Pour la première fois, la trêve entre les belligérants est respectée. Depuis samedi matin 10 juin, le calme est revenu à Khartoum, épicentre des combats depuis le début des affrontements il y a deux mois entre l'armée et les Forces de soutien rapide. Le cessez-le-feu national n'est censé durer que 24 heures, c'est très court, mais ça représente un répit salutaire pour les populations.
Les camps des deux généraux en guerre ont accepté une trêve de 24 heures, à partir de 06h, heure de Khartoum (4h TU), avait annoncé vendredi le médiateur saoudien, qui accueille depuis des semaines des négociations. Visiblement, les belligérants ont pris au sérieux la mise en garde des médiateurs saoudiens et américains, qui envisageaient d'ajourner les négociations, si ce nouveau cessez-le-feu n'était pas respecté.
Car contrairement aux trêves successives annoncées depuis le début du conflit, c'est la première fois que les tirs et les explosions se taisent à Khartoum. Ce samedi, les habitants de la capitale soudanaise ont profité de cette pause pour sortir de chez eux et se ravitailler en vivres et en médicaments. Beaucoup ont tout simplement plié bagages et quitté la ville, qui concentre l'essentiel des combats, avec la région du Darfour.
Le cessez-le-feu ne dure que 24 heures, pour permettre « l'arrivée de l'aide humanitaire », explique le ministère des Affaires étrangères. Le commandement général des forces armées a toutefois déclaré qu'il se réservait le « droit de répondre à toute violation que les rebelles pourraient commettre ». « Nous réitérons notre plein engagement en faveur du cessez-le-feu », ont affirmé de leur côté les paramilitaires.
Deux millions de déplacés
La guerre, qui a éclaté il y a presque deux mois, a déjà fait plus de 1 800 morts, selon l'organisation Acled, spécialisée dans la collecte d'informations dans les zones de conflit, ainsi que deux millions de déplacés et réfugiés, selon l'ONU. Depuis le début du conflit, des centaines de Soudanais fuient chaque jour vers les pays voisins, au Tchad, au Soudan du Sud, et pour la majorité d'entre eux en Égypte.
Omar Salman, un médecin soudanais de 31 ans, a fui Khartoum pour rejoindre Le Caire. Le Royal Care Hospital où il travaillait a fermé, comme la plupart des hôpitaux de la capitale (seuls 20% d'entre eux sont toujours fonctionnels, selon le CICR), bombardés ou occupés par les belligérants. Au milieu des combats, et sans réserve de nourriture, il lui était devenu de toute façon impossible de survivre.
« Je suis parti de Khartoum seul, avec un sac à dos et une de l'argent que ma famille m'avait transféré, raconte le médecin. Car il faut prendre plusieurs bus pour atteindre la ville de Wadi Halfa à la frontière égyptienne, cela coûte très cher. Sur les routes, les FSR sont très agressifs : ils m'ont fouillé entièrement. Parfois, ils peuvent te taper, t'insulter. Quand je suis arrivée à Wadi Halfa, j'ai attendu sept jours avant d'obtenir mon visa. »
Des longs délais, en raison de la méfiance des autorités égyptiennes, explique Omar Salman. « De nombreux prisonniers se sont évadés au Soudan, alors les autorités égyptiennes veulent être sûre de ne pas laisser entrer des personnes dangereuses sur leur sol, poursuit-il. Les délais sont longs. Il y a beaucoup de personnes âgées, parfois malades. J'en ai vu cinq mourir avant d'avoir pu traverser la frontière. Ici au Caire, il y a tellement de Soudanais que les loyers coûtent 10 fois plus cher que d'habitude. J'ai eu la chance de trouver un petit appartement, qui fait l'affaire. »