Au procès du député Édouard Mwangachuchu, un général et un colonel de la Police nationale ont été interrogés, à titre des renseignants, sur leur rôle administratif dans la gestion des éléments de la police des mines à Masisi.
La Haute Cour militaire a poursuivi ce mardi 13 juin à la prison militaire de Ndolo/Kinshasa son instruction sur le nombre des policiers déployés, leur provenance, leur paie et le contrat de gardiennage signé avec la Société minière de Bisunzu (SMB). Ils seront tous, avec deux autres généraux, confrontés à leurs dépositions contradictoires à l'audience du vendredi prochain.
Le général Aban Van, commissaire provincial de la police dans le Nord-Kivu et le colonel Van Kasongo ont comparu ce mardi sur les effectifs policiers commis à la garde de la SMB :
"Étaient-ils combien ? Et pourquoi étaient-ils constitués à 90 % d'une seule ethnie, alors que la loi l'interdit ?", interroge La Cour a l'attention des renseignants.
Elle les accuse d'avoir caché à l'Etat les effectifs réels pris en charge par la SMB. La légèreté, la négligence, le désordre complice ont caractérisé la police du Nord-Kivu, martèle le ministère public.
Au total, 86 policiers étaient payés par la SMB, mais l'Etat ne percevait l'argent que de 43 policiers via la DGRAD, dont le ministère public montre les notes de perception. Donc il y avait un surplus fictif qui profitait aux chefs de la police. Qui a signé ce contrat ? Interroge encore la Cour.
Pourquoi aussi avoir réservé un traitement favorable à la seule concession de Bisunzu, alors que l'insécurité se posait partout à Rubaya ? Attaque encore la Cour. Selon le colonel Van Kasongo, les policiers commis à la sécurisation de la société se relayaient. La police était au four et au moulin et se déployait partout où elle était sollicitée par la population.
D'après la Cour, les chefs de la police ont trompé l'État.
Le colonel Van ne reconnaît pas toutes ces affirmations. Il dit n'avoir jamais signé un contrat de gardiennage. "Je n'ai jamais trompé", déclare-t-il.
La Cour demande alors au général Aban Van, commissaire provincial de la police au Nord-Kivu, sa réaction après avoir appris qu'on venait de découvrir une cache d'armes chez Mwangachuchu. Il dépose qu'il n'en avait aucune réaction et c'est au ministère public, dit-il, de prouver l'existence des policiers fictifs ou irréguliers dont Aban ignore le nombre au sein de l'unité des mines.
Le nouvel extrait de rôle de la Haute Cour militaire renseigne que le député est accusé des infractions suivantes :
- participation à un mouvement insurrectionnel
- espionnage
- détention illégale d'armes et munitions de guerre.