Alors que l'Ethiopie continue de recevoir de réfugiés, le déficit de financement entrave la réponse aux besoins critiques surtout des réfugiés somaliens, a averti jeudi le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HRC).
Deux mois après le lancement d'un appel inter-agences pour aider les réfugiés somaliens fuyant vers l'Ethiopie depuis février, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés et ses partenaires humanitaires n'ont reçu que 2 % des fonds alloués pour des besoins s'élevant au total à 116 millions de dollars. Selon l'agence, le manque de nouveaux fonds entrave sérieusement la réponse sur le terrain, alors que de plus en plus de personnes arrivent dans le pays chaque jour.
« Nous sommes au bord d'une crise qui entraînera de nouvelles souffrances humaines si nous ne parvenons pas à apporter le soutien nécessaire à cette région », a déclaré dans un communiqué, Mamadou Dian Baldé, le Représentant du HCR en Ethiopie.
Cette alerte du HCR intervient alors que ce pays de la Corne de l'Afrique est confronté à de multiples situations d'urgence. Avec les nouveaux déplacements et les souffrances causées par les sécheresses ravageuses, Addis-Abeba s'efforce de répondre aux besoins toujours croissants des personnes déplacées à travers le pays.
Plus de 100.000 Somaliens ont fui les récentes violences au Somaliland
L'ONU estime à 100.000 le nombre de personnes qui ont fui le conflit et la violence en cours dans leur foyer à Lascanood, une ville autrefois très animée de la région du Somaliland en Somalie. Des familles, des femmes, des enfants, des personnes âgées et des personnes handicapées ont fui avec seulement ce qu'ils pouvaient porter après que des bombardements et des explosions ont détruit leurs maisons et les ont forcés à se réfugier dans la zone de Doolo, en Éthiopie.
Sur place, plus de 20.000 réfugiés somaliens ont été relocalisés sur un nouveau site à Mirqaan, où des services tels que la distribution d'eau, des abris d'urgence et des installations sanitaires sont fournis. Mais avec des ressources limitées, des lacunes sont déjà visibles.
Le HCR craint que, sans une aide urgente, les conséquences pour les réfugiés et leurs hôtes soient catastrophiques. « Les ressources sont tout simplement insuffisantes pour fournir une aide humanitaire et garantir des solutions pour la population », a ajouté M. Baldé.
Dans les nouveaux camps, l'approvisionnement en eau est sérieusement limité par les coûts de carburant des camions. Et l'agence onusienne estime que les ressources actuelles ne dureront que quatre mois.
L'Ethiopie accueille maintenant près d'un million de réfugiés
Même aujourd'hui, les réfugiés ne peuvent recevoir que 10 litres d'eau par personne et par jour, ce qui est inférieur à la norme de 15 litres. Seuls 30 % des abris nécessaires sont disponibles, laissant certaines familles dans des installations surpeuplées ou dormant à la belle étoile dans les communautés locales.
La distribution de nourriture sera limitée à certains endroits en raison de la pénurie de carburant, et l'éducation ne sera pas accessible à de nombreux enfants en raison de la capacité limitée des salles de classe où les enseignants sont déjà débordés.
L'aide aux réfugiés hébergés dans les communautés hôtes a été également réduite. Selon le HCR, une pénurie accrue d'articles et de services essentiels pourrait avoir des conséquences catastrophiques pour la coexistence pacifique et la stabilité de la région.
A noter qu'avec l'afflux récent signifie que l'Ethiopie accueille maintenant près d'un million de réfugiés, mais sa générosité n'a pas été compensée par un financement suffisant. « Le HCR continue d'appeler la communauté internationale à soutenir les milliers de réfugiés somaliens qui ont déjà souffert du conflit et de la violence. Nous ne pouvons pas les oublier ni oublier les communautés généreuses qui ont ouvert leurs portes », a fait valoir M. Baldé.