Ile Maurice: Special Striking Team - Le pourrissement d'une section de la police exposé

Vimen Sabapati était troublé depuis la perquisition effectuée chez lui à Vacoas en avril 2021. Il ne comprenait pas la raison pour laquelle il avait été pris pour cible. Il fait appel à ses contacts pour essayer de savoir qui a demandé à perquisitionner sa maison et le but derrière cette opération.

Il rencontrera l'inspecteur S. qui lui dira qu'il a été berné par un de ses coéquipiers, PC J. M., pour aller fouiller la maison de Vimen Sabapati. Ce même inspecteur lui révélera que la drogue retrouvée chez Bruneau Laurette avait été plantée par l'équipe de Jagai. Il lui avouera aussi qu'un fusil retrouvé chez Raquel Jolicoeur n'avait pas été déclaré lors de la saisie des fusils à Beaux-Songes en période de confinement puisque l'ASP Jagai aurait ordonné de «declare ziste trois ladans ramasse deux».

Vimen Sabapati apprendra que PC A., l'ancien chauffeur de l'ancien commissaire des prisons Vinod Appadoo, a recueilli les informations en cherchant les numéros des véhicules qu'il possède à la demande de l'ASP Jagai. Voici une retranscription de quelques extraits chocs des bandes sonores figurant dans une clé USB attachée à l'affidavit juré le 26 mai par cet ex-garde du corps de Navin Ramgoolam.

Conversation dans une voiture entre Vimen Sabapati et PC A. et un autre policier

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«PC M. travaille info lors moi, li pa swear mo warrant li. Li faire PC B. swear mo warrant li avoye PC B. message le 23 mars 2021 swear warrant contre moi ek mo frere. Mo joine are PC B. Li dire moi mo bizin zoine are toi, ene zaffaire important», dira Vimen Sabapati.

Vimen Sabapati, PC A. et un autre policier se rencontrent après la fouille chez lui. Vimen Sabapati l'interroge sur le but de cette fouille et demande s'il y aura encore une fouille sur le Holy Ranch à Trois Mamelles. Il expliquera que c'est l'inspecteur Le P. qui fera la descente car une première fois, cette équipe avait eu des renseignements selon lesquels y avait une livraison et lors de l'opération, il était question d'un Quad.

Vimen Sabapati confiera que le ranch ne lui appartient pas mais qu'il était un simple partenaire en affaires avec un dénommé I. Il leur explique comment PC M. l'a contacté à plusieurs reprises pour lui faire part qu'il y aura une fouille chez lui. PC M. fréquentait son gym à Modern. L'ASP J. a demandé de ne pas perquisitionner sa maison mais l'inspecteur S. a persisté et il est entré. Le PC M. a convaincu son supérieur qu'il venait chercher des armes et de l'argent chez lui.

Vimen Sabapati dira à PC A. qu'après la perquisition PC M. est venu balancer le nom de PC A. comme celui qui avait fourni des informations à son sujet. PC A. révélera que l'ASP J., à l'époque où il était à l'ADSU Western Division, lui avait demandé de chercher les informations au sujet de Vimen Sabapati.

«Bann-la p batter cot toi labas, to pa p conner», lui dira l'ASP J. «Mo demande li kisana Dire toi ena boug appel Vimen to pa conner. Mo pa conne to meme moi, azordi ki mo p conne toi.»

PC A. lui dira que lors de la perquisition il y avait Rs 1,5 million chez lui mais Vimen Sabapati répliquera que cette équipe n'a pas touché une roupie.

Conversation entre Vimen Sabapati et PC A.

Vimen Sabapati veut tirer les vers du nez de PC A. en le faisant avouer que c'est lui qui a fourni les informations sur les plaques d'immatriculation de ses véhicules. Il justifiera l'achat de son Raptor, qui est sur «leasing», véhicule enregistré au nom d'une compagnie pour le business.

PC A. dira qu'il ne sait pas où habite Vimen Sabapati mais qu'il l'a appris lors de son transfert au poste de police de Curepipe. Durant une patrouille, ses collègues policiers lui ont montré sa maison. Vimen Sabapati avouera qu'en rencontrant l'inspecteur S. ce dernier lui a dit qu'il a compris dans quelle sordide affaire il est entré.La fouille n'a duré que 45 minutes et son portable n'a pas été saisi.

Conversation entre PC A. et Vimen Sabapati

PC A. dira avoir agi sous les ordres de l'ASP J. et lui a donné plaque d'immatriculation d'un 4x4 et d'une motocyclette. «Li dire moi ene machine ki roule labas, nek donne moi numero machine la.»

Conversation entre PC A. et Vimen Sabapati

«Mo ene piti mari chanceux dans jouer moi dans casino. Mo capave gagne 4, 5 million dans deux, trois jours.»

PC A. dit obtenir des renseignements à la prison. Il avoue à Vimen Sabapati qu'il avait des informations à l'intérieur de la prison sur la thèse que Franklin et l'ASP J. sont proches. Il dit avoir donné des informations au DCP C. B., à savoir où Franklin cachait son argent et qu'une cargaison allait entrer, mais après quelque temps, il a eu des renseignements que la cargaison était entrée mais qu'aucune opération n'avait eu lieu.

Vimen Sabapati révélera qu'il n'est pas trempé dans le trafic. PC M. lui aurait avoué avoir avoyé un «Integrity Report» à son sujet. Il dira qu'il est en règle avec la MRA.

Vimen Sabapati révèle aussi qu'il joue gros au casino. «Zordi jour L. S. doit Rs 8,5millions. Si mo prend mo reçu mo allé GRA, mo fer so licence sauter sa boss.»

Il dit jouer au football thaïlandais, indien et chinois. Il analyse beaucoup et mise aux alentours de Rs 400 000 à Rs 500 000. «Je ramasse mes gains et je les injecte dans le business.»

Vimen Sabapati et PC A.

Vimen Sabapati dira que cette descente a marqué ses enfants à vie. Il dira aussi qu'il n'est pas d'accord qu'un autre inspecteur de l'ADSU vienne pour une autre fouille. «Inspecteur L. P. gagne la drogue dans touf li, dans chantier vide, jamais arête accuse».

PC A.: «To ena tous renseignement toi.»

Vimen Sabapati : «Mo ena film moi.»

Conversation entre Vimen Sabapati et l'inspecteur S.

Vimen Sabapati demandera à l'inspecteur S. si son coéquipier l'a mené en bateau pour la fouille chez lui. Ce dernier dira qu'il lui a fait confiance. Vimen Sabapati lui demandera :«B boss sa travail cot moi la ti donne ou sa ou ASP J. sa ?»

L'inspecteur S. lui répliquera :«PC M. li travail dans mo l'équipe mais li vine guet mo même. Li cause are ASP J. avant. Sanla dire coreck li capave faire travail la li.»

Inspecteur S. et Vimen Sabapati

L'inspecteur S. expliquera que toute la drogue retrouvée chez Bruneau Laurette appartient à Franklin. «Tousala sorti are Franklin, saki in gagne ene quart la. Li p vine ene problem pou gouvernement. Li p dénonce trop de chose. B Franklin, seki ASP J. dire sa mem.»

L'inspecteur S. et Vimen Sabapati

L'inspecteur S. révélera aussi le modus operandi ayant conduit à la découverte d'une arme sur Raquel Jolicoeur. «Mo alle reconnaitre ene fusil qui so pin in casse barrel. Photo fusil la ti lors Défi.»

Vimen Sabapati et un policier

«Apre Bruneau gagnn trape, mo dir mo pe per pou mo sekirite, mo pena narien a fer. Si bann-la fer fou are moi, mo pou ena element pou substantiate saki mo pe dir.»

Vimen approchera un policier affecté à l'ADSU qui semble être proche de lui. Ce dernier n'hésitera pas à dire qu'il a demandé à PC M. s'il a bien fait d'inciter une descente chez Vimen Sabapati. PC M. a répondu qu'il a tiré Vimen Sabapati d'un plus grand danger.

Il a aussi fait ressortir que les appels téléphoniques de Vimen Sabapati étaient surveillés et ils ont vu plusieurs échanges téléphoniques entre lui et ce dernier peu avant l'arrestation de Bruneau Laurette.

Le policier l'a prévenu que la police voulait les associer dans une affaire de drogue. Vimen Sabapati a justifié ses appels en expliquant qu'il l'avait appelé pour savoir s'il y avait une grande foule lors de la marche à Port-Louis. «Mo ti bizin vehicule docteur.»

Ils ont aussi voulu l'associer avec Bruneau Laurette, le DCP B. à travers plusieurs vidéos. Il a répliqué en disant qu'il ne le connaît même pas et que cette histoire est fausse.

Il s'explique sur le fait qu'il avait de bonnes relations avec PC M. et son frère qui fréquentaient son gym. Il a fait comprendre à PC M. qu'il jouait un mauvais jeu dans cette affaire. Il l'a berné en lui disant : «Li dire moi ene chance bnela pan plante are toi. Bnela ti pou faire loperation Rambo. Lerla mo dire li rode renseignement kisanla kin faire sa are moi. Li dire moi pena probleme. Mo dire li si nous capave joine.»

Quand PC M. l'a rencontré, il lui a avoué qu'il y a un «Integrity Report» à son sujet. «Je lui ai dit que je peux lui montrer des reçus gagnés au foot d'une valeur de Rs 9 millions et que c'est avec cet argent que je me suis acheté ma Range Rover.Si la banque avait des soupçons, elle n'aurait jamais autorisé ces chèques avec d'énormes montants. J'ai dû prendre une lettre avec la compagnie de jeu et la Banque de Maurice qui envoie un rapport afin que la somme soit créditée.»

Le policier lui dit que d'après ses analyses, c'est sa proximité politique avec le Dr Navin Ramgoolam qui les fatigue. Vimen Sabapati avouera avoir échangé son 4x4 pour se procurer une BMW car à la vitesse que roule le Dr Navin Ramgoolam, il ne pouvait pas y continuer avec son Hilux. «J'ai dû changer mon mode de vie.»

Il dit être en règle avec les autorités. Il racontera comment il a aidé son A. avec son ranch à Trois Mamelles quand il avait des soucis financiers. Il l'a finalement vendu à un étranger pour pouvoir s'acquitter des dettes d'un montant de Rs 18 millions.

Le policier lui a demandé de prendre des précautions. «Ou penser bnela capave coster are moi ?»

Vimen Sabapati affirme que si vraiment il était impliqué dans le trafic de drogue, l'ICAC et la MRA auraient tiré la sonnette d'alarme quand il construisait sa maison. Il dit n'avoir jamais eu de problèmes avec la police. Le policier lui dit : «Mo redire toi PC M. la ene pion sa. Si mo ti dans sa l'équipe la, mo ti pou vine pareil. Travail pa propre.»

Il avoue au policier avoir enregistré les policiers et il a demandé au Dr N. R. d'écouter. «Ce dernier m'a dit qu'ils sont méchants.» Il dira qu'il a confiance dans le judiciaire. «Après l'arrestation de Bruneau Laurette, j'ai fait part de mes inquiétudes à mes avocats. C'est pour cela que j'ai fait un affidavit que je n'avais pas encore juré. J'ai fait une vidéo car j'ai peur pour ma sécurité, j'ai enregistré mes conversations avec les policiers de l'ASDU. Il faut bien que je me protège.»

Il dit qu'il est très content que la police montre son combat contre la drogue mais: «Ne venez pas m'attaquer sur le plan politique.»

Le policier lui dira : «Zot p bizin créer ene sensation pou geter kuma pou bascule sa Ramgoolam la.»

Sur la MBC: réaction de la police

Répondant aux allégations diffusées, hier, sur la chaîne de télévision nationale, le chef de communication de la police, l'inspecteur Shiva Coothen, a affirmé que le commissaire de police met en garde les policiers qui commettent des actes illégaux et qu'il n'hésitera pas à prendre des actions contre eux.

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