A plusieurs reprises, ces derniers mois, nous avons évoqué ici même le fait que le pape François, dont la santé ne cesse de se détériorer, devra, tout comme son prédécesseur Benoit XVI, se retirer afin de protéger l'Eglise catholique que l'affaiblissement physique du souverain pontife ne peut que déstabiliser. Parfaitement conscient des risques que fait courir à la chrétienté cette détérioration personnelle - dont chacun d'entre nous sera tôt ou tard victime -, le pape a entrepris de réorganiser les différents services de la Cité du Vatican afin de mieux assurer la gouvernance interne de l'Eglise dont dépend pour une très large part son destin à venir.
Issu du Tiers-monde puisque né en Argentine, le 17 décembre 1936, et ayant géré longtemps, en sa qualité de Père Jésuite et d'archevêque, la communauté catholique de sa capitale, Buenos Aires, le pape François a tourné une page de l'histoire de cette religion planétaire en étant élu 266e pape de l'Eglise, le 13 mars 2013, il y a donc tout juste dix ans. Et depuis ce moment historique, il n'a eu de cesse que d'élargir et agrandir la place que les évêques, les archevêques, les cardinaux issus du Tiers-monde occupent dans la gestion centrale de l'Eglise qui, jusqu'alors, se trouvait concentrée entre les mains des prélats européens, italiens tout particulièrement.
La question qui se pose aujourd'hui à Rome, au coeur de la Cité du Vatican, et qui, bien sûr, n'est pas évoquée publiquement car elle lancerait un débat pour le moins complexe, est celle de l'origine du successeur du pape François. Sera-t-il à nouveau issu du Vieux continent ou bien confirmera-t-il l'ouverture de l'Eglise vers les nations jeunes, l'Afrique tout particulièrement, où vivent les plus grandes et les plus vivantes communautés chrétiennes de la planète ?
Cette question éminemment stratégique n'est guère abordée sur la place publique dans le moment présent, mais de la réponse qui lui sera apportée à Rome dans les mois à venir, compte tenu du mal physique dont souffre le pape François, dépendra pour une large part l'avenir de la chrétienté. D'où l'importance que revêt aujourd'hui la question de sa succession et donc la préparation du Conclave qui réunira les cardinaux âgés de moins de quatre-vingts ans dans la Chapelle Sixtine, au coeur de la Cité du Vatican.
Pour dire, ou plutôt écrire, les choses de façon claire, la succession du pape François qui se précise de jour en jour marquera très probablement un nouveau tournant dans l'Histoire, la très longue Histoire de l'Eglise catholique.
Affaire à suivre donc dès aujourd'hui avec la plus grande attention car elle pourrait bien se traduire par l'élection du premier pape africain.
