Sénégal: Cri de coeur du Conseil national du patronat (Cnp) sur les émeutes de début juin - Le privé paie un lourd préjudice !

Point de presse du Conseil national du patronat (Cnp) .

Des dizaines de milliards de francs CFA ont été perdus lors des manifestations d'une rare violence qui ont secoué le Sénégal, suite à la condamnation d'Ousmane Sonko, le 1er juin dernier, par la Chambre criminelle de du Tribunal de grande instance hors classe de Dakar, dans l'affaire Adji Sarr. Un lourd préjudice payé par des entreprises du secteur privé du pétrole et du gaz, de la grande distribution, des télécommunications et du numérique, entre autres dont les biens ont été vandalisées.

Les manifestations contre la condamnation d'Ousmane Sonko à 2 ans de prison ferme, le 1er juin dernier, par la Chambre criminelle du Tribunal de grande instance hors classe de Dakar, dans l'affaire Adji Raby Sarr, ont lourdement impacté le secteur privé. Hier, mardi 13 juin, à Dakar, face à la presse, les organisations membres du Conseil national du patronat (CNP) Sénégalais ont établi un bilan provisoire des dégâts et dommages à coût de dizaines de milliards de francs CFA. Les secteurs lourdement impactés sont, entre autres, les banques, les stations-services, les grandes surface, le tourisme, les télécommunications, l'économie numérique, les transports. Ce bilan provisoire se chiffre, à la date d'hier mardi, à des dizaines de milliards de francs CFA, sous réserve d'établir le bilan réel dans les jours à venir. Sans doute, ce bilan devra faire l'objet d'une contre-expertise, pour un bilan exhaustif.

Des banques rendues hors d'usage, le service bancaire bloqué

Faisant le point des pertes dans le secteur bancaire, Mamadou Bocar Sy, président de l'Association professionnelle des banques et établissements financiers du Sénégal, a fait savoir que «14 banques ont été impactées à travers 31 agences et pour l'essentiel dans la banlieue dakaroise et dans une moindre mesure dans les régions», se désole le non moins Directeur général de la Banque de l'habitat du Sénégal (BHS). A l'en croire, «la remise à l'état d'une agence, c'est au moins 150 millions de francs CFA. Le total de ces 31 agences, c'est environ plus de 3 milliards». Désapprouvant l'impact de ces violences sur l'investissement privé, il dit ceci : «Le premier échec, c'est sans doute la destruction des investissements, puisque nous avons été toujours reproché de n'avoir pas fait du service de proximité. Et voilà que cet investissement passe pour pertes et profits».

Il ajoute : «Si nos banques ont été rendues hors d'usage, c'est le service bancaire qui a été bloqué. Nous avions essayé de rapatrier toutes nos opérations à nos sièges respectifs. Ce qui était assez gênant puisque nous sommes à la fin du mois et à la période de Tabaski où les clients venaient chercher leurs avances de Tabaski et les compatriotes de la diaspora faisaient également de la mise à disposition pour leurs familles».

Quant à la nature des dégâts, il renseigne que ça va de la «casse des glaces, à la destruction des guichets automatiques bancaire (GAB)». L'autre dégât non moins important, «c'est le traumatisme causé à nos clients parce que les événements se sont passés au moment où les clients étaient dans les banques, à attendre réaliser des opérations», réprouve le banquier.

Plusieurs pertes et des annulations importantes dans le secteur du tourisme

Aimé Sène, Fondateur et président de la Fédération des entreprises de franchise au Sénégal et président du groupe Aimé Sène, quant à lui, dira que le tourisme a été très impacté. Pour s'en convaincre, il révèle : «Deux de mes hôtels ont perdu 300 millions», non sans relever qu'un bus labellisé «Sénégal Découvertes» d'un de leur confrère a été vandalisé. Il poursuit : « Deux grands séminaires ont été annulés. Vraiment, «nous étions sur une bonne relance du tourisme ; voilà que les événements ont tous compromis». Enfin, il a tenu à dire à qui veut l'entendre ceci : «Nous ne faisons que la politique de l'économie et rien de plus».

Racine Sy, président du Conseil sénégalais du tourisme, pour sa part, renchérira ceci : «Notre image a été fortement écornée par tout ce qui s'est passé. Ce qui s'est passé est inédit. Ce déferlement de violences jamais connues au Sénégal, depuis l'indépendance, a surpris son monde». En clair, «nous avons connu des annulations importantes et le chiffre d'affaires va être quantifié dans les semaines à venir».

Des dizaines de milliards de francsperdus en investissements en chiffre d'affaires

Momar Lo, responsable à Auchan Sénégal dira : «Au total, sept (7) magasins Auchan ont été attaqués. Et aujourd'hui plus 300 travailleurs sénégalais risquent d'être mis en chômage technique». A l'en croire, «depuis mars 2021, Auchan Sénégal fait face aux attaques, saccages et pillages de ses magasins, avec d'énormes pertes». En 2021, poursuit-il, «19 magasins ont été attaqués, c'est plus 15 milliards de pertes».

Le représentant de la Sonatel a déclaré que sa société a perdu plus de 677 millions de francs CFA, à cause de la coupure d'internet l'ayant obligé à mettre 309 travailleurs en chômage technique.

Quant à l'opérateur de transfert d'argent Wave, il dit avoir noté une baisse de 40% de l'utilisation de ses services, 40% du volume pour au total 7 millions de clients impactés par la coupure d'internet.

Le président du CNP, Baïdy Agne, dans une déclaration liminaire, a affirmé que des entreprises du secteur privés du «pétrole et du gaz, de la grande distribution, des télécommunications et du numérique ont été brûlés et pillés et vandalisés». Il s'en est suivi «un arrêt des activités économiques quasi-généralisé pendant trois jours», a-t-il expliqué. Au total, «des dizaines de milliards de francs CFA ont été perdus en investissements et en chiffre d'affaires », a-t-il affirmé.

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