L'Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) a changé de visage depuis le 1er juin dernier.
En effet, suite au verdict prononcé dans l'affaire opposant l'ex-masseuse Adji Sarr à Ousmane Sonko, des tensions ont éclaté au sein de ce temple du savoir. Pr Moussa Baldé, Ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation (Mesri) s'est rendu, hier, sur place pour faire l'état des lieux avec les acteurs de l'université.
Six jours plus tard, rien n'a changé à l'Ucad. Ce puits du savoir affiche le même visage hideux. Véhicules complètement réduits en cendres, bâtiments noircis par la fumée, débris de verres. Tel est le décor qu'offre chaque lieu visité, hier, par le Ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation (Mesri) en compagnie du Recteur et du Directeur du Centre des oeuvres universitaires de Dakar (Coud).
Le premier constat est fait au chapiteau de la Faculté des sciences juridiques et politiques (Fsjp). Il est complètement calciné. Il ne reste que de la ferraille et des débris de verres. Un rapide coup d'oeil et quelques explications du Recteur Ahmadou Aly Mbaye permettent au Ministre Moussa Baldé de prendre note.
La visite se poursuit à la Faculté de médecine, de pharmacie et d'odontostomatologie. Autre lieu, même ravage. Des carcasses de voitures, des tas de paperasses carbonisés ainsi que des débris de verres campent le décor. Il en est de même pour la Faculté des lettres et sciences humaines et la Faculté des sciences économiques et de gestion (Faseg). Le Centre d'études des sciences et techniques de l'information (Cesti) n'a pas été épargné par les remous. Des images peu reluisantes.
« Nous avons constaté, avec désolation, l'image de l'université. Il y a aussi des destructions à l'Université Assane Seck de Ziguinchor. Les autres universités ont été préservées en termes de destruction. Ce sont des gens qui avaient pour objectif de mettre l'université sénégalaise à genou. Ils voulaient bloquer l'Ucad qui est un symbole pour le Sénégal et pour l'Afrique. Ils avaient pour but de mettre ce symbole à terre », a regretté le Ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation.
Ce dernier assure que l'université sera résiliente et va continuer à marcher sur pied. « J'instruis tous les Recteurs de voir, avec le personnel académique et les collègues, comment s'employer à faire reprendre les cours le plus rapidement possible », exhorte-t-il en affirmant que des enquêtes seront ouvertes.
Le recteur annonce une plainte
Le Pr Ahmadou Aly Mbaye est revenu sur l'étendue des dommages. « Nous avons pu nous rendre compte que la quasi-totalité du parc roulant de l'université a été mise à genoux. Il n'y a pratiquement plus de bus », a fait savoir le Recteur. Selon lui, une bonne partie des amphithéâtres a été rendue indisponible. Les archives des personnels administratifs et enseignants, a ajouté le Pr Ahmadou Aly Mbaye, ont été brûlées ainsi que celles des étudiants, en particulier à la Faculté de médecine et à la Faculté de lettres.
Il informe que le comptage des dommages subis est en cours et des chiffres exacts sur l'état des dommages vont être donnés en temps opportun. « Une plainte a aussi été déposée pour identifier les responsables et les coupables », annonce le Recteur de l'Ucad.
La visite des lieux a pris fin à la direction du Coud. Le Directeur Maguette Sène a profité de l'occasion pour énumérer les pertes. Il parle de la direction qui a été incendiée et pillée. « Les bureaux de nos collaborateurs ont été saccagés. Il en est de même de la salle Oumar Pène qui a été saccagée et rendue hors d'usage. Les huit bus pour le personnel ont été incendiés », liste-t-il.
Ces actes montrent, selon M. Sène, une intention de mettre l'université à genoux. « Les auteurs n'ont pas réussi. L'université va continuer à rester debout. Le Sénégal va continuer à rester debout », rassure ce dernier.