Presque un an après les émeutes meurtrières qui ont endeuillé la Sierra Leone, le documentaire « Le 10 août » revient sur ces événements. Une vingtaine de personnes ont été tuées, dont sept policiers. Combinant images d'archives et paroles de témoins, ce documentaire veut tirer les leçons de cet épisode douloureux pour éviter qu'il y en ait d'autres.
Le documentaire commence par un avertissement : certaines images peuvent choquer la sensibilité des spectateurs. Comme celle de ce policier allongé sur le dos, le visage tâché de sang.
Cette provocation est volontaire, explique Edmondson Cole, réalisateur du film et président du collectif Journalistes contre l'injustice. C'est pour lui un moyen d'éveiller les consciences. « Nous voulons éduquer les gens pour qu'ils sachent qu'ils n'ont pas besoin de recourir à la violence, il y a d'autres moyens de se faire entendre que descendre dans la rue pour saccager des bâtiments publics qui nous appartiennent à tous, et sans tuer des innocents ».
Ce 10 août 2022, un rassemblement pacifique s'est rapidement transformé en affrontements violents entre jeunes et policiers. Les faits se sont déroulés dans un quartier est de la capitale Freetown contrôlé par l'opposition. Certains scandaient « Bio doit partir », en référence au président Julius Maada Bio. Rentré d'un voyage à l'étranger, le chef de l'État accuse certains politiques de manipuler les jeunes à des fins personnelles. Plus de 500 personnes sont arrêtées. Presque un an après les violences, plusieurs personnes arrêtées restent encore en détention, selon Amnesty International, qui dénonce un « recours excessif à la force » de la part des forces de l'ordre.
À l'approche de l'élection présidentielle du 24 juin 2023, ce documentaire plaide également pour un scrutin pacifique. « Nous nous rendrons bientôt aux urnes et c'est de cette manière que les gens doivent élire ou révoquer un président », affirme Edmond Cole. Quelque 3 millions Sierra Leonais sont appelés aux urnes le 24 juin. Le président Julius Maada Bio est candidat à sa réélection.