Afrique: Le tour du monde des Constitutions

Les Constitutions, ces lois dites fondamentales au moyen desquelles les États organisent leur gouverne intérieure et extérieure, sont de tout temps en crise. D'application stricte par principe, partout dans le monde elles peuvent être contournées par un nombre incalculable d'initiatives diverses.

En fonction des circonstances, les acteurs détenant de fait ou de jure le pouvoir décisionnel suprême recourent à l'exception pour venir à bout des résistances possibles au sein des Parlements nationaux ou locaux ; ils peuvent aussi prendre ces instances législatives de court, de façon magistrale, en les mettant devant le fait accompli.

La matière du droit ayant cette magie d'être interprétée inlassablement, il est souvent de bon ton d'écouter les spécialistes dépêchés de l'extérieur ou cooptés sur place battre en brèche les clauses constitutionnelles les plus hermétiques, leur trouvant des accommodations globalement acceptables. Mais c'est aussi à ce niveau de l'enjeu ou des enjeux qu'intervient un élément inattendu : la chance. Oui, la chance.

Il paraît que Napoléon Bonaparte, en chef de guerre accompli qu'il fut, confronté à des choix pour conduire ses campagnes militaires, tablait à la fois sur le mérite de ses officiers et sur cette vertu-là. Il demandait d'avoir à ses côtés des hommes qui ont de la chance. Pour lui, dans les circonstances incertaines, cet attribut comme les moyens logistiques valait son pesant d'or.

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En Afrique, depuis l'avènement de la démocratie pluraliste à la fin des années 1980, les Constitutions ont subi toilettage, ajustements et réajustements, abrogations pures et simples, suspensions provisoires plus ou moins longues. Parfois dans des contextes explosifs ; parfois à la suite de mécanismes savamment orchestrés.

S'est-on rendu compte que la copie tirée des lois fondamentales au sortir des conférences nationales ou autres concertations politiques étaient trop rigides, surtout dans des cas où la volonté motivée ou non de rétablir les équilibres nationaux ébranlés par la soif des libertés entrerait en contradiction avec le temps imparti pour le réaliser ?

Dans beaucoup de cas de figure, la prédiction de Napoléon paraît toujours d'actualité. Il faut un peu de chance pour passer avec moins de dégâts le redoutable obstacle des changements constitutionnels. Sur ce chantier glissant sont éprouvées, ces derniers temps, les fortunes et infortunes des uns et des autres sur le continent. Dans une sorte de défi formé autour d'un pari intrigant qui est " Ça passe, ou ça casse ! ".

La chance, oui, ça compte en politique comme dans la vie de tous les jours.

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