« Les Opportunités de financement islamique pour le secteur de l'énergie (Pétrole & Gaz et Énergies renouvelables) et pour la Souveraineté alimentaire ». C'est le thème de la 8ème édition du Forum international de la Finance islamique en Afrique de l'Ouest. À cette occasion, les autorités ont rappelé la nécessité d'explorer davantage cette niche de financement au potentiel estimé à plus de 4000 milliards de dollars afin de combler le gap infrastructurel, réussir les projets pétroliers et gaziers et dérouler la politique de souveraineté alimentaire.
L'Institut africain de la Finance islamique a organisé, hier, la 8ème édition du Forum international de la Finance islamique en Afrique de l'Ouest. Le thème de cette année est : « Les Opportunités de Financement islamique pour le secteur de l'énergie (Pétrole & Gaz et Énergies renouvelables) et pour la Souveraineté alimentaire ». Le choix s'impose naturellement, selon l'initiateur, Mohamed Lamine Mbacké, par ailleurs Directeur de l'Institut africain de la finance islamique. À l'en croire, il s'agit d'une niche importante de 4000 milliards de dollars qui peut participer à résorber le gap infrastructurel. Paradoxalement, l'Afrique en profite à moins de 1 % ; ce qui le pousse à appeler nos pays à ne pas rater le train de la finance islamique. « La mobilisation des ressources conséquentes à l'aune du pétrole et du gaz et des politiques de souveraineté alimentaire est nécessaire. Nous avons une occasion de regarder les opportunités de financement islamique pour ces deux secteurs clés. Il ne faut pas que notre pays rate le train de l'investissement de la finance islamique qui a un potentiel de 4000 milliards de dollars », a souligné M. Mbacké. À l'en croire, la finance islamique est socialement responsable et basée sur l'économie réelle. « Ainsi, elle peut permettre de résorber le gap infrastructurel en attirant les investisseurs. Il est temps de l'utiliser comme un levier de développement », a ajouté Mohamad Lamine Mbacké.
Pour le Directeur de la Banque islamique du Sénégal, Boubacar Corréa, la finance islamique peut jouer un rôle important dans la transformation structurelle de l'économie sénégalaise, dans un contexte de crise internationale qui fait accroître les besoins des pays. « Le Sénégal dispose de réserves importantes de pétrole et de gaz. L'exploitation du pétrole et du gaz nécessite des investissements avec la construction de réseaux, production d'engrais, services de plateformes de ravitaillement... Il s'avère indispensable de diversifier les sources. La finance islamique constitue une alternative importante pour la mobilisation efficace et efficiente des ressources pour le financement de l'économie réelle », a dit M. Corréa.
Une alternative crédible
La cérémonie d'ouverture a été présidée par le Premier ministre Amadou Bâ. Pour lui, la finance islamique offre des solutions financières qui respectent les principes de la charia. Selon lui, ceci permet aux musulmans de participer au système financier tout en respectant leurs croyances religieuses. « La finance islamique offre des produits et des services adaptés aux besoins des populations non bancarisées ; ce qui favorise leur inclusion dans le système financier formel et encourage les investissements éthiques et socialement responsables, notamment dans des secteurs plus durables et bénéfiques pour la société, tels que l'agriculture et les énergies. Elle met l'accent sur le partage des risques entre les parties prenantes. Les contrats utilisés dans la finance islamique, comme le mudaraba (partenariat) et le musharaka (partenariat d'investissement), impliquent une répartition équitable des profits et des pertes. Ils contribuent à réduire les risques », a indiqué Amadou Bâ. À ses yeux, elle encourage l'investissement dans des projets d'infrastructure, le financement des petites et moyennes entreprises et le développement des secteurs essentiels qui sont les moteurs clés de croissance économique et de création d'emplois. S'agissant des projets agricoles durables, tels que l'irrigation, l'amélioration des infrastructures agricoles, l'élevage et la production de cultures vivrières, le Chef du Gouvernement pense que la finance islamique est une solution plausible. « La finance islamique contribue, de la sorte, à renforcer la production locale, à réduire la dépendance aux importations et à promouvoir la souveraineté alimentaire. Les institutions financières islamiques offrent des produits de microfinance adaptés au secteur agricole. Ces produits permettent aux petits agriculteurs et aux agriculteurs familiaux d'accéder à des financements abordables pour améliorer leurs pratiques, investir dans des technologies modernes et accroître leur productivité », a estimé Amadou Bâ.
Abordant les Sukuks (Obligations islamiques), le Premier ministre considère qu'ils sont des instruments de financement islamiques similaires aux obligations. Ainsi, il affirme qu'ils peuvent être utilisés pour mobiliser des fonds en vue de financer des projets d'énergie dont la construction de parcs éoliens ou solaires.
Doublement de l'apport de la finance islamique dans 10 ans
Une étude du Bos/Pse table sur un gain de 5 points de croissance
Le Bureau opérationnel de suivi du Pse a, en marge du Forum, dévoilé les résultats d'une étude menée sur le potentiel et les perspectives de la finance islamique. Celle-ci fait état de deux banques spécialisées, à savoir la Banque islamique du Sénégal et Coris Bank qui a ouvert une branche islamique. Du côté des microfinances, Taysir Finance et Rahma sont recensées. Pour ce qui est de l'Assurance islamique, Sen Takafoul occupe le marché. Sur les 10 prochaines années, une utilisation optimale de la finance islamique peut favoriser une augmentation de 5 % du Pib du Sénégal, selon Baye Élimane Guèye. « Sur les impacts pour les 10 prochaines années, nous sommes partis des 3 % de résultats favorisés par la finance islamique. Ainsi, si les résultats sont doublés tous les 5 ans, nous gagnerons 5 points de croissance en 2033 », a expliqué M. Guèye. Cela permettra, selon lui, de développer le secteur agricole et de mettre en place divers projets et infrastructures. D. DIENG
Zone UEMOA
Le Sénégal, champion des Sukuks avec 630 milliards de FCfa mobilisés
Parlant des Sukuks, le Directeur national de la Bceao, Al Aminou Lô, a indiqué que 7 émissions de Sukuk, d'un montant de plus de 1000 milliards de FCfa, ont été réalisées dans l'Uemoa entre 2015 et 2022, dont 630 pour le Sénégal. Elles sont ainsi réparties : 100 milliards de FCfa en 2014, 200 en 2019 et 330 en 2022. Aujourd'hui, a avancé M. Lô, pour vulgariser et mettre en oeuvre davantage la finance islamique, la Bceao a entrepris des initiatives en vue de favoriser la promotion et le développement de la finance islamique, parmi lesquelles l'édiction de textes réglementaires pour faciliter l'exercice de la finance islamique pour les établissements de crédit et les institutions de microfinance. « Grâce aux réformes réglementaires, l'activité financière islamique dans l'Umoa est caractérisée par 18 institutions, à savoir 9 banques et 9 systèmes financiers décentralisés. À fin juin 2022, les actifs de la finance islamique sont évalués à environ 800 milliards de FCfa, dont des dépôts d'environ 600 milliards de FCfa et une contrepartie de 500 milliards FCfa de financements », a dit le Directeur national de la Bceao. À l'en croire, la répartition des financements fait ressortir que 33 % ont été alloués aux services sociaux, 19 % au commerce, 16 % pour les Travaux et bâtiments publics et 12 % pour les industries extractives. D. DIENG