Au Soudan, les forces armées du général al-Burhan et celles paramilitaires du Général Hemedti ont accepté le principe d'un cessez-le-feu de 24 heures, a annoncé ce 9 juin 2023 le ministère des Affaires étrangères de l'Arabie Saoudite, pays où se déroule une médiation concernant ce conflit débuté le 15 avril. Un peu plus tôt, ce vendredi, le gouvernement soudanais a annoncé avoir déclaré persona non grata l'émissaire de l'ONU au Soudan, l'Allemand Volker Perthes. Explications.
L'émissaire de l'ONU au Soudan, l'Allemand Volker Perthes, a été déclaré persona non grata par le gouvernement soudanais, qui l'accuse d'avoir une responsabilité dans la guerre. Ce n'est pas la première fois que la junte s'en prend à l'émissaire onusien.
Par cette décision, le gouvernement soudanais répond directement au secrétaire général des Nations unies qui avait décidé de maintenir Volker Perthes en poste. Pourtant, le général al-Burhan avait demandé son remplacement dans une lettre adressée personnellement à António Guterres.
Pour plusieurs observateurs, les militaires soudanais cherchent à affaiblir la mission onusienne pour rester au pouvoir et échapper à la justice. Rappelons qu'ils sont accusés de crimes de guerre au Darfour et, selon ces analystes, ils s'accrochent à leurs postes pour ne pas être jugés.
Or, depuis son arrivée, suite à l'accord de paix de Juba de 2020, l'émissaire de l'ONU s'était attelé à rappeler aux militaires la nécessité de reprendre le processus de dialogue politique avec les signataires dudit accord, ainsi qu'avec les non-signataires.
« Volker Perthes a une vue trop réaliste du Soudan »
À chaque fois que les militaires ont été sous la pression de la communauté internationale pour rendre le pouvoir aux civils, ils s'en sont pris à la mission de l'ONU. Puis, ils ont commencé à ne plus délivrer de visas à ses membres.
La tâche de la mission est désormais plus compliquée, d'autant que Volker Perthes va devoir travailler depuis Nairobi.
Gérard Prunier, spécialiste de l'Afrique de l'Est, souligne par ailleurs au sujet de Volker Perthes : « Cet homme a une vue trop réaliste du Soudan. Il n'est ni pro Burhan, ni pro Hemedti. Mais il voudrait bien voir arrêter la folie qui a commencé le 15 avril. » Et le chercheur de conclure, au micro d'Houda Ibrahim : « Les conséquences, à mon avis, il n'y en aura pas beaucoup. Parce que, à l'heure actuelle, les Nations unies, sur le plan politique, sont un cadavre. Ils ne peuvent plus rien faire du tout. »