Congo-Kinshasa: A Beni, les agents de la Mairie savourent encore leurs nouveaux locaux, construits par la MONUSCO

communiqué de presse

« À quelque chose malheur est bon ». L'expression revient sur les lèvres de Jeanine, Alain et Henry, trois agents de la mairie de Beni qui se félicitent de l'amélioration de leurs conditions de travail depuis la construction du nouveau bâtiment, financé par la MONUSCO.

Près de deux ans après l'inauguration de la nouvelle mairie, ils ne semblent toujours pas être redescendus de leur petit nuage.

« L'incendie de la mairie ? C'était un mal nécessaire ». Pour comprendre ce à quoi Jeanine fait référence, un retour en arrière s'impose.

25 novembre 2019. Il est 8 heures quand Henry Kakule, chef du protocole d'Etat à la mairie de Beni, voit arriver vers le bâtiment des dizaines de personnes en colère, qui manifestent pour protester contre un massacre qui a eu lieu la veille au quartier Masiana. Huit personnes ont été tuées.

Henry Kakule a juste le temps d'informer le maire et les responsables urbains de la police avant de se mettre à l'abri. L'intervention des forces de l'ordre n'y fera rien. Les manifestants incendient le bâtiment de la mairie qui part en fumée.

« J'ai eu l'impression de tomber soudainement malade. J'étais traumatisé », raconte aujourd'hui M. Kakule.

A l'autre bout de la ville, Jeanine Mbokani suit la radio comme tous les matins avant de se rendre au travail. Elle met un peu de temps avant de se rendre compte que l'information qui est diffusée presqu'en direct la concerne au premier lieu. « Je n'en revenais pas », se souvient-elle encore.

Agent à la mairie depuis 2009, elle travaille à « Okapi Phonie », le service qui s'occupe de la transmission des messages officiels vers et en provenance du bureau du gouverneur à Goma.

Alain Kakule raconte que lui, apprend le terrible évènement sur le réseau social WhatsApp. Une vidéo est partagée dans un groupe dont il est membre. « J'étais stupéfait. J'ai tout de suite pensé aux documents officiels que nous perdions », explique cet agent de la cellule de rédaction de la mairie de Beni. Il sait de quoi il parle. C'est dans son équipe que sont rédigées toutes les correspondances officielles du maire.

« Le jour et la nuit »

Après l'émotion suscitée par l'incendie de la mairie de Beni, le maire invite les agents à se ressaisir et à reprendre le travail. Mais où ? La résidence officielle du maire est transformée en bureau.

« C'était très inconfortable. A la mairie, nous avons dix services. La maison avait trois chambres. On a regroupé trois services dans chacune des chambres. C'était très compliqué », relate Henry Kakule, que l'on surnomme à la mairie « Coach », à cause de son ancienneté.

Après ces tristes évènements, c'est donc avec une grande joie qu'il apprend quelques mois plus tard, le lancement des travaux de construction d'un nouveau bâtiment de la mairie, sur financement de la MONUSCO.

« J'étais l'homme le plus heureux. J'avais vu de mes yeux l'incendie de la mairie. Et je voyais le gouverneur poser la première pierre », soutient-il, la gorge encore nouée par l'émotion.

Le jour de l'inauguration du nouveau bâtiment a été un jour de fête : « On était très impatient de prendre possession de nos nouveaux bureaux. Le jour où la MONUSCO nous a remis officiellement le bâtiment, c'était une très grande fête. Les gens étaient en pleine réjouissance. Et je me souviens que c'est tout le monde qui voulait se choisir son propre bureau alors que le plan prévoyait déjà la répartition au regard du nombre de services et de l'organigramme », relate Alain Kakule.

C'est au premier niveau du nouveau bâtiment que se trouve le bureau de Jeanine Mbokani qui travaille au service qui s'occupe de la transmission des messages officiels vers et en provenance du bureau du gouverneur à Goma. Elle confie que depuis son installation, elle arrive au travail un peu plus tôt que d'habitude. Elle est surtout ravie de travailler dans des meilleures conditions et dans un environnement agréable.

« Dans notre nouveau bureau, nous sommes à l'aise. Nous avons des meubles. On peut travailler tranquillement. Je peux le dire aujourd'hui, ceux qui ont brûlé la mairie, ils ont fait un mal nécessaire », ose-t-elle même affirmer.

Henry Kakule lui, confirme que l'ancien bâtiment qui a été incendié n'était plus du tout commode. Construit en 1944, il était vétuste.

« Moi qui suis protocole d'Etat, je n'avais pas de bureau, je recevais les visiteurs dans le hall d'entrée. On ne pouvait pas parler des questions confidentielles puisque tout le monde pouvait écouter », détaille-t-il, avant de laisser tomber, « entre le nouveau et l'ancien bâtiment, c'est le jour et la nuit ».

Un meilleur environnement de travail

S'il est une qualité qu'Alain Kakule trouve au nouveau bâtiment, en dehors du confort qu'il offre, c'est précisément la confidentialité dans le traitement des dossiers.

« Tous les usagers le témoignent, fait-il savoir. Avec ce nouveau bâtiment, le rendement des agents est meilleur. Il y a des questions qui nécessitent une certaine confidentialité. Ici, elles sont traitées sans crainte. Au secrétariat administratif, où nous travaillons, il y a quelque fois des correspondances qui nécessitent des réponses verbales. On invite l'usager et on lui parle dans de bonnes conditions sans craindre d'être écouté dans le bureau voisin. Dans l'ancien bâtiment, ce n'était pas garanti. Certains bureaux étaient simplement séparés par des morceaux de planches ».

Pour Henry Kakule, il ne fait aucun doute qu'un meilleur environnement de travail a amélioré le rendement des agents.

Il estime également que les habitants de la ville ont un autre regard sur les agents de la mairie et leur travail.

« Quand les gens arrivent, ils ont vraiment le sentiment d'être dans un bureau de l'État. Ils sont rassurés. Quand vous entrez par exemple dans le bureau de notre comptable, il y a des ordinateurs. L'assujetti qui doit payer des taxes n'a pas de doute qu'il est au bon endroit », argumente le chef du protocole d'État de la mairie.

Si Henry, Jeanine et Alain gardent encore des souvenirs douloureux de l'incendie de l'ancien bâtiment de la mairie de Beni, ils assurent que ce sentiment est vite balayé par la satisfaction de travailler désormais dans de bonnes conditions.

Le 22 septembre 2021, en inaugurant le nouveau bâtiment, le gouverneur du Nord-Kivu, le lieutenant-général Constant Ndima avait salué « un outil de plus pour la stabilisation » dans une région encore gangrenée par la violence et où les habitants réclament une plus forte présence de l'Etat et de ses services.

L'action de la MONUSCO en faveur de la mairie de Beni rentre dans le cadre du volet de son mandat relatif à l'appui à la stabilisation et au renforcement des institutions de l'État en République démocratique du Congo.

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