. Le samedi, les équipes sont déployées à Keur Mbaye Fall où ils ont nettoyé. Malheureusement, les manifestants ont interrompu leur travail. « Nous étions obligés de travailler intelligemment en tenant compte de ces derniers. Le dimanche, nous avons nettoyé la route nationale jusqu'au point de contournement. Cet axe a été affecté sous l'effet des pierres que jetaient les manifestants, et des restes de pneus brûlés et abandonnés sur le bitume », soutient-il. Il précise que le lundi 5 juin, ses éléments ont nettoyé la route des Niayes, Tally Bou Mack, Tally Bou Bess, Rue 10, etc. De même que la route qui part du collège Serigne Cheikh Anta Mbacké (ex-Canada) jusqu'à la station Tally Bou Mack. « Nous avons déjà pris en charge ces dépôts. Il ne reste qu'à nous occuper des ordures qui sont dans les ménages. Ce sera fait très rapidement », promet-il.

Zac de Mbao : Les difficiles conditions de travail des agents du nettoiement

Quelques jours après les manifestations, qui ont partiellement secoué Zac Mbao, les travailleurs du nettoiement sont toujours au taquet pour redonner à la ville sa propreté habituelle. Entre difficultés et insécurité, ils partagent leur désarroi.

À l'instar de plusieurs quartiers de la région de Dakar, Zac Mbao a également vécu deux jours de manifestations violentes. Ce n'est pas seulement la vie quotidienne de ses habitants qui a été perturbée. Le cadre de vie aussi en a pris un sacré coup. Pendant que certains citoyens exprimaient leur mécontentement dans les rues, une autre bataille se déroulait discrètement : celle des agents du nettoiement qui luttaient, pour rendre la ville propre, malgré les difficultés.

À partir du rond-point Sipres, où un bus complétement incendié est encore sur place, la route principale, qui mène vers Rufisque, d'habitude animée et vivante, était jonchée de débris et d'immondices, de détritus et de déchets en tout genre, à la suite des manifestations. Les agents du nettoiement de la Société nationale de gestion des déchets (Sonaged), déjà confrontés à des défis considérables dans leur travail quotidien, font face à une tâche encore plus ardue. « Le volume de travail a été multiplié par dix », lance Adama Faye, un agent de la Sonaged. Ce jeune, la vingtaine, pelle à la main, la sueur qui dégouline sur son front, exprime sa fatigue.

« Il reste encore des débris car, les manifestants brûlent tout ce qu'ils trouvent sur leur passage. Ce qui accroît notre charge de travail. De 7 heures du matin à 13 heures, nous travaillons sans répit, à cause de ces évènements. Nous sommes plus impactés par ces manifestations », regrette Adama Faye. Selon lui, plus de dix agents, mobilisés sur le terrain, travaillent à rendre les artères de la ville propre après les manifestations. Ils travaillent en groupe. Au moment où certains regroupent les débris, d'autres entassent le sable. Ce qui rend à Zac Mbao sa propreté d'antan. « Des renforts ont été dépêchés pour nous aider à enlever les ordures ménagères. Les bennes à ordures étaient débordées et les équipes en sous-effectif, ce qui rendait pénible la collecte et le traitement des déchets », expliquent deux dames qui s'occupent du nettoiement et qui ont requis l'anonymat.

Après le travail de terrain, les camions passent récupérer des léchets. En plus de la fatigue, les travailleurs du nettoiement sont confrontés aux problèmes de pollution. Youssoupha Badji, le masque bien en place, l'homme de petite taille semble être perdu par les évènements. Lui, qui nous explique qu'il est soumis au pointage. Il est alors obligé de braver tous les risques pour venir travailler chaque jour. « J'ai une famille à nourrir. Je ne peux pas rester des jours sans travailler, surtout que je suis un journalier. Malgré toute cette violence, je dois être au poste », affirme-t-il. Outre ces problèmes constatés, les agents du nettoiement font également face à des défis d'ordre sécuritaire. Ils étaient coincés entre l'enclume des manifestants et le marteau des forces de défense et de sécurité.

MADANY SY, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU SYNDICAT NATIONAL DES TRAVAILLEURS DU NETTOIEMENT

« Il y a eu 15 000 tonnes d'ordures ménagères dans les artères de Dakar »

Le Secrétaire général du Syndicat national des travailleurs du nettoiement, Madany Sy, joint par téléphone, regrette les manifestions qui ont eu lieu à Dakar et à l'intérieur du pays. Selon lui, elles ont eu des conséquences sur le ramassage des ordures ménagères. Il a informé que la Société nationale de gestion des déchets (Sonaged), qui ramasse par jour 3400 tonnes de déchets, n'a pu le faire à cause des émeutes. « Il y a eu 15 000 tonnes d'ordures ménagères dans les artères de Dakar qui n'ont pas pu être ramassées », informe Madany Sy. Cette situation s'explique aussi par le fait que les véhicules ont été bloqués par leurs responsables, précise-t-il.

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