Thiès — La Croix-Rouge sénégalaise a érigé, jeudi, en collaboration avec les habitants de Petit Thially, des ouvrages provisoires de protection et de drainage des eaux pluviales dans ce quartier de la ville de Thiès, en prélude au prochain hivernage.
Quatre-vingt volontaires de la Croix-Rouge sénégalaise et 45 jeunes du quartier ont participé à l'érection d'une digue de protection, constituée de sacs de sable, ainsi que de drains communautaires, particulièrement à l'endroit où la principale voie d'eau traverse l'école primaire, pour dévier les eaux jusqu'à la cuvette où elles viennent stagner. L'ONG locale Practical Action qui soutient le quartier depuis trois ans, y a aussi joué sa partition.
L'école de Petit Thially a été abandonnée cette année, à cause des eaux pluviales de l'hivernage précédent. Les élèves occupent un local en location, non loin de là.
Ces ouvrages réalisés dans le cadre d'une opération de simulation d'une inondation par la Croix-Rouge, ont consisté en des sillons creusés, des sacs de sable pour permettre le drainage des eaux de ruissellement à travers une voie détournée contournant l'école.
Pour les besoins de cette simulation, un atelier de trois jours s'est tenu avec les services techniques, les sapeurs pompiers, la police, la mairie, sous la houlette du préfet, selon un agent de la Croix-Rouge.
La partie pratique de cette rencontre porte sur les secours et sauvetages des blessés, la réalisation des drains, mais aussi le pompage des lieux envahis par les eaux.
Des équipes médicales sont dépêchées pour apporter les premiers soins, avant de référer, au besoin, les blessés vers les structures sanitaires, ainsi que l'assistance alimentaire par la distribution de vivres ou de cash. L'attribution d'articles non-alimentaires comme les moustiquaires est aussi prévue.
Les populations ont salué ces actions, tout en disant souhaiter une solution définitive qui permettra le retour de leurs enfants dans leur école d'origine. Ce qui passera, selon elles, par une véritable canalisation pour évacuer les eaux en dehors du quartier.
En attendant, certains proposent que les autorités délocalisent une maison construite récemment sur la voie d'eau obstruant l'écoulement des eaux de pluie qui sont détournées vers d'autres habitations.
Le propriétaire est prêt à quitter cette parcelle si elle en reçoit une autre en guise de compensation, rapporte Aliou Diop, dit "Vieux", chargé des relations extérieures du comité de gestion de l'école. Selon lui, la nappe est très proche et par endroits, y compris dans la cour de l'école, l'eau jaillit du sol. Cette eau remplit les fosses septiques, causant des maladies de la peau chez les enfants des maisons les plus touchées. Les gens sont obligés, a-t-il dit, de vider leur fosse "chaque semaine".
La mairie s'est engagée après ces investissements humains, à poursuivre les travaux avec les populations du quartier.
"Au regard des travaux, nous savons que si jamais il y a de fortes pluies, on ne s'attendra pas à des dégâts considérables, ce qui a été noté l'année dernière", déclare Tidiane Sané, chef de service préparation réponse et réduction des risques de catastrophe de la Croix-Rouge sénégalaise.
Un site a été identifié pour la construction d'une nouvelle école, mais, en attendant, grâce aux ouvrages de protection, les enfants pourront provisoirement regagner leur établissement.
Dès qu'il pleut, l'accès au poste de santé devient difficile, a dit Aïta Guèye Faye, une "bajenu gox" (marraine de quartier), qui note une recrudescence des cas de paludisme, du fait de cette situation que vit Petit Thially depuis 2015.
"Selon la cartographie des risques établis par la Croix Rouge sénégalaise, en collaboration avec les autorités territoriales et locales, le quartier de Petit Thially est exposé à des risques d'inondation pouvant occasionner des dégâts considérables sur les moyens de vie des populations", note un document de l'organisation humanitaire.
En 2020, 16 quartiers de Thiès avaient été inondés, affectant près de 8.500 personnes et endommageant 85 maisons.