Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés a sorti mercredi 14 juin son rapport annuel 2022. Le résultat est édifiant avec une série de tristes records.
110 millions de personnes ont été forcées de fuir leur domicile, soit 19 millions de plus qu'en 2021. En Afrique sub-saharienne, on atteint là encore des chiffres sans précédent avec notamment 16 millions et demi de personnes supplémentaires, soit une hausse de 17% des déplacés internes. La situation est particulièrement préoccupante pour les victimes de désastres, sécheresses, inondations, tempêtes. Leur nombre a quasi triplé. C'est du jamais vu. Le HCR pointe notamment la vulnérabilité particulière de Madagascar.
La Grande Île est l'un des pays les plus exposés aux catastrophes naturelles indique le rapport. L'an dernier, six tempêtes tropicales l'ont frappée, entre janvier et avril. Vents, pluies et inondations ont violemment touché un environnement urbain de plus en plus étendu et anarchique. 15 600 maisons ont par exemple été détruites.
À cela s'est ajoutée une sécheresse continue depuis 2019, la pire depuis 40 ans. Les agriculteurs, qui ont besoin de trois ans pour se remettre d'une vague de chaleur anormale, ont cette fois été dépassés. Les capacités d'absorption des sols ont été fortement réduites. Le tout a aggravé l'insécurité alimentaire et entraîné 291 000 nouveaux déplacés. Un record à Madagascar.
Les cultures de maïs ou encore de manioc ont été endommagées, affaiblissant la production. 60 000 hectares de cultures de riz ont aussi été inondés. Sans nourriture, une partie de la population a donc dû s'en remettre à l'aide humanitaire dont le volume a été augmenté, empêchant le pays de déclarer une famine...
Même sans réchauffement climatique, le pays, de par sa position, est voué à connaître des variations climatiques. Le HCR demande donc une amélioration des stratégies pour en réduire l'impact, des investissements dans des cultures résistant à la chaleur, des fonds pour les régions accueillant les déplacés climatiques...
L'organisation reconnaît la mise en place d'outils par le gouvernement, comme une base de données des pertes dues aux catastrophes environnementales ou une évaluation des risques. Mais elle demande que les déplacements de populations soient enfin intégrés aux évaluations.