La monnaie locale risque une deuxième mort. De nouveaux dollars zimbabwéens avaient été réintroduits par le gouvernement d'Emmerson Mnangagwa, en 2019, après avoir été abandonnés dix ans plus tôt, devenus sans valeur face au dollar américain. Mais ces nouveaux «Zim dollars » sont à nouveau à la peine ces derniers mois, malgré les mesures mises en place par l'État, et continuent à s'effondrer, faisant à nouveau planer le spectre de l'hyper-inflation.
Le gouvernement a bien tenté, une nouvelle fois, d'encourager l'utilisation de la monnaie locale, avec, par exemple, l'obligation pour les administrations publiques de collecter leurs frais en « Zim dollars ». Des mesures qui viennent sans doute trop tard : selon l'agence zimbabwéenne des statistiques, depuis le début de l'année, le dollar américain a été utilisé dans plus de trois-quarts des transactions du pays.
S'il fallait, en 2019, une poignée de dollars zimbabwéens pour obtenir un dollar américain, il en faut désormais plus de 4 000. Résultat, dans les supermarchés, le paquet de pain de mie se vend à 10 000 « Zim dollars », et les prix continuent de grimper. Selon la Banque Mondiale, le Zimbabwe se classe ces derniers mois parmi les pays ayant la plus forte inflation touchant les denrées alimentaires.
Pour tenter de sauver leur argent, les Zimbabwéens achètent des actions, ce qui a aussi fait s'emballer la Bourse : elle a dû interrompre ses activités à plusieurs reprises la semaine dernière, afin d'essayer de calmer les marchés.
Le président Emmerson Mnangagwa accuse pour sa part les entreprises de provoquer cette débâcle monétaire, et sous-entend qu'il s'agit d'un sabotage, en vue des élections générales du 23 août prochain.