Ile Maurice: Nouvelles lois - Les fumeurs fulminent

«Aret vandé plito!» disent certains, alors que d'autres maintiennent une opinion positive suite à l'entrée en vigueur des nouvelles lois interdisant de fumer dans de nombreux lieux, ainsi que l'augmentation de 10 % sur les droits d'accise des cigarettes.

Pour rappel, depuis le 31 mai, les lieux publics sujets à l'interdiction de fumer sont : la plage, les écoles, les établissements d'enseignement secondaire et supérieur, la cour des établissements scolaires, les hôpitaux et les dispensaires, les transports en commun, les cinémas, les marchés, les food courts, les supermarchés et les supérettes, les centres commerciaux, les boutiques, les arrêts de bus, les cafés, les bars, les restaurants et les discothèques, les hôtels, les parcs et les jardins. Vous n'avez pas non plus le droit de fumer en voiture, même si vous êtes seul.

«Dan twalet kot mwa gagn drwa ?» ironisent ainsi des fumeurs, enragés. Les nouvelles réglementations stipulent également, entre autres, que dans les «espaces intérieurs» publics, il est interdit de fumer à une distance de moins de 10 mètres d'une ouverture. La cigarette est également interdite sur le lieu de travail. Pour chaque infraction commise, une amende variant entre Rs 5 000 et Rs 10 000 est applicable. Si la même personne commet plusieurs fois cette infraction, un emprisonnement pouvant aller jusqu'à un an est possible.

«Je pense que cette loi est nécessaire afin de lutter contre le 'passive smoking', en particulier dans les lieux très fréquentés tels que les arrêts de bus. Cela peut également décourager les jeunes de fumer. Par exemple, les étudiants qui n'osent peut-être pas fumer chez eux mais qui le font discrètement à l'université», estime Hans, 30 ans.

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Pour Antonio, amateur de sport et non-fumeur, même si certains lieux nécessitent une interdiction, les nouvelles règles sont trop radicales. «La fumée de cigarette pose souvent un problème à de nombreux passants, et lorsqu'on demande à un fumeur d'arrêter son geste par compassion pour les autres, il a tendance à répondre : «Mo fim ek mo kas. Kot to problem ?» Cependant, il est irréaliste d'interdire de fumer dans des lieux qui sont spacieux ou qui disposent déjà de zones réservées à cette fin.»

À l'inverse, Yash, un jeune, affirme que les nouvelles règles ne servent pas leur but. «Les nouveaux emballages et les restrictions supplémentaires ne sont d'aucune utilité. Ceux qui veulent fumer continueront à le faire, mais cette fois à la maison. Pourquoi rendre la cigarette accessible à la vente mais en interdire l'usage dans pratiquement tous les lieux ? Pourquoi ne pas simplement interdire les cigarettes et peut-être mettre en place un système de soins de santé gratuits pour aider les gens à faire face aux effets du sevrage ?»

Dilemme des hôtels et touristes

Dans de nombreux centres commerciaux, tels que Coeur de Ville à Flacq, le personnel de sécurité a déjà été chargé de s'assurer que tout le monde respecte les nouvelles règles. Pour les hôtels et les touristes, la mise en oeuvre de ces règles pose un dilemme. À l'hôtel Salt of Palmar, bien qu'il soit déjà interdit de fumer dans l'enceinte de la propriété, la plage était une zone désignée à cet effet. «Nous avons maintenant retiré les cendriers et nous informons nos clients des nouvelles lois. Notre personnel assure également la sensibilisation des clients si nous les voyons fumer sur la plage, inconscients des règlements. Mais nous ne pouvons pas surveiller tout le monde en permanence. Notre devoir est de leur expliquer les lois et de faire notre part. Le respect de la loi relève également de leur propre responsabilité», nous explique-t-on.

Un randonneur sur la plage, que nous rencontrons, affirme que les règles ne peuvent en fait pas être appliquées, car il n'est tout simplement pas possible de surveiller chaque touriste en permanence et de s'assurer qu'il ne fume que dans sa chambre. «Ils paient pour venir ici et profiter de leurs vacances. Ces règles risquent de décourager les touristes de venir. La police infligera-t-elle des amendes aux touristes aussi, ou bien les Mauriciens seront-ils les seuls à être pénalisés?», demande-t-il.

Quel impact ?

Dans une petite boutique à Poste-de-Flacq, ces nouvelles réglementations et l'augmentation des prix n'ont pas eu d'impact sur la vente de cigarettes. En revanche, dans un autre supermarché, les ventes ont diminué. Nous constatons également que beaucoup de gens ne sont même pas au courant des nouvelles réglementations. «Dépi kan éna sa ? Kot pou fimé ? Zis dan lakaz ?», interroge un homme âgé, qui fume sous un arbre près de la boutique.

«Il faudrait que les autorités sensibilisent davantage les gens à ce sujet, et qu'elles planifient mieux que de mettre en oeuvre soudainement de nouvelles mesures drastiques sans réfléchir. Si c'est le cas, vont-elles continuer à infliger des amendes à toute la population? Aret vendé plito!» répètent des passants.

Depuis leur entrée en vigueur, combien de personnes ont-elles été verbalisées pour infraction à ces règles ? Existe-t-il des mesures pratiques adoptées par la police de l'environnement pour s'assurer que la population en général est informée et respecte les dispositions de la loi ? Nous avons sollicité des informations par e-mail et appel téléphonique. Le Police Press Office nous a affirmé que «l'autorisation de nous donner des informations n'a pas été accordée».

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