Madagascar: Inflation - Les remèdes proposés par le FMI

Les services du Fonds Monétaire International (FMI), qui ont effectué dernièrement une mission à Madagascar dans le cadre la quatrième revue de la facilité élargie de crédit (FEC), ont donné quelques pistes de solutions pour faire face aux pressions inflationnistes qui continuent de menacer l'économie malgache. La mission à Madagascar menée par Frédéric Lambert, dans son rapport, a noté que la croissance économique devrait se situer autour de 4,0% en 2023, avec d'assez fortes pressions inflationnistes.

Les services de l'institution de Bretton Woods estiment que divers facteurs comme les chocs exogènes, dont la guerre en Ukraine et les impacts toujours présents de la crise pandémique, les conséquences des cyclones et la situation des échanges commerciaux sont, entre autres, les facteurs qui maintiennent les pressions inflationnistes.

« Après un rebond de 5,7% en 2021, la croissance devrait ralentir à 4,0% en 2022 et 2023, en partie à cause des perturbations liées aux conditions météorologiques, les difficultés du secteur de la vanille, et des incertitudes sur la croissance mondiale. Les pressions inflationnistes continuent de s'accumuler et la dépréciation de l'ariary par rapport au dollar américain s'est accélérée en 2022, malgré les interventions de la Banque centrale (BFM) », ont aussi expliqué les services du FMI.

Ciblage des taux d'intérêt

Dans ce contexte, le FMI estime que la meilleure solution pour lutter contre la flambée des prix est d'accroître la transparence budgétaire et de renforcer la gouvernance des finances publiques. « Des efforts supplémentaires pour augmenter les recettes, réduire les risques budgétaires, améliorer la gestion des finances publiques et renforcer les filets de sécurité sociale sont nécessaires », selon cette institution qui, pour rappel, est parvenue à un accord avec Madagascar sur la quatrième revue de la facilité élargie de crédit (FEC) le 19 mai 2023.

L'accord permettrait le décaissement de 24,44 millions de DTS (environ 32 millions de dollars) à Madagascar pour couvrir les besoins de financement extérieur et budgétaire. Le programme de 40 mois appuyé par la FEC soutient la reprise de Madagascar après la pandémie et fournit un financement pour préserver les dépenses prioritaires.

Par un appui au développement des capacités et des conseils stratégiques, il vise à aider les autorités dans leurs efforts pour renforcer la stabilité économique et, par conséquent, de mieux faire face à la spirale inflationniste. Le rapport de mission note également que les performances du programme FEC au cours du second semestre 2022 restent mitigées.

Trois des cinq objectifs macroéconomiques quantitatifs ont été atteints. Le plancher des avoirs extérieurs nets de la banque centrale a été manqué de peu. Le critère de solde primaire intérieur a été plus largement dépassé à fin décembre principalement en raison de la faible collecte des taxes douanières pétrolières et ce, malgré les efforts des autorités pour contenir les dépenses.

Pour ancrer la stabilité économique, générer une croissance plus forte, durable et inclusive, et mieux maîtriser la hausse des prix, le FMI encourage les autorités à réduire davantage les risques budgétaires, à améliorer la transparence et la gouvernance budgétaires, à renforcer les filets de sécurité sociale et à améliorer le cadre de la politique monétaire.

Pour ce faire, le Fonds rappelle l'engagement des autorités à revenir à la discipline budgétaire afin d'augmenter l'espace budgétaire indispensable pour financer davantage de dépenses propices à la croissance. Le FMI attend également que soit reconsidérées dans la prochaine loi de finances certaines mesures fiscales « distortives » introduites dans le budget 2023, telles que la taxe de sortie sur l'exportation de minerais non renouvelables.

Une réduction les délais de règlement des litiges fiscaux, une amélioration de l'exécution des dépenses sociales et d'investissement et une annulation systématique des crédits non utilisés à la fin de chaque exercice budgétaire et un meilleur contrôle de la gestion des entreprises publiques, notamment la compagnie nationale d'eau et d'électricité Jirama, sont aussi demandées.

Enfin, le FMI a noté que dans le contexte d'une inflation élevée, la politique monétaire doit se concentrer sur la stabilité des prix. La banque centrale est, dans ce cadre, appelée à poursuivre sa transition vers un nouveau cadre de politique monétaire de ciblage des taux d'intérêt. « La réussite de cette transition nécessite un renforcement de la communication de BFM afin de mieux ancrer les anticipations des agents économiques, et une réaffirmation de son indépendance ».

AllAfrica publie environ 600 articles par jour provenant de plus de 110 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.