Sénégal: Manifestations violentes - Un livre blanc annoncé pour 'donner la part de vérité' du gouvernement

Dakar — La ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l'extérieur, Aissata Tall Sall, a annoncé, jeudi, la publication d'un livre blanc destiné à "donner la part de vérité du gouvernement sur les récents évènements" survenus à travers le pays, en particulier à Dakar et Ziguinchor, et lors desquels seize personnes ont été tuées et des biens publics et privés brûlés ou saccagés.

"Le gouvernement a pensé éditer un livre blanc sur les évènements. Le livre vous sera distribué et chacun d'entre vous, à tête reposée, pourra le lire et le confronter avec les éléments qu'il détient par rapport à tout ce qui s'est passé avec sa propre conviction, pour se faire lui-même une religion à partir de ce que le gouvernement dira", a-t-elle-déclaré lors d'un point de presse en présence de plusieurs ambassadeurs en poste à Dakar.

L'objectif de cette rencontre était de donner la version du gouvernement du Sénégal sur les violentes manifestations qui ont éclaté jeudi et vendredi dernier dans certaines villes du pays et dont Dakar et Ziguinchor ont été les épicentres.

"Le Sénégal est un pays d'ouverture, de transparence et de vérité. L'ouverture veut que nous parlions à la communauté internationale. La transparence veut que nous disions exactement ce qui s'est passé et la vérité veut que nous puissions échanger, chacun donnant l'information à l'autre pour que nous puissions ensemble savoir, comprendre et apprécier ce qui s'est exactement passé", a-t-elle-expliqué.

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Elle a rassuré l'ensemble des représentations diplomatiques présentes au Sénégal sur les dispositions prises par le gouvernement pour assurer la tranquillité des personnes et des biens aussi bien des Sénégalais que des étrangers vivant au Sénégal.

"Le gouvernent a rétabli l'ordre et va continuer à rétablir l'ordre, mais il va surtout continuer à assurer la tranquillité des personnes et des biens aussi bien des Sénégalais ainsi que des non Sénégalais vivant au Sénégal. Il protégera aussi bien les institutions du Sénégal ainsi que les institutions internationales implantées au Sénégal", a-t-elle insisté.

Aissata Tall Sall a "rappelé que des procédures judiciaires sont ouvertes afin de situer la matérialité de ce qui s'est exactement passé mais ensuite pour engager la responsabilité de tous ceux qui ont été à la base de ces graves faits et évènements qui se sont produits".

Prenant la parole en mage de cette rencontre, l'ambassadeur du Cameroun au Sénégal, Jean Koe Ntonga, "a condamné avec fermeté les actes de violences et a déploré les nombreuses pertes en vies humaines et les dégâts matériels".

Le doyen du corps diplomatique du Cameroun "a manifesté sa préoccupation par rapport à la dégradation de la vie socio-politique sénégalaise qui a atteint son paroxysme, menaçant la stabilité et la sécurité des personnes et des biens".

Jean Koe Ntonga "s'est félicité de l'ouverture du dialogue national qui réunit les membres du pouvoir, de l'opposition et de la société civile", demeurant convaincu que "ces pourparlers déboucheront sur des décisions devant permettre la réconciliation et la tenue de façon pacifique de l'élection présidentielle au Sénégal, un havre de paix et une référence dans le continent", selon lui.

Cette sortie de la ministre des Affaires étrangères intervient au lendemain de l'annonce mercredi par le président de la République, Macky Sall, de "l'ouverture d'enquêtes judiciaires immédiates et systématiques pour faire la lumière sur les responsabilités" liées aux manifestations qui ont secoué plusieurs villes du pays, en particulier les régions de Dakar et Ziguinchor à la suite de la condamnation, le 1er juin dernier, de l'opposant Ousmane Sonko pour corruption de la jeunesse, dans l'affaire dite Sweet Beauté.

"Devant la gravité sans commune mesure des faits, le Président de la république a réitéré sa détermination à protéger la Nation, l'Etat, la République, ses valeurs, et ses fondements. Il a cet effet ordonné l'ouverture d'enquêtes judiciaires immédiates et systématiques pour faire la lumière sur les responsabilités liées à ces évènements", rapporte le communiqué du conseil des ministres.

L'opposant Ousmane Sonko, poursuivi en justice pour viol et menaces de mort sur la jeune dame Adji Sarr, a été condamné le 1er juin par la chambre criminelle du tribunal de Dakar à deux ans de prison ferme pour "corruption de la jeunesse". La juridiction lui a aussi infligé une amende de 600.000 francs CFA.

Ndèye Khady Ndiaye, la propriétaire du salon de massage où se seraient déroulés les faits jugés, a été condamnée à deux ans de prison ferme pour incitation à la débauche. La chambre criminelle a également condamné Mme Ndiaye à payer une amende de 600.000 francs CFA.

Ousmane Sonko et Ndèye Khady Ndiaye doivent payer solidairement 20 millions de francs CFA de dommages et intérêts à Adji Sarr, une ex-employée de Sweet Beauté, un salon de massage dakarois, selon la décision rendue par la juridiction.

Dans la foulée de la condamnation de M. Sonko, de violentes manifestations ont éclaté à Ziguinchor (sud), ville dont il est le maire, à Dakar, et dans une moindre mesure dans d'autres villes du pays.

Les manifestants protestaient contre la menace d'inéligibilité que cette condamnation fait planer sur la tête du leader de Pastef-Les patriotes, candidat déclaré à l'élection présidentielle de 2024. Après la décision rendue par la chambre criminelle, Me Djiby Diagne, l'un de ses avocats, a déclaré que "la candidature d'Ousmane Sonko est hypothéquée".

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