Le Haut-commissariat aux droits de l'homme de l'ONU s'est dit « préoccupé » par la situation au Sénégal et « l'utilisation d'armes à feu par les forces de défense et de sécurité » lors des manifestations qui ont éclaté, après la condamnation de l'opposant Ousmane Sonko. Selon le bilan officiel, on déplore seize morts et sur le plan matériel, le Conseil national du patronat a regretté, mardi 13 juin, le coût des destructions et dommages pour les entreprises sénégalaises, et se dit inquiet à huit mois de la présidentielle, prévue en février 2024.
« Il est incompréhensible que l'entreprise continue d'être ciblée, saccagée, pillée (...) en raison de différends politiques », affirme le président du Conseil national du patronat. S'il est encore trop tôt pour un bilan exhaustif, Baïdy Agne parle de « centaines de milliards » de francs CFA de pertes.
Le secteur bancaire a notamment été touché : « Nous avons eu 14 banques impactées à travers 31 de nos agences essentiellement dans la banlieue, déplore Bocar Sy, président de la l'Association professionnelle des banques et établissements financiers du Sénégal (APBEFS). Nous avons assisté à des actes de dégradation que rien ne justifie. »
« Près d'une centaine » de stations-service ciblées
Dans la grande distribution, sept magasins de l'enseigne française Auchan ont été « attaqués », selon son directeur des ventes. Comme lors des émeutes de mars 2021, les stations-service ont aussi été prises pour cible, « près d'une centaine », regrette Mohamed Chaabouni, président du groupement professionnel de l'industrie du pétrole au Sénégal (GPP) : « La société que je dirige, Vico Energy Shell, a eu 17 stations impactées. Total en a eu 27, toutes les marques ont été touchées. Les dégâts, je peux vous le dire, vont dépasser 3 milliards de francs CFA. Nous avons tous peur que ces manifestations se renouvellent. »
Incertitudes pour les investisseurs, impact sur l'attractivité du pays, le Conseil national du patronat (CNP) appelle au dialogue et participe aux tentatives de médiation. Ses membres ont rencontré la semaine dernière le chef de l'État, ainsi que « la plateforme des forces vives F24 ».
Après la déclaration de l'ONU, le ministère sénégalais des Affaires Étrangères a répondu dans un communiqué dénonçant des « agressions extrêmement graves contre l'État, la République et ses institutions ». Si le bilan officiel est de 16 victimes, l'ONG Amnesty International affirme que les violences ont fait au moins 23 morts.