Burkina Faso: Opérer un choix

Le 8 juin dernier, les Burkinabè ont découvert la fiche de recherches publiée par les autorités pour retrouver vingt individus engagés sur le chemin sinueux et sans perspective du terrorisme.

Si ce n'est pas une exclusivité, cela parait assez sérieux par la prime offerte à qui pourrait contribuer à retrouver ces vingt personnes décrites comme des terroristes dangereux. Près de 3 milliards de nos francs. Cette annonce remet au goût du jour la participation de nos frères Burkinabè à ces groupes criminels. Elle est également assez illustrative du danger de cette lutte. Ces vingt personnes, si l'on en croit les faciès, sont des jeunes. Autant donc de bras valides qui auraient pu contribuer à l'émergence de leur pays en participant à des activités licites et légales. Elles ont fait un choix qu'elles devront assumer, de toutes les façons.

En parcourant le communiqué, on ne peut que penser à ces affiches dans certains types de films « wanted died or alive » dont les coupables finissent, tôt ou tard, par être alpagués et/ou par payer le prix cher pour le forfait qu'ils ont commis. Alors, si le gouvernement qui a lancé une campagne de souscription en appelant chaque Burkinabè à contribuer à sa façon et selon ses moyens à l'effort de paix, se dit disposé à mettre près de 3 milliards F CFA en jeu pour l'ensemble de ceux qui aideront à retrouver ces individus, cela dénote de la dangerosité de ces personnes. Ce, d'autant plus que ce sont des primes en fonction des têtes, qui vont de cent millions à près de deux cents millions F CFA. Le peuple burkinabè est donc appelé à jouer sa partition dans une action qui, après tout, se veut d'« utilité publique ».

Aidez à neutraliser ou à appréhender des gens qui ont opté de vivre dans la violence et dont le seul satisfecit est le nombre de morts à leur compteur, c'est simplement poser un acte patriotique. En somme, on peut le dire, le gouvernement a joué sa partition en parvenant à identifier ces individus par des recoupements d'informations, des recherches minutieuses. Reste donc au citoyen de jouer la sienne. Ce qui parait évident, c'est que ces vingt hommes sont au moins connus par des Burkinabè. Soit parce qu'ils sont ou ont été des voisins ou, allons plus loin, sont des parents. Par conséquent, ceux qui en savent davantage sont attendus. Mais il arrive dans la vie de chacun, un moment relativement difficile, où il se doit de se décider. Sinon, le silence ressemble à un soutien à l'oppresseur, comme le disait Mgr Desmond Tutu. Contribuer à libérer son pays, ou se taire pour laisser faire.

En se rappelant qu'au début de ces attaques sur notre sol, des concitoyens avaient préféré se taire, héberger souvent des « frères », qui sortaient commettre des crimes et qui revenaient trouver gîte et couvert en toute impunité. Jusqu'au jour où ils ont été atteints directement ou indirectement par les conséquences de cette barbarie. Le phénomène terroriste, pour être éradiqué, a besoin de la contribution de tous et de chacun. Si son remède n'est pas que militaire, et personne mieux que l'Etat le sait, sa résolution est l'affaire de tous. Cet appel à aider à retrouver des individus qui ont fait le choix de tuer leurs semblables est véritablement un acte citoyen. Encore une fois, les frères égarés ont le choix de déposer les armes ou de les subir. Tous les messages concourent à le leur faire comprendre, mais aussi, à leur signifier clairement que le fils intelligent ne jette jamais la pierre sur la mère patrie.

 

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