Comme chaque année, le rapporteur spécial de l'ONU sur les droits de l'homme en Érythrée a bouclé l'enquête qui doit être présentée lundi prochain devant le Conseil des droits de l'homme à Genève.
Rien n'a changé en Érythrée, dit le rapporteur spécial Mohamed Babiker. Comme chaque année depuis la création du poste, il n'a relevé « aucun signe de progrès », pointant plutôt « une détérioration sur un certain nombre de sujets », même si l'Érythrée a été réélue membre du Conseil en octobre 2021. « L'État de droit, dit-il en conclusion de son rapport annuel, continue d'être non existant. »
Le redoutable service militaire obligatoire à durée indéfinie, où les cas de « torture », de « traitements dégradants », de viols des filles, de « travail forcé » sont légion, n'a toujours pas été « réformé ». Il s'agit toujours, selon les réfugiés interrogés, du « facteur principal » de la migration forcé des Érythréens hors de leur pays. Et ceux qui s'y soustraient voient leurs familles punies, parfois très durement.
Aucune liberté d'expression, de presse, d'association, de vie politique, de religion. Aucun système judiciaire crédible ou contre-pouvoir. Et aucune coopération du gouvernement érythréen avec l'ONU sur ces questions...
Le peuple afar particulièrement visé
Cette année, le rapporteur spécial met également la lumière sur l'oppression du peuple afar, essentiellement des pêcheurs et des communautés pastorales du sud désertique, avec notamment des déplacements forcés, des arrestations de masse, des enrôlements de force, des spoliations, et bien sûr la discrimination des Afars dans la société.
Enfin, selon lui, les près de 600 000 réfugiés érythréens ayant fui le pays, notamment au Soudan et en Éthiopie, subissent toujours la misère et des violences, l'arbitraire, et parfois même des rapatriements forcés.
Mais le gouvernement érythréen a toujours réfuté la crédibilité des rapporteurs spéciaux de l'ONU.