Après des négociations très disputées, les ministres de l'intérieur de l'Union européenne ont trouvé un accord sur la réforme du système d'asile.
La Turquie, l'Inde, la Tunisie ou encore l'Albanie et la Serbie : ces pays ont en commun que leurs ressortissants n'ont que peu de chances d'obtenir l'asile dans un pays de l'Union européenne. En moyenne, leur taux de reconnaissance du statut de réfugié est inférieur à 20%.
Ce sont les migrants de ces pays qui se retrouveraient, selon l'accord, dans des centres spécialement mis en place aux frontières extérieures de l'UE. L'examen de leur demande d'asile sera accéléré. L'enjeu étant de faciliter leur renvoi, au bout de six mois maximum, vers leur pays d'origine ou vers un pays de transit.
Ces centres pourraient alors accueillir à terme jusqu'à 120 000 migrants par an.
Pour la Commission européenne, cette procédure rapide sera "plus humaine", en évitant que des personnes ne se retrouvent dans des situations d'incertitude prolongée.
Mécanisme de solidarité flexible
Les mineurs non accompagnés ne seront pas concernés. L'Allemagne voulait étendre cette exception à ceux qui viennent en famille avec des enfants, mais a dû faire marche arrière pour décrocher un compromis.
L'Italie a déjà enregistré cette année plus de 50.000 migrants qui ont traversé la Méditerranée. La plupart d'entre eux viennent de Tunisie, d'Egypte et du Bangladesh, et n'ont quasiment aucune perspective de rester légalement.
L'accord prévoit également davantage de solidarité vis-à-vis des pays sous forte pression migratoire. C'est notamment le cas de l'Italie. Cette solidarité prendrait la forme de relocalisations des demandeurs d'asile au sein de l'UE. Et les Etats qui refuseront, comme la Hongrie l'a déjà fait savoir, devront s'acquitter d'une compensation financière de 20 000 euros par migrant, le prix estimé d'une procédure d'asile.
Cet accord conclu par les ministres européens de l'Intérieur va maintenant passer par le Parlement européen, qui peut encore modifier le projet, dans l'objectif d'adopter la réforme avant les élections européennes de 2024.
"Boussole morale"
Pour le président du Parti populaire européen (PPE), l'allemand Manfred Weber, le projet va dans le bon sens. Il défend l'idée des centres aux frontières extérieures. Pour lui, il faut faire la distinction entre les demandeurs d'asile, pour éviter de pénaliser à terme les personnes réellement persécutées.
Voilà qui n'est pas l'avis des Verts au Parlement européen. Le porte-parole de verts allemand déplore que les Etats ont "perdu leur boussole morale".
En Allemagne, de nombreuses voix se sont élevés cette semaine avant le sommet d'hier. Des dizaines de personnalités publiques de premier plan, ont critiqué le tour de vis migratoire dans une tribune commune.
Ils sont rejoints par le site d'information libéral Zeit Online, qui note qu'il y a quelques années encore, l'idée des centres aux frontières européennes, "étaient dénoncées comme étant tout à fait scandaleuses. Aujourd'hui, même, le gouvernement allemand a donné son accord.