Le ministre des Mines, du Pétrole et de l'Energie, Mamadou Sangafowa-Coulibaly, a animé une conférence de presse, hier, à Abidjan-Plateau.
Le secteur de l'électricité en Côte d'Ivoire fait face à un déséquilibre financier, depuis quelques années. Pour juguler cette situation qui perdure, l'État est dans l'obligation d'ajuster les tarifs. « Sur proposition de l'Autorité nationale de régulation du secteur de l'électricité et après l'analyse de la Commission consultative sur les tarifs d'électricité, le gouvernement a décidé d'un ajustement moyen du prix de l'électricité limité à 9,6% », a déclaré le ministre des Mines, du Pétrole et de l'Energie, Mamadou Sangafowa-Coulibaly. C'était le jeudi 8 juin 2023 lors d'une conférence de presse au Plateau.
Occasion pour le ministre en charge du secteur de donner des éclaircissements sur les mesures prises pour rétablir l'équilibre opérationnel et financier durable du secteur de l'électricité qui ont été évoquées en Conseil des ministres, mercredi.
Les 5A et 10A ne sont pas concernés
Selon le ministre, cette augmentation s'appliquera aux consommateurs « à compter du 1er juillet 2023 ». Précisant que 89% des 3,6 millions d'abonnés (chiffre de 2022) ne sont pas concernés. Seuls les tarifs de 11% des consommateurs connaîtront un ajustement.
La répartition du taux de l'ajustement se présente comme suit : « Les 5A et 10A : 0% ; les 15A et plus ainsi que les professionnels : 10% ; la moyenne tension et la haute tension (15%) ».
Cet ajustement, selon Mamadou Sangafowa-Coulibaly, va permettre de réduire la perte d'exploitation du secteur de 76 milliards de Fcfa. Cette manne financière permettra de régler l'écart entre les besoins financiers du secteur de l'électricité et les ressources qu'il génère.
Mais aussi cette ressource aidera à produire davantage d'électricité pour faire face au déséquilibre de l'offre et la demande en matière d'électricité, en d'autres termes, rendre disponible l'électricité en quantité et qualité. Car, pour le représentant du gouvernement, « le temps moyen de coupure qui s'était amélioré à 16h22 en 2020 est monté à 28h93 en 2022 ».
De nouveaux investissements pour améliorer la qualité de l'offre
En clair, le ministre souligne qu'il faudra de nouveaux investissements pour améliorer la qualité de l'offre, assurer la réhabilitation et les grosses révisions périodiques des groupes de production appartenant à l'Etat. Et malgré « les performances » de la Côte d'Ivoire en la matière, il est nécessaire de satisfaire de nombreuses demandes d'extension de réseau, de raccordement et d'électrification de toutes les localités de la Côte d'Ivoire d'ici à 2025.
En somme, l'objectif est non seulement de doubler la capacité de production d'ici à 2030, en la portant ainsi à plus de 5 000 Mw. Mais surtout d'accroître le taux des énergies renouvelables actuellement à 34,5% à 45% dans la même période. « L'optimisation continue des charges d'exploitation et l'appui constant de l'État ne peuvent pas suffire à retrouver l'équilibre financier du secteur », soutient-il.
Lors de son discours, Mamadou Sangafowa-Coulibaly n'a pas manqué d'expliquer que ce déséquilibre dans le secteur qui était observé depuis belle lurette a été aggravé par les effets de la pandémie à Covid-19 et ceux de la crise en Ukraine : « Cette dernière crise a particulièrement affecté les secteurs de l'énergie dans tous les pays. La Côte d'Ivoire, bien qu'elle soit résiliente, n'a pas fait l'exception ». Cela a eu pour corollaire la perte d'exploitation estimée « 161 milliards de Fcfa pour la seule année de 2023 ».
L'État sera ferme quant à un affichage de prix fantaisistes
Ainsi la présente décision du gouvernement est consécutive à de nombreux échanges avec les industriels, les associations des consommateurs, bref avec les acteurs à l'effet de leur faire comprendre le bien-fondé de l'ajustement.
Le gouvernement, précise Mamadou Sangafowa-Coulibaly, « sera ferme » quant à un affichage de prix fantaisistes par les acteurs qui prétexteront de cet ajustement, au grand dam des consommateurs. Le ministre du Commerce, de l'Industrie et de la Promotion des Pme, Souleymane Diarrassouba, a reçu des instructions à cet effet, a rappelé le ministre en charge de l'Énergie.
La Compagnie ivoirienne d'électricité (Cie), l'entreprise qui est en charge de la distribution et de la commercialisation de l'électricité, n'est pas épargnée. Le ministre dit avoir adressé un courrier à l'entreprise pour s'assurer que cet ajustement sera mieux encadré.
Le premier responsable du département des Mines, du pétrole et de l'Énergie explique qu'en dépit de cet effort que l'État demande à ces 11% d'abonnés concernés, le prix moyen du Kwh en Côte d'Ivoire demeure l'un des plus faibles dans la sous-région.