Cameroun: Voir ou revoir - « Hands » de Frank Thierry Léa Malle

Court-métrage camerounais sorti en 2017, « Hands » pose le problème de la fuite des cerveaux en Afrique, véritable épine pour son développement.

En 2017, Frank Thierry Léa Malle séjourne en Allemagne et en profite pour réaliser son troisième court-métrage, Hands. Un film au titre à la fois très évocateur une fois qu'on l'a regardé, et un peu intrigant si on ne l'a pas encore vu.

Mboe est une brillante chirurgienne qui a quitté son Cameroun natal pour travailler en Allemagne en tant qu'infirmière. Un jour, alors qu'elle accomplit son service, un cas d'urgence se présente et une chirurgie s'avère indispensable pour sauver la vie du patient, un homme d'un certain âge, accompagné par sa fille, tous deux Allemands.

En l'absence de chirurgien, la jeune femme s'occupe du patient et réalise avec succès l'opération. Dans le même temps, une séquence mémorable du film montre Mboe à l'hôpital, abattue par l'annonce du décès de son père au Cameroun.

Frank Thierry Léa Malle joue avec le côté émotif du spectateur en posant un réel problème pour l'Afrique. Sans que ce soit dit, tout a été néanmoins dit. Le jeune médecin a sauvé un père, mais ce n'est pas le sien. L'ironie est cruelle et la séquence d'une puissance significative.

Ce court-métrage, produit par le Goethe-Institut de Yaoundé et FilmArche de Berlin, pose beaucoup de questions au sujet du mirage de l'émigration et de la fuite des cerveaux. C'est triste de voir une chirurgienne qualifiée, qui aurait pu servir sa nation au rang qui est le sien, se soustraire à un poste d'infirmière.

Depuis les années 1980, l'Afrique se vide d'une partie de ses talents à la recherche d'un avenir plus prometteur. Cette migration massive des scientifiques et des experts africains qualifiés demeure l'une des principales problématiques qui entrave la capacité de l'Afrique à innover et à se développer dans le temps.

C'est un fait, l'Afrique ne se développera que par ses fils. Et si ces derniers sont souvent partis, le rêve du développement ne restera qu'une utopie. A travers ce film, le réalisateur camerounais pointe du doigt la responsabilité des dirigeants africains à qui ils incombent de reconnaître et valoriser leurs élites, à mettre en place des politique et des conditions de vie qui non seulement renforcent le patriotisme mais aussi les encourageront à se sentir bien chez eux.

A travers Hands, Frank Thierry Léa Malle laissait déjà entrevoir les prémices de son talent pointilleux en tant que directeur de casting. Et non seulement qu'il réussit à tirer le meilleur de Lucie Nang dans le rôle de la jeune chirurgienne Mboe, le réalisateur camerounais se positionne également à la bonne distance pour bien transmettre l'émotion de la protagoniste du film à travers une prise d'images réfléchie et mesurée.

Scénariste, réalisateur et producteur de film camerounais, Frank Thierry Léa Malle est né en 1987, à Douala. Il a à son actif plusieurs courts-métrages et deux long-métrages qui ont contribué à sa renommée internationale : Innocent(e) et L'accord.

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