Cameroun: Accident d'Edéa - La famille Ngock pleure ses 11 enfants

Victimes de l'accident survenu le 26 mai, ils ont été inhumés samedi dernier.

Explosion de cris à l'ouverture de la salle B de la morgue de l'hôpital Laquintinie de Douala. Il est 7h50min. Sur le sol, onze cercueils sont disposés. Les noms de ces personnes qui ont perdu la vie dans l'accident de la circulation survenu à Edéa le 26 mai alors qu'elles se rendaient à l'inhumation de l'une des leurs, Ngo Nsii Jeanne, sont inscrits sur chacun des onze cercueils. A la vue des restes de ces personnes, cris et tristesses.

Difficile de se retenir. Hommes et femmes pleurent à tout rompre. Les membres de la grande famille Ngock dans l'arrondissement de Ndom se ruent vers les cercueils disposés à même le sol sur lesquels certaines femmes se couchent littéralement. Appelant les noms de ces proches.

« Hélène, pourquoi tu m'as fait ça ? Pourquoi ce départ si brusque ? Nous devrions nous revoir au village pour l'enterrement de ta maman, et on m'appelle seulement pour me dire que tu as fait l'accident et en est morte. Aujourd'hui, te voici couchée dans un cercueil », se lamente une dame.

Certaines femmes, au bout de l'évanouissement, s'écroulent. Trois au total. Les unes après les autres. Elles sont immédiatement secourues par des hommes présents en salle. Scène presqu'identique dans la cour de la morgue de cette formation sanitaire, le vendredi, 09 juin 2023, à l'occasion de la levée de corps des victimes de l'accident d'Edéa du 26 mai dernier.

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Des femmes qui ont perdu leurs forces, sont soutenues de part et d'autre. Certains hommes, les yeux rougis par la douleur, s'interrogent. «On pleure ce genre-ci comment ? Tu vas pleurer qui et laisser qui ? Onze corps, Seigneur. J'ai mal. Mon coeur saigne », lâche un homme qui laisse couler des larmes. Au fur et à mesure, les visiteurs sont orientés hors de l'enceinte de la morgue pour permettre d'apprêter le transport des corps.

Rites traditionnels

Hors de la morgue, trois véhicules de type Hiace sont stationnés. Alors que les uns et les autres s'interrogent sur le transport de ces corps, arrive un premier camion aux couleurs de l'armée, puis un deuxième. Il est 8h20min. L'un après l'autre, ils entrent dans l'enceinte de la morgue et en ressortent avec les cercueils. Six cercueils sont disposés dans le premier camion, et cinq dans le second. Des gerbes de fleurs y sont déposées.

Quelques membres de la famille prennent place à l'avant des camions. A l'arrière, d'autres s'asseyent sur les cercueils. Et quelques minutes plus tard, les deux camions chargés de cercueils quittent la morgue, avec des signes d'au revoir des personnes assises à l'arrière.

Il est 8h55 min.

Les trois véhicules de type coaster suivront plus tard avec à l'intérieur, des membres de cette famille, en direction du village Ngock. Selon le programme des obsèques, des rites traditionnels sont prévus. « Ces rites visent à rompre avec ces accidents. Il est question de mettre fin à ce drame qui a touché notre famille. Et donc, des rites seront effectués avant leur inhumation.

Ce sang qui a coulé doit s'arrêter. Et si nous ne faisons pas ces rites, tôt ou tard, le sang pourra à nouveau couler. C'est la tradition. Et nous devons le faire », explique un membre de la famille.

Sur place à Ndom, la cérémonie a drainé une foule impressionnante de personnes. « La cérémonie au village a drainé pas mal de monde, comme à Douala. Nous sommes arrivés au village un peu tard parce que nous avons connu quelques complications avec les véhicules en route. Mais les corps étaient déjà là.

On a procédé à l'inhumation vers 4h du matin. Tout s'est bien passé. J'avais déjà informé les autorités de ce qu'il devait se passer », note Etienne Killeng, le président de la famille Ngock à Douala. Au rang des autorités présentes, le sous-préfet, le maire de Ndom, les conseillers municipaux et plusieurs autres personnes venues des villes et villages voisins.

Sur les raisons qui ont conduit à l'inhumation des dépouilles en pleine nuit, le chef de famille explique. « Il était question d'emmener nos corps et de les garder. Nous allons nous préparer pour faire leur deuil convenablement plus tard. Ce n'était pas un deuil comme les autres », explique Etienne Killeng qui remercie l'Etat pour l'accompagnement dont ils ont bénéficié depuis la survenue de cet accident.

« L'état nous a beaucoup accompagnés dans ce deuil. Nous avons eu par le biais du gouverneur de la région du Littoral et du Pr Noel Emmanuel Essomba, directeur de l'hôpital Laquintinie, la gratuité de la morgue. Nous avons bénéficié du transport gratuit des corps. C'est important. On a été assez soutenu », confie-t-il, reconnaissant.

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