Madagascar: Audition publique de l'ANMCC - La majorité des participants contre le droit additionnel de 32%

L'autorité nationale chargée des mesures correctives commerciales a organisé hier une audition publique. Elle portait sur le droit additionnel de douane de 32% sur l'importation de lait concentré.

L'application de la taxe supplémentaire sur le lait concentré a été au centre des débats hier. Il s'agit de l'audition publique organisée par l'Autorité nationale chargée des mesures correctives commerciales (ANMCC) à leur siège à Antanimena où la mesure de sauvegarde provisoire qui prend la forme d'un droit additionnel au droit de douane ad valorem de 32% de la valeur CAF a été discutée.

Elle a vu la participation de la société civile, les consommateurs, les exportateurs, les importateurs et la branche de la production nationale représentée par Socolait. Cette dernière a présenté à l'assistance les raisons pour lesquelles elle a demandé la mise en place de cette mesure de sauvegarde. Durant son intervention, Andry Rasoarahona, responsable de la relation externe du groupe BASAN a expliqué à l'assistance que l'augmentation massive du volume des produits importés a gravement affecté la production locale.

Face à cette situation, les anciens propriétaires de Socolait ont formulé il y a trois ans auprès de l'ANMCC une demande d'application de mesure antidumping sur les produits importés. L'enquête a été ouverte le 25 avril 2019 et a été menée de manière diligente par l'ANMCC mais pour diverses raisons, le processus n'a pas abouti.

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Ayant été confrontés à une situation de plus en plus difficile, les responsables actuels de Socolait ont re-sensibilisé les autorités sur l'importance et l'urgence de procéder à la protection de la filière laitière et à la production locale puisqu'elle a un impact positif important sur l'économie locale. De l'autre côté , les consommateurs contestent cette demande de mesure antidumping sur le lait concentré puisqu'ils seront contraints de se rabattre sur les produits locaux dont la qualité laisse à désirer. « Le choix des consommateurs sera forcément limité à cause de cette mesure puisque la production nationale n'arrive pas à satisfaire les demandes.

Notre pouvoir d'achat sera sûrement impacté par le manque de concurrence. Une éventuelle hausse de prix du lait concentré n'est pas du tout écartée », selon Eugène Ratsimbazafy , président de l'association défendant les droits des consommateurs , VOMZM. Les consommateurs présents à cette audition publique ont également émis des doutes sur la qualité des produits locaux qui, selon eux, sont additionnés de lait en poudre.

Des doutes qui ont été vite éclaircies par Andry Rasoarahona où il a présenté les avantages nutritionnels de l'utilisation de lait frais comme matière première dans la fabrication du lait concentré plutôt que d'utiliser l'huile végétale comme ingrédient principal. Mais pour les consommateurs c'est clair, ils ne font pas de distinction entre les sources ou provenance du lait concentré puisque les produits importés et ceux fabriqués localement sont presque identiques en termes d'utilisation finale mais la différence réside au niveau du prix et de la qualité.

Consolidation

A titre de rappel , l'objectif de cette audition publique est de regrouper dans un même endroit que ce soit en ligne ou dans la salle les parties intéressées à l'enquête de sauvegarde depuis le 11 février concernant les importations de lait concentré. « Tous les renseignements recueillis jusqu'à maintenant de la part des différentes parties intéressées seront consolidés afin que la mesure de sauvegarde soit prise, en considérant le public. L'aboutissement final du processus c'est de pouvoir considérer tous ces éléments afin que la prise de décision finale à la fin de cette enquête soit l'application sans modification de la mesure provisoire , soit sa modification ou son annulation complète », selon Barthélémy, directeur général de l'ANMCC.

Il a également souligné que l'application de cette taxe est encore à l'étude. Selon toujours ce responsable, l'effectivité du droit additionnel de douane de 32% dépendra de l'analyse des éléments qu'on aura reçus suite à cette audition publique. La prochaine étape portera sur la rencontre intergouvernementale des pays importateurs et exportateurs de lait concentré dont Madagascar, l'Indonésie et la Malaisie tout en sachant que 99% des produits de lait concentrés importés proviennent de ces deux pays.

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