Afrique: Esclavage en Californie - les débuts de complexes réparations

Le préjudice total causé par la Californie aux Africains-Américains durant la période de l'esclavage serait estimé à 800 milliards de dollars, selon plusieurs spécialistes.

Une commission spéciale a été créée il y a trois ans par le gouverneur démocrate Gavin Newsom pour étudier les conditions de réparations au bénéfice des Noirs, à la suite du meurtre de George Floyd en 2020. Ce groupe de travail de neuf personnes a présenté son rapport début mai 2023 dans un document de moins de 500 pages.

Plusieurs suggestions ont été faites pour réparer les dommages causés par l'esclavage dans cet état, connu pour être l'un des plus vastes, des plus riches et le plus peuplé des États-Unis, où la population noire a subi des discriminations pendant plusieurs siècles.

Des excuses aux compensations

En outre, le groupe de travail a approuvé un projet de recommandation appelant à des excuses publiques pour les actes de barbarie commis au nom de l'État de Californie, notamment ceux encouragés par le premier gouverneur élu en 1850, Peter Hardeman Burnett, un suprémaciste blanc.

Malgré son statut d'État "libre" après son entrée dans l'Union en 1850, la Californie n'a pas adopté de lois garantissant la liberté pour tous. Au lieu de cela, elle a appliqué, pendant plus d'une décennie jusqu'à l'émancipation, "la loi fédérale sur les esclaves fugitifs", autorisant leur capture et leur retour.

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Le rapport affirme que ces actions ont aggravé les préjudices subis par les Afro-Américains, en incitant à la discrimination raciale et institutionnelle. Le groupe de travail a ainsi soutenu l'idée d'excuses publiques devant indiquer que l'État de Californie ne répéterait pas les erreurs du passé. Ces excuses seraient présentées en présence de descendants de personnes mises en esclavage.

Les experts recommandent donc à l'État de Californie de formuler des excuses officielles aux victimes de l'esclavage et d'améliorer les conditions des Afro-Américains par le biais d'investissements dans l'éducation, les soins de santé, l'enseignement supérieur, le logement et d'autres programmes sociaux.

L'aspect financier de ce projet sans précédent de par son ampleur et potentiellement historique à l'échelle des États-Unis concerne les descendants d'Afro-Américains toujours sous le poids des inégalités raciales en Californie. Leur nombre doit encore être déterminé parmi les 2,5 millions de habitants noirs de l'État.

Le montant des dommages a déjà été fixé en fonction des préjudices. Par exemple, l'accès réduit des Afro-Américains à la propriété est évalué à 148 099 dollars par individu, la dévaluation des entreprises appartenant aux Afro-Américains est estimée à 77 000 dollars et les incarcérations de masse, notamment durant la période de la guerre anti-drogue, sont évaluées à 115 260 dollars, selon le groupe de travail.

Qui va payer la facture ?

La réparation des différents préjudices pourrait en théorie rapporter 1,2 million de dollars à un Californien noir de 71 ans, correspondant à l'espérance de vie moyenne de ce groupe en 2021 selon les chiffres officiels.

Bien que la population de Californie soit généralement favorable au principe des réparations pour l'esclavage, il reste à déterminer qui supportera la facture de ce projet, estimé à près du triple du budget annuel de l'État californien, d'autant plus que ses finances ont été malmenées par la crise du Covid.

"Il n'y a aucun moyen pour que nous puissions nous permettre 800 milliards de dollars", a indiqué James Gallagher, un représentant républicain au Congrès de Californie, commentant le travail de la Commission.

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