Dakar — Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a déclaré s'être entretenu mercredi avec le chef de l'Etat sénégalais Macky Sall sur la situation politique qui prévaut au Sénégal après les manifestations violentes qui ont secoué le pays à la suite de la condamnation, à deux ans de prison, de l'opposant Ousmane Sonko.
"Je me suis entretenu aujourd'hui au téléphone avec le président Macky Sall. Nous avons discuté de la situation politique au Sénégal", a déclaré le secrétaire d'Etat américain sur son compte Twitter.
Lors de sa conversation téléphonique avec le chef de l'Etat, le chef de la diplomatie américaine a présenté ses "condoléances pour ceux qui ont été tués lors des récents troubles". Washington a aussi "réitéré son soutien au peuple sénégalais et aux valeurs démocratiques".
L'opposant Ousmane Sonko, poursuivi en justice pour viol et menaces de mort sur la jeune dame Adji Sarr, a été condamné le 1er juin par la chambre criminelle du tribunal de Dakar à deux ans de prison ferme pour "corruption de la jeunesse". La juridiction lui a aussi infligé une amende de 600.000 francs CFA.
Dans la foulée de la condamnation du principal opposant au régime en place, de violentes manifestations ont éclaté à Ziguinchor (sud), ville dont il est le maire, à Dakar, et dans une moindre mesure dans d'autres villes du pays.
Les manifestants protestaient contre la menace d'inéligibilité que cette condamnation fait planer sur la tête du leader de Pastef-Les patriotes, candidat déclaré à l'élection présidentielle de 2024. Après la décision rendue par la chambre criminelle, Me Djiby Diagne, l'un de ses avocats, a déclaré que "la candidature d'Ousmane Sonko est hypothéquée".
Samedi, le ministre de l'Intérieur, Antoine Diome, a déclaré que 15 personnes avaient été tuées au cours des violentes manifestations survenues entre jeudi et vendredi.
Dimanche, le ministère de l'Intérieur a annoncé un nouveau décès causé par les émeutes.
Antoine Diome a par ailleurs fait état d'une infiltration des manifestants à Dakar et dans d'autres régions.
La Police nationale a révélé que quelque 500 manifestants, dont des mineurs et des étrangers, ont été interpelés jeudi et vendredi dans plusieurs régions du pays, au cours des manifestations survenues après le verdict du procès Ousmane Sonko-Adji Sarr.
"Cinq cent personnes ont été appréhendées aux cours des manifestations. Parmi elles, il y a des mineurs et des étrangers. Ces individus étaient [...] armés et dangereux", a déclaré le commissaire divisionnaire Ibrahima Diop, directeur de la sécurité publique.