L'Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal (OMVS) doit se montrer davantage plus apte à faire face aux exigences de résilience liées au changement climatique et au défi de la gestion des crues en construisant plus de barrages hydrauliques et hydroélectriques selon Serigne Mbaye Thiam.
Le dérèglement climatique caractérisé, entre autres, par une forte intensité des pluies à occurrence souvent aléatoire, a augmenté les risques de crues des fleuves et cours d'eau un peu partout dans le monde. Le fleuve Sénégal, que se partagent la Guinée, le Mali, la Mauritanie et le Sénégal, n'échappe pas à cette réalité. Ces dernières années, plusieurs localités du bassin ont ainsi été inondées après que le fleuve est sorti de son lit.
Pour y faire face, le ministre sénégalais de l'Eau et de l'Assainissement, Serigne Mbaye Thiam, a invité l'OMVS à multiplier la construction des infrastructures sur le fleuve. « Nous devons, après Manantali sur l'affluent principal du Bafing, poursuivre la réalisation de nos ouvrages structurants, notamment sur les deux autres affluents principaux (la Falémé et le Bakoye) afin de permettre une maîtrise totale des débits et des écoulements du fleuve. A ce titre, il urge d'accélérer la réalisation du projet Gourbassi sur la Falémé », a-t-il déclaré.
Présidant, lundi à Dakar, l'ouverture de l'atelier régional de concertation sur la prévention et la gestion des crues dans le bassin du fleuve Sénégal, M. Thiam a indiqué que parallèlement à l'édification de ces infrastructures, l'OMVS doit également mieux maîtriser les défluents qui acheminent les eaux de crue vers les dépressions naturelles comme les lacs et cuvettes.
« La maîtrise de ces dérivations naturelles contribuera également à réduire l'amplitude des crues dans la vallée et en même temps à mieux contrôler le remplissage des lacs et des cuvettes afin de disposer d'importantes quantités d'eau pour leur valorisation économique et environnementale », a-t-il souligné.
Serigne Mbaye Thiam a rappelé que l'OMVS avait déjà entrepris, en 2007, des actions dans ce sens avec notamment l'étude de faisabilité des ouvrages de contrôle du remplissage et de la vidange des cuvettes dans le bassin du fleuve Sénégal.
A l'en croire, cette étude avait permis de faire un premier travail d'identification des différentes cuvettes dans le bassin ainsi qu'une proposition de projets prioritaires à mettre en oeuvre, aussi bien en rive droite qu'en rive gauche.
« Ces actions devront donc être poursuivies. De même que la protection des localités riveraines du fleuve et des périmètres irrigués, par des endiguements, un moyen efficace de lutte contre les fortes crues », a-t-il exhorté.
Pour ce faire, a relevé le ministre de l'Eau et de l'Assainissement, les Etats membres de l'OMVS doivent diligenter la mobilisation des financements requis pour l'exécution des projets relatifs aux endiguements du cours d'eau. Il s'agit, d'après lui, du projet de réhabilitation des endiguements existants de Diama à Rosso, en rives droite et gauche ; et du projet d'extension de ces endiguements en amont de Rosso.
Selon M. THiam, ces actions devront être accompagnées par un renforcement du suivi hydrologique et météorologique ainsi que la prévention et la sensibilisation sur cette problématique des crues du cours d'eau.
Par ailleurs, il a invité le Haut-Commissaire de l'OMVS, en rapport avec les autorités administratives des différentes régions du bassin, à mieux communiquer sur le plan d'alerte sur les prévisions hydrologiques saisonnières effectuées chaque année, avant l'hivernage.
Enfin, il a appelé les Etats membres à une meilleure sensibilisation des populations du bassin afin d'éviter l'occupation des dépressions et des berges, notamment le lit majeur du fleuve. « L'installation dans ces zones entrave, non seulement l'équilibre environnemental du fleuve, mais aussi et surtout expose à un risque réel d'inondation en cas de forte crue », a-t-il fait remarquer.