Face au désarroi des petits planteurs, le CICC, le Comité interprofessionel du cacao et du café, a organisé cette semaine une conférence scientifique internationale à Yaoundé. Le Cameroun est le troisième pays africain producteur de cacao. Mais depuis une décennie, l'intensification des périodes chaudes ou l'irrégularité des pluies, entraîne une surmortalité des plants de cacaoyers dans les exploitations. Pour aider les producteurs, le CICC propose de revoir la logique jusque-là mise en oeuvre et de ne plus baser le calendrier agricole sur des périodes fixes, mais sur le comportement de la plante.
Omer Maledy parle d'une situation dramatique pour de nombreux petits planteurs au Cameroun. Depuis douze ans, le Conseil interprofessionnel du cacao et du café dont il est le secrétaire exécutif, documente les pertes annuelles sur les exploitations.
« On ne va pas dire aux planteurs "attendez, attendez le jour où on va mettre au point une variété résistante" ! Certains ont perdu plus de 70 % de leur production habituelle. Depuis douze ans, c'est les mêmes cris de détresse, les mêmes sollicitations des producteurs qui viennent au Conseil Interprofessionnel en disant "mais qu'est-ce qu'on doit faire ?" »
Trop de soleil ou trop de pluies selon les régions. Des cacaoyers qui dessèchent ou pourrissent. Et des planteurs qui n'ont pas les moyens d'attendre.
Pour trouver des palliatifs, au niveau du Cameroun, le CICC a commis des experts sur le terrain. Le professeur Nicolas Niemenak, enseignant à l'Université Yaoundé 1, chercheur en biotechnologie végétale teste lui-même sur sa plantation une cacaoculture basée sur l'observation du comportement de la plante.
« Dans le passé, le ministère de l'Agriculture avec les ingénieurs avaient établi un programme calendaire de gestion basée sur les saisons rigides qui étaient bien connues avant. On savait qu'entre janvier/février/mars, il faut faire la taille. Entre février et avril, il faut pulvériser. Il faut traiter, il faut faire ceci. Maintenant quand un cacaoyer renouvelle ses feuilles, ce n'est plus forcément en février, mars, comme c'était prévu dans l'ancien calendrier agricole. Parfois dans la zone de Ntui c'est maintenant qu'on observe un renouvellement des feuilles, donc les traitements phytosanitaires, qu'on appliquait en avril, on est obligés de les appliquer à fin mai, début juin. »
Observer et agir en conséquence. Le CICC, avec ses partenaires, veut partager avec les petits producteurs sur le terrain une nouvelle fiche technique sur cette nouvelle approche de la cacao-culture qui fait vivre environ 400 000 personnes.