Le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, vient de publier un rapport contenant ses recommandations sur la Mission de l'ONU au Mali, la MINUSMA. Celles-ci seront ensuite passées en revue et débattues par les quinze membres du Conseil de sécurité.
On attend de savoir le traitement qui sera réservé à ses suggestions, le 16 juin prochain, à l'ONU. Que recommande l'actuel patron de la Maison de verre ? Il suggère que la Mission de l'ONU au Mali, soit prolongée d'un an et que ses effectifs autorisés soient maintenus. Il propose également de reconfigurer la Mission, limiter ses priorités, rationnaliser ses missions.
Antonio Guterres souhaite aussi déployer les équipes et les « Casques bleus » là où le besoin se fait le plus sentir. Ainsi, des troupes pourraient être retirées dans des endroits comme la région de Kidal. Reste à savoir l'accueil que le peuple malien réservera à de telles propositions. Pour ce qu'on sait déjà, des voix se sont élevées, à plusieurs reprises, pour réclamer le départ pur et simple de ces troupes onusiennes, le tout dans un concert assourdissant de manifestations violentes qui se sont parfois soldées par des pertes en vies humaines.
Pour les croquants, il s'agissait de remettre en cause, la poursuite d'une opération onusienne de maintien de paix qui n'a jamais permis ni de stabiliser la zone où sont déployées les « Casques bleus », ni de protéger les civils. Autant dire que la proposition de Antonio Guterres, de reconfigurer la Mission au Mali, plutôt que de l'amener à faire son paquetage, pourrait être de nature à mettre davantage en courroux les forces hostiles à cette présence.
Le plus important est que ces recommandations épousent les intérêts du peuple malien
Mais au-delà de celles-ci, on peut se demander ce que les autorités maliennes penseront, en vérité, de ces recommandations. Certes, Bamako ne se s'est jamais ouvertement prononcée pour le départ de la MINUSMA. Le pouvoir malien ne prendrait pas le risque d'endosser cette responsabilité. Car il aurait trop à y perdre sur le plan diplomatique. Officiellement donc, il n'est pas contre ce maintien, même s'il tient à y établir... ses conditions qui ne sont pas sans compliquer la tâche à la Mission sur le terrain.
Tant et si bien que l'hypothèse que les manifestations appelant au départ de ces troupes, aient été suscitées par le pouvoir en place, peut relever du plausible. Toujours est-il qu'on ne peut reprocher à bien des recommandations du Secrétaire général de l'ONU, de manquer de réalisme. Mieux, Antonio Guterres fait preuve de lucidité ; tant les difficultés du terrain imposent des voies urgentes de solutions.
Quid, par exemple, de toute la peine que la Mission a à se déployer sur le terrain, du fait d'un régime qui a décidé de restreindre sa liberté de mouvements ? Et il n'est pas exclu que ce dernier continue de maintenir le cap, jusqu'à la paralysie complète de la Mission. En tout état de cause, au cas où elles venaient à être adoptées par le Conseil de sécurité, ce sera tant mieux si ces propositions trouvent une oreille attentive du côté de Bamako, pour autant que celles-ci suscitent de l'espoir.
Car, après tout, un retrait pur et simple de la MINUSMA ne serait pas sans conséquences. On sait, par exemple, que dans les zones où ils sont déployés, ces « Casques bleus » sécurisent l'acheminement de l'aide humanitaire. Ce n'est pas rien. Le plus important est que ces recommandations épousent les intérêts du peuple malien. Autrement, il se dégagera la fâcheuse impression qu'en dépit des initiatives du patron de l'ONU, la MINUSMA n'a pas avancé dans sa quête de résorption de ses nombreux écueils sur le terrain. Des épreuves quelque part imputables à son impossibilité à répondre aux aspirations d'un peuple qui, jusque-là, juge sa présence au Mali, inutile en raison d'un mandat qui est loin de répondre à ses attentes.