L'Initiative pour la transparence dans les industries extractives (Itie) a-t-elle changé de ligne directrice ?
La question s'impose vue le thème « la transparence dans la transition énergétique » autour duquel l'initiative a convoqué la réflexion lors de sa neuvième conférence mondiale.
Cette édition dont les travaux se déroulent les 13 et 14 juin 2023 à Dakar convoque la réflexion sur « la transparence dans la transition énergétique ».
Une « ineptie », selon la société civile africaine, dans la mesure où l'ITIE organise pour la première fois sa conférence mondiale en Afrique.
Glencore fait d'ailleurs partie des sponsors de cette rencontre à laquelle prennent part quelques 1500 délégués venus de 93 pays.
Selon la société civile africaine, le thème de ces assises de l'ITIE ne se penche pas sur les priorités et les aspirations de l'Afrique en matière de transparence dans les industries extractives.
Pour attirer l'attention de la communauté internationale, elle a, d'ailleurs organisé parallèlement une conférence sur « Aborder les FFI et le Recouvrement des avoirs dans l'industrie extractive ».
Mme Souad Aden-Osman, Directrice exécutive de la Coalition pour le dialogue sur l'Afrique (CoDA), estime que le mutisme de l'ITIE sur les scandales de corruption avec Glencore au Cameroun, en RD Congo, au Nigéria, au Gabon, interroge.
Une interpellation qui s'avère logique dans la mesure où un juge fédéral de New York a condamné le géant suisse du négoce de matières premières et de l'exploitation minière à une amende de 700 millions de dollars pour pratiques de corruption.
Le coordonnateur du Forum Civil, M. Birahima Seck, juge incompréhensible la posture de l'ITIE à Dakar.
A son avis, ce qui se passe dans le secteur extractif africain est tellement grave qu'il faut un sursaut africain contre les Flux financiers illicites (Ffi) estimés à plus de 100 millions de dollars annuel dont les 60% viennent de ce secteur.
Il interpelle ainsi sur le changement de cap remarqué au fil des ans dans la démarche de l'ITIE.
L'ancien bâtonnier du Cameroun, M. Barrister Akere Muna, membre du Haut Panel de l'Union africaine contre les FFI, pense que l'ITIE est à la croisée des chemins et elle devrait mettre la corruption au centre de ses préoccupations.
D'après lui, l'initiative devrait s'interroger sur comment les pays victimes des multinationales sont arrivés à ce niveau de corruption avec Glencore.
Devant cet état de fait, Birahim Seck estime que les acteurs africains dont l'association panafricaine des avocats ont été trop passifs face aux multiples scandales de corruption notés dans le secteur extractif.
Il faut revoir la démarche en disposant d'une législation africaine qui va stopper les pratiques de corruptions auxquelles s'adonnent les multinationales.
C'est ainsi que Mme Charity Nchimunya, Secrétaire exécutive du Conseil consultatif de l'Union africaine sur la corruption remet au goût du jour la Position commune africaine sur le recouvrement d'actifs (Capar).
Un outil de plaidoyer initié pour renforcer la lutte contre l'évasion des actifs africains.
Il est articulé autour de la détection et l'identification, le recouvrement et le rapatriement, la gestion des actifs, la coopération et le partenariat.
Un dernier point sur lequel a embrayé M. Ebrima Sall, Directeur exécutif de Trust Africa qui appelle les pays africains à joindre leurs forces pour stopper l'hémorragie.
A cet effet, Mme Nchimunya fait un plaidoyer pour la transparence dans les processus nationaux.
Pour Souad Aden-Osman, la position africaine commune donne des indications aux gouvernements pour le rapatriement des avoirs criminels.
Pour annihiler la vague dévastatrice de la corruption dans le secteur extractif, relève la Directrice exécutive de CoDA, l'Afrique doit faire preuve de leadership son agenda de développement.
Le continent est appelé à mettre en place une politique fiscale commune adaptée et les États membres à mettre en place des outils pour l'application des recommandations de la CAPAR.