Dakar — Le peintre et vidéaste Mohamadou Ndoye, plus connu sous son nom d'artiste "Ndoye Douts, est décédé, jeudi, à l'âge de 50 ans, des suites d'une courte maladie à l'hôpital Dalal Diam de Guédiawaye, a appris l'APS de ses collaborateurs.
L'entrepreneur culturel et commissaire d'exposition Idrissa Diallo informe qu'il a été inhumé à 15 heures, à Diender, commune située dans la zone de Kayar, dans la région de Thiès.
Né en 1973 à Sagalkam, Ndoye Douts a été formé à l'Ecole des beaux-arts de Dakar, où il est sorti major de sa promotion en 1999, avec une spécialité en arts plastiques, option peinture, précise Diallo. Il fut un homme humble et, surtout, généreux, a-t-il témoigné.
L'artiste est très connu dans le milieu des arts au Sénégal comme à l'international pour ses nombreuses expositions et sa sélection à l'exposition internationale de la Biennale de l'Art africain contemporain de Dakar, en 2016.
Depuis plus de vingt ans, Ndoye Douts, qui résidait à la Médina, un quartier populaire situé non loin du centre-ville de Dakar, donnait à voir à travers ses tableaux la capitale sénégalaise, ville grouillante, au rythme trépident et au désordre chaotique.
"Il peignait son environnement, l'espace dans lequel il vit, ce +Ko urbain+ qu'il a pris à bras le corps pour en parler, pour inviter à une réflexion autour du sujet", explique Idrissa Diallo.
Plusieurs des toiles de Mouhamadou Ndoye portent des noms de quartiers de Dakar : Plateau, Djily Mbaye, Mermoz, Yoff, Diamalaye, Fann, Thiaroye, Ngor, etc. Il y décrit son univers, qui est un dédale de ruelles désordonnées, où circulent des véhicules improbables. Cet univers est fait aussi de linge séchant sur les fils, d »antennes de télévision qui griffent le ciel, de numéros de téléphone qui lancent des appels sans réponse, de jouets d'enfants entre ciel et terre.
Chez l'artiste, les habitations s'enchevêtrent, amas des débris du monde et de ses misères, cartons, tôles ondulées, parpaings mal équarris, cases en torchis, rien ne manque pour illustrer l'ingéniosité de l'homme de nos cités sans âmes, lit-on dans une description de son travail sur le site Africiné.
Ndoye Douts, peintre, réalisateur, scénariste, a d'ailleurs réalisé un court métrage d'animation intitulé "Train train Médina" (2001), où il propose une belle réflexion sur l'égoïsme de la civilisation occidentale, soulignée avec force par la qualité de la mise en scène.
L'artiste qui revient d'un voyage professionnel au Japon préparait un projet dans ce sens.