Afrique: Diplomatie - L'influence croissante de la Chine dans le monde préoccupe les Etats-Unis

Dans le souci de vouloir contrer l'avancée multiforme de Pékin, Washington envisage de mettre en place un plan destiné à limiter les investissements et les transferts de technologie vers ce géant asiatique. Les relations entre les deux grandes puissances demeurent tendues même si les camps adverses cherchent à jouer la carte d'apaisement en voulant coopérer sur certains dossiers. C'est dans ce contexte que le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, est attendu à Pékin, le 18 juin.

Même si le but de la visite n'est pas encore connu, tout porte à croire que les divergences entre Américains et Chinois seront sur la table des discussions, puisque que les deux pays continuent de croiser le fer sur plusieurs questions. Ils s'opposent sur nombre de dossiers comme le commerce, la domination dans le secteur des nouvelles technologies, l'origine du covid 19, le traitement des musulmans ouïghours ou des revendications territoriales chinoises en mer de Chine.

Aux Etats-Unis, plus personne parmi les dirigeants ne néglige la question de l'influence chinoise. « Le gouvernement chinois ne se fixe pas de limite dans sa quête de domination du XXIe siècle, et si, nous Américains nous nous reposons sur nos lauriers, si nous laissons le Parti communiste chinois nous battre, cela aura de graves conséquences pour les Etats démocratiques du monde », a déclaré, par exemple, le chef de la majorité démocrate de la chambre haute du Congrès, Chuck Schumer. « Pour faire court, le temps ne joue pas en notre faveur. Le régime de Xi Jinping oeuvre tous les jours à rattraper et dépasser les Etats-Unis », a ajouté le démocrate qui s'exprimait devant le Sénat. Et lors d'une conférence de presse avec onze responsables, il a détaillé un plan en cinq points pour faire face à la concurrence chinoise.

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« Les élus examineraient des limitations d'exportation et des sanctions restreignant la capacité de Pékin à acquérir les innovations américaines en matière d'intelligence artificielle et autres questions liées aux hautes technologies », a abondé Chuck Schumer. Selon les sénateurs américains, l'objectif est de permettre au Trésor et au département du Commerce de passer en revue et de stopper le flot d'argent allant aux industries high-tech chinoises. Les mêmes élus entendent aussi soutenir les petites entreprises américaines et renforcer le processus d'évaluation des implications en matière de sécurité nationale des investissements étrangers aux Etats-Unis.

Préoccupé également par la rivalité sino-américaine, le gouverneur républicain de Floride, Ron DeSantis, pressenti pour être candidat à la présidentielle de 2024, a promulgué une série de lois visant à « contrer l'influence » de Pékin, en interdisant à de nombreux Chinois d'acquérir des biens immobiliers dans son Etat.

Risques de division du monde en deux blocs

Ces mesures permettront à la Floride de contrer les menaces « économiques, stratégiques et sécuritaires » de la Chine, a assuré le républicain, qui s'est déjà lancé dans la course pour l'investiture de son parti. Il a accusé des élites américaines d'avoir « ignoré ce problème depuis bien trop longtemps ».

Evoquant le même sujet, le prix Nobel d'économie, Joseph Stiglitz, a prévenu que les mesures américaines « hostiles » envers la Chine risquent de diviser le monde en deux blocs. « Démocrates et républicains à Washington rivalisent de fermeté vis-à-vis de Pékin, mais cela risque de saper l'action internationale sur le changement climatique et la gestion coordonnée d'autres crises planétaires », a poursuivi celui qui a été vice-président et économiste en chef de la Banque mondiale de 1997 à 2000.

Pour ce faire, Joseph Stiglitz a appelé l'Occident en général et les Etats-Unis en particulier à offrir des investissements aux pays en développement et non des « cours magistraux ». « L'Occident investit très peu dans les pays en développement comparé à d'autres pays comme la Chine (...). Il y a une blague qui dit que l'Occident leur donne des cours magistraux sur ce qu'il faut faire, quand la Chine leur donne de l'argent », a-t-il fait remarquer, lors de la réunion des ministres des Finances et des banquiers centraux du G7 à Niigata, au Japon.

En dépit des critiques américaines, la Chine, grande rivale des Etats-Unis, s'emploie à renforcer ses relations commerciales et diplomatiques avec d'autres pays et régions du monde. Au Moyen-Orient, traditionnellement sous influence américaine, pour ne parler que de cela, Pékin a supervisé le récent rapprochement entre les deux grands rivaux de la région, l'Iran et l'Arabie saoudite. En outre, l'empire du milieu finance des projets d'infrastructures géants dans le monde, dans le cadre de son programme des « Nouvelles routes de la soie », mais les Etats-Unis et leurs alliés l'accusent de piéger ainsi des pays en développement en les accablant de dettes, contractées dans des conditions peu transparentes.

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