Dakar — Les violences politiques survenues au Sénégal du jeudi 1er au samedi 3 juin ont fortement endommagé les chaînes de distribution des marchandises, a déclaré le secrétaire exécutif de l'Union nationale des commerçants et industriels du Sénégal (UNACOIS-Jappo), Ousmane Sy Ndiaye.
"Ce que nous avons constaté, c'est que toutes les chaînes de production, de distribution et de service ont été fortement endommagées", s'est alarmé M. Ndiaye dans une interview donnée à l'APS.
"A ce stade, a-t-il poursuivi, il est difficile pour nous d'évaluer tous les dégâts. Ce que nous ne pourrons jamais évaluer à sa juste valeur, ce sont les pertes humaines que notre pays a enregistrées. C'est cela qui fait surtout mal."
Ousmane Sy Ndiaye ajoute, en parlant des régions les plus affectées, que "toute les chaînes de distribution des régions de Dakar et de Ziguinchor ont été fortement endommagées, du gros au détail". "C'est un volume de transactions s'élevant entre 50 et 100 milliards de francs CFA."
Les violences ont fait 16 morts, des centaines de blessés et d'impôts dégâts matériels, selon un bilan du ministère de l'Intérieur.
M. Ndiaye estime que "les préjudices matériels que le secteur informel a subis sont difficiles à évaluer".
Des services de l'Administration publique, des banques, des infrastructures routières, des mairies, des infrastructures universitaires, des voitures et d'autres biens publics ou privés ont été pillés, saccagés ou incendiés lors des manifestations survenues après la condamnation d'Ousmane Sonko à deux de prison ferme pour "corruption de la jeunesse".
Cette peine est susceptible d'empêcher l'opposant et maire de Ziguinchor (sud) de se présenter à l'élection présidentielle de 2024, à laquelle il s'est déclaré candidat.
Les pertes subies par le secteur privé sont d'autant plus difficiles à évaluer que les acteurs économiques de "notre pays sont majoritairement informels", a souligné le secrétaire exécutif de l'UNACOIS-Jappo. Selon lui, c'est valable pour le commerce, l'artisanat, les transports, les services, etc.
"A ce stade, a ajouté M. Ndiaye, il est difficile de dresser un bilan précis mais il est incontestable que le pays vient de perdre plusieurs milliards de francs CFA. Ce sont plusieurs centaines de milliards que le secteur privé vient de perdre."
"Le bilan est forcément très lourd, si on tient compte également du préjudice subi et des difficultés vécues par le secteur bancaire", a-t-il dit.
Le secteur privé doit toutefois se battre pour sortir des difficultés engendrées par les violentes manifestations, a laissé entendre Ousmane Sy Ndiaye. "Cela ne va pas être facile mais nous allons continuer à nous battre. Ces événements sont survenus au moment où nous sommes en pleine relance économique, puisque nous sortons de la crise sanitaire", a-t-il souligné en parlant de la pandémie de Covid-19.
"Ce sera une relance aussi difficile que les événements que nous avons vécus mais nous estimons que notre pays a des ressorts suffisamment solides pour se relever et continuer sa marche", a assuré M. Ndiaye.
Devant la crise à l'origine des violentes manifestations, "la posture du secteur privé est surtout une posture de neutralité, qui rappelle à tous les protagonistes que l'entreprise ne doit être la victime ou la cible d'agressions de toutes sortes", a-t-il précisé.
"Il faut qu'on arrive à dissocier les événements politiques de la préservation de l'outil de production et des biens publics, qui sont le fruit du travail des Sénégalais, y compris les acteurs du secteur privé", a soutenu le secrétaire exécutif de l'UNACOIS-JAPPO, l'une des principales associations d'opérateurs économiques du pays.
"Ce sont des événements que nous avons très mal vécu. Ce sont des événements qui confirment que nous avons encore des défis importants à relever", a-t-il ajouté en parlant des violentes manifestations et leurs conséquences.
Il invite les Sénégalais à "se serrer la ceinture" à préserver "la cohésion nationale nécessaire pour faire face à tous les défis qui se dressent devant nous".