Madagascar: Conversion à l'islam - Le « soft power » durant la colonisation

L'islamisation de la Grande Ile bien avant l'arrivée des missionnaires européens. Sans équivoque, elle a laissé un héritage. Les arabisés ont conservé et diffusé bon nombre de rites..

Croyance pour les autochtones, superstition pour les colonisateurs, les rituels dans les zones sacrées ont persisté durant la période coloniale. Au fil du temps, ils endurcissent les coeurs des pratiquants, les encouragent à lutter davantage contre le joug français. Les campagnes, quoi qu'elles soient occupées par les colons, demeurent un siège de la tradition. Dès lors, elles deviennent les lieux de refuge pour les traditionalistes. En effet, s'accrocher à sa culture était aussi une autre façon de revendiquer.

L'historien Gabin Tsilavinjara avance l'adage « fômban-drazana tsy ariagna » littéralement ne pas renoncer à la coutume ancestrale. « Depuis la période de la pacification (1898 - 1905), la restitution des reliques royales marque le retour de la puissance spirituelle et traditionnelle sakalava qui a longtemps été soumise au Royaume de Madagascar. Pour conserver la tradition ancestrale, il faut perpétuer les rituels (tromba, fitampoha, fady), éduquer les enfants, leur raconter les gloires du passé des aïeux dans le but d'empêcher l'influence du mode de vie européen. Ce phénomène crée l'attitude anti-vazaha ». Ainsi, les traditionalistes banissent leurs compatriotes qui fréquentent les temples et les églises.

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Toutefois, dans certaines contrées ont adopté une autre religion monothéiste à part le christianisme. D'après les notables patriotes de l'époque, cette religion qui a vu le jour en occident n'est pas faite pour les autochtones malgaches. Elle va à l'encontre des us-et-coutumes. Tout ce qui porte atteinte à la morale est interdit, fadin-drazana. Par ailleurs, les ampanjaka bemihisatra du Nord-ouest s'en tiennent à leur attachement à l'islam grâce à leur relation avec les Comoriens et les Antalaotra (Arabes) qui, comme les Indiens, figurent parmi les riches de la région.

Les Comoriens, en tant que partie intégrante des groupes sociaux, jouissent de privilèges. Depuis 1912, lorsque l'Archipel de Comores est rattaché à Madagascar, leur nombre augmente, et est renforcé de 1949 à 1951 après le passage des cyclones provoquant des famines dans les îles comoriennes. Cette situation aboutit à des migrations massives à Madagascar, en particulier dans le Nord-ouest. L'administration coloniale accorde des faveurs aux chefs religieux musulmans (les fondy, les cheikhs), ils endossent par exemple le rôle d'espions, de chefs quartiers, voire de chefs de cantons. Exemple typique, ben Issa Salim qui est le premier gouverneur comorien (1954-1960) de la sous-préfecture d'Analalava.

En revanche, chaque petit village possède une mosquée et une école coranique mitoyennes qui enseignent la morale islamique et surtout une partie de la culture comorienne. « C'est peut-être grâce à ce contexte que la culture musulmane dans le Nord-ouest est restée vivante », ajoute encore l'historien.

Par ailleurs, les guides de la communauté dans la religion musulmane rappellent que les malgaches viennent du Moyen-Orient, et que l'islam est la vrai religion des ancêtres malgaches. C'est de cette manière qu'ils convainquent les habitants locaux à se convertir.

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