Afrique: Le réseau North Business Angels à Bizerte - Des investisseurs de proximité au service de l'innovation

A Bizerte, l'Angel Business Club ouvre les portes à un particulier pour investir son capital personnel dans des start-up et/ou des entreprises innovantes à fort potentiel.

Dans l'objectif de rassembler des investisseurs et des acteurs de la région de Bizerte, qui partagent avec les entreprises et start-up innovantes les mêmes idées et les mêmes valeurs, le Coworking Business Center de Bizerte (CBC Bizerte) a organisé mardi 06 juin, en partenariat avec 1Kub, incubateur inclusif dédié à l'entrepreneuriat féminin, un séminaire dédié au lancement de North Business Angels, un réseau d'investisseurs, de chefs d'entreprise, de managers, de cadres et d'experts réunis et animés par une ambition de créer de la valeur.

L'événement, qui a été marqué par la présence d'un groupe d'investisseurs, consultants et experts issus de divers domaines, outre des jeunes de la région, vise à développer la notoriété et la visibilité du club auprès du tissu économique bizertin pour propager la culture du Business Angel dans la région.

Accompagner le décollage des start-up

A l'ouverture des travaux de ce séminaire, Osswa Dridi, conseillère développement au CBC, n'a pas manqué de rappeler que ce parcours d'entrepreneuriat a commencé au sein du CBC après la pandémie liée au Covid-19, avec comme objectif principal d'accompagner les porteurs de projets, notamment les étudiants de la région de Bizerte, pour la réalisation de leur start-up, projet ou entreprise.

%

« Le CBC accompagne les premières années de « décollage » des start-up et des entreprises innovantes, à fort potentiel de croissance. Notre objectif n'est pas d'apporter un financement matériel aux entrepreneurs et aux startupeurs, mais plutôt d'apporter notre expérience et nos réseaux personnels, car c'est cette phase de maturation qui représente le vrai challenge pour chaque entreprise ou start-up », a-t-elle souligné, dans une déclaration accordée au quotidien La Presse.

Dans ce même cadre, Dridi a ajouté que cet événement a réussi à rassembler les différents investisseurs et acteurs de la région, qui croient dans le potentiel de la ville et dans la capacité des entreprises et des start-up à impacter et à enrichir notre écosystème.

« C'est pour cette raison qu'on a décidé, aujourd'hui, d'unir nos efforts, d'offrir nos expertises, notre savoir-faire, nos carnets d'adresses..., pour soutenir les entreprises et start-up innovantes qui ont un potentiel économique avéré, le tout dans l'objectif de préparer le terrain aux futures générations pour leur offrir un avenir meilleur », a-t-elle encore précisé, tout en ajoutant que cette action devrait être dupliquée dans les différentes régions du pays, vu son importance en tant qu'outil efficace pour la croissance et la durabilité de notre écosystème régional et national, grâce notamment à une communauté solide et collaborative.

Un modèle réussi à prendre en exemple

Pour sa part, Mondher Achour, conseiller financier principal auprès de Fsvc (Financial services volunteer corps), nous a précisé que Fsvc est une ONG américaine basée à New York et mandatée par l'ambassade des États-Unis en Tunisie pour gérer des fonds, à l'instar de "Impact Finance". Il s'agit, en fait, d'un programme qui propose des missions de conseils et de renforcement des capacités au profit des organismes d'appui aux PME et d'opérateurs financiers afin de favoriser un meilleur accès au financement des PME tunisiennes.

A une question sur l'objectif de ce séminaire, Achour a affirmé que les bailleurs de fonds, tout comme les professionnels, ont remarqué qu'il existe un maillon faible dans le financement des entreprises pendant leur création. Il s'agit, en fait, d'un problème international qui touche toutes les entreprises et les start-up durant leur création. Et ailleurs, ce problème a été résolu grâce aux clubs de Business Angels.

« Donc, nous ne sommes pas en train d'inventer la roue, mais on est en train de copier ce qui existe, bel et bien, dans le monde. Il s'agit d'un modèle réussi qui a prouvé son efficacité... A ce niveau-là, les chiffres ne manquent pas et ils sont même frappants. A titre d'exemple, aux États-Unis, il existe plus de 400 mille Business Angels, contre 40 mille en Angleterre, 4 mille en France, 400 en Italie..., et seulement cinq en Tunisie », a-t-il précisé.

Mondher Achour a ajouté que l'efficacité de ce dispositif n'est pas à prouver : « Forts de ce constat, les bailleurs de fonds nous ont mandatés pour créer quelques clubs de Business Angels en Tunisie. Aujourd'hui, on a réussi à rassembler les différentes parties prenantes autour de la même table pour le bien de leur communauté et de leur région. De cette manière, ce programme sera capable de combler le maillon le plus faible de la chaîne de financement en copiant ce qui existe à l'étranger.

Et le plus surprenant dans tout cela, ce sont les investisseurs et les hommes d'affaires des régions qui vont financer des affaires dans leur région. Donc, l'argent va provenir de la région pour la région... Autrement dit, il y aura un chèque, qui part d'un investisseur de la région vers une start-up de la région, ce qui est en soi une réussite... On s'attend qu'il y aura trois ou quatre chèques par an. Il suffit d'insister sur le caractère régional et de l'ancrer dans les régions... Aujourd'hui, on vient de semer la première graine et on attend les projets pilotes pour mettre des start-up en contact avec des investisseurs de la région pour faire ce matchmaking », a-t-il expliqué.

L'accès au capital-risque au rendez-vous

Un avis partagé par maître Jean François Pelland, Business Angel & avocat, membre de « Ange Québec », Canada, qui a affirmé qu'en comparaison à l'Europe et à l'Amérique du Nord, la Tunisie est aujourd'hui en adéquation avec ce qui se passe dans l'écosystème des start-up. Mais comme tout écosystème, on a besoin d'avoir en main la clé de la pièce manquante pour tout début réussi. « Après avoir épuisé ses fonds propres et ceux de ses amis, le startupeur doit avoir accès au capital-risque et autres sources de financements pour la continuité de son projet et pour le faire avancer.

C'est dans ce cadre-là que les Business Angels ont été lancés en Amérique depuis presque une trentaine d'années. En regroupant les investisseurs instantanés, on a un processus mieux organisé, on réduit les risques de perte et de faillite et on finit par avoir de meilleures opportunités avec un guichet unique à qui on pourrait s'adresser pour trouver les liaisons nécessaires et les investisseurs intéressés par leur projet », nous a-t-il déclaré.

Pelland a ajouté qu'aujourd'hui on va dupliquer cette expérience en Tunisie pour essayer de déboucher ce bonheur qui doit être fait dans toutes les régions et exploiter tout le potentiel qui y existe, entrer dans une nouvelle ère plus moderne..., pour avoir à terme un écosystème plus efficace et plus innovant.

Connecter les différents besoins...

Après avoir présenté l'écosystème des start-up en Tunisie et ses différentes opportunités, Meriem Sellami, représentante Smart Capital, a indiqué : «On est présent, aujourd'hui, pour soutenir North Business Angels, dans le cadre du « Halo », qui est un projet mis en oeuvre par Smart Capital en partenariat avec Spark, et financé par l'Union européenne, dans le cadre du programme « De l'innovation à la création ». Grâce à cette initiative, d'autres réseaux ont été créés dans les régions et aujourd'hui, on vise à mettre en place l'infrastructure nécessaire pour pouvoir catalyser l'investissement de Business Angels dans l'écosystème tunisien des start-up ».

Et d'ajouter: « Aujourd'hui, notre rôle c'est de pouvoir aider ces réseaux à recruter, mais aussi à exécuter des affaires plus rapidement en leur fournissant un programme de «capacity building » qui a pour objectif d'accompagner les responsables pédagogiques et les responsables d'institutions académiques à concevoir des contenus de très haute qualité, afin de soutenir efficacement la formation professionnelle et la formation tout au long de la vie ».

Dans ce même cadre, Sellami nous a annoncé que l'appel à candidature a été lancé le 08 juin pour pouvoir rejoindre cette aventure. Il y aura aussi trois autres axes. Le deuxième, c'est le match-making du business Angeles avec les réseaux internationaux locaux, avec les start-up, avec les structures d'accompagnement de start-up...

Il y a aussi un axe d'assistance légale et technique pour les Business Angels qui ont besoin d'assistance pour la valorisation, la négociation, la phase de contractualisation des offres d'investissement...

Le quatrième axe qui sera mis en place d'ici à la fin de l'année, c'est une subvention pour les start-up qui ont levé auprès de Business Angels.

« L'objectif derrière cette présence et cette participation, c'est surtout de pouvoir connecter les besoins de ces futurs investisseurs et ceux de Business Angels qui veulent rejoindre le réseau. C'est de voir comment on peut les aider, de notre côté, pour que toute l'opération se passe de la manière la plus optimale pour arriver vraiment à conclure des affaires... Les start-up sont là, elles ont besoin de l'argent et les Business Angels sont aussi là et veulent investir.

Donc, l'idée, c'est de boucler la boucle d'une manière rapide et efficace », a-t-elle encore souligné, tout en précisant que les sources de financement de start-up vont dépendre du stade auquel elles sont arrivées, mais le financement en soi n'est pas un obstacle, c'est un challenge pour la start-up.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.