Congo-Brazzaville: Pays en développement - Louise Mushikiwabo milite pour l'adoption d' un indice de mesure de la vulnérabilité

Dans un tribune commise dans le quotidien Le Monde, la secrétaire générale de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF), Louise Mushikiwabo, note que de plus en plus, des voix réclament une réforme du système multilatéral pour gérer au mieux leurs intérêts communs en tant que parties prenantes de la planète Terre.

Aux voix réclamant une réforme du système multilatéral, s'ajoutent celles des défenseurs d'un modèle de gouvernance qui mettrait au coeur de son action l'amélioration de la vie quotidienne de la population.

Le plus souvent conçues au XXe siècle, les institutions en place sont questionnées par l'amplification des bouleversements globaux provoqués, en particulier, par le réchauffement climatique et l'accélération technologique. Louise Mushikiwabo pointe ici un élément simple qui est la solidarité financière entre les pays les plus riches et les plus pauvres, organisée sur la base d'un indicateur unique, le niveau moyen de revenu par habitant.

Si l'objectif était louable de combattre les inégalités de développement en classant les pays en fonction de leurs ressources monétaires pour prendre des mesures adaptées, la patronne de l'OIF trouve aujourd'hui que cette approche est désormais inadéquate.

L'ensemble des pays les moins avancés (PMA) et d'autres aux revenus plus élevés tels que les petits États insulaires en développement (PEID) deviennent extrêmement vulnérables aux chocs exogènes. Ce phénomène a été particulièrement mis en évidence par la pandémie de covid-19. Il invite à s'équiper d'un tableau de bord plus performant, permettant de mesurer de manière juste et complète les vulnérabilités effectives des Etats afin qu'ils puissent construire leur résilience :

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"Adopter rapidement cet indice multidimensionnel commun reflétant les vulnérabilités spécifiques des pays en développement mais surtout le mettre en pratique". En faire le nouveau levier de politiques de développement suppose, d'une part, sa reconnaissance par l'ensemble des institutions multilatérales, régionales et nationales du financement du développement et, d'autre part, son utilisation effective pour guider l'allocation des ressources financières, notamment concessionnelles, vers les pays qui en ont le plus besoin, a poursuivi la cheffe de l'OIF.

Les chocs exogènes qui affectent les pays les plus fragiles produisent des conséquences dramatiques, a-t-elle rappelé, citant l'Afrique de l'Ouest, les effets de la crise du covid-19 cumulés à ceux de la guerre en Ukraine, qui se traduisent par une insécurité alimentaire aiguë pour plus de 38 millions de personnes, tandis qu'une dizaine de millions d'autres sont directement menacées dans la sous-région.

Selon les Nations unies, 80 % des pays en situation de surendettement ou à haut risque de le devenir sont des PMA ou des PEID. Sans marge de manœuvre budgétaire suffisante, ces pays ne pourront ni répondre aux crises, ni mener les investissements et les politiques nécessaires à la réduction de leurs vulnérabilités en matière de protection sociale, de diversification économique, de lutte contre la fracture numérique qui les affectent proportionnellement bien davantage que les pays développés, indique Louise Mushikiwabo.

Il en va de même pour ce qui concerne les défis liés au changement climatique. Bien que leurs émissions de CO2 soient jusqu'à quatre fois inférieures à la moyenne mondiale, les pays les plus vulnérables sont aussi injustement les plus exposés ( catastrophes naturelles et événements météorologiques extrêmes), particulièrement en Afrique centrale et de l'Ouest, qui ont conduit à la proclamation d'un Etat d'urgence dans plusieurs pays et gouvernements membres de la francophonie.

"L'adoption d'un indice multidimensionnel de mesure de la vulnérabilité des pays en développement constitue une priorité pour la communauté internationale. Il ne s'agit pas uniquement d'une question de solidarité mais de sauvegarde de la planète, qui nous appartient et qui est la seule dont nous disposons", a conclu la secrétaire générale de l'OIF.

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