Le Conseil national du patronat (Cnp) a organisé, hier, un point de presse pour se prononcer sur les dégâts et pertes subis lors des manifestations des 1er et 2 juin dernier au Sénégal. Les différents secteurs de l'économie ont déploré des pertes à coup de milliards de FCfa.
Des manifestations intenses ont suivi la condamnation à deux ans de prison du leader du parti Pastef-Les patriotes, Ousmane Sonko. Des banques, magasins et édifices publics ont été saccagés. L'activité économique a été perturbée pendant au moins une semaine. Avec l'accalmie notée, c'est l'heure du bilan. À cet effet, un point de presse a été organisé, hier, par le Conseil national du patronat (Cnp). Les pertes sont immenses, selon le président du Cnp, Baidy Agne. Dans le détail, 27 station-services du groupe Total ont été pillés, 5 pour le groupe Shell et 1 pour Petrosen. Le préjudice pour le secteur des hydrocarbures est estimé à 3 milliards de FCfa.
La violence des manifestations a aussi concerné le secteur bancaire. Au total, selon le patronat bancaire, 17 banques ont été touchées. Les dégâts matériels sont estimés à 700 millions de FCfa.
Le secteur touristique non plus n'est pas sorti indemne de ces perturbations. Les impacts directs sont l'annulation de plusieurs réservations au moment où l'activité retrouvait sa vitesse de croisière. « Après la Covid-19, l'activité touristique a été touchée par les manifestations. Plusieurs réservations ont été annulées. Deux grandes conférences ont été reportées, car l'image du pays a été écornée », a souligné Aimé Sène.
Les manifestations ont entraîné des restrictions sur Internet. Des décisions qui ne sont pas restées sans conséquences pour le secteur du transfert d'argent. Parmi les sociétés phares, Wave a constaté une chute de 40% de l'utilisation de son service de transfert d'argent. Au total, 7 millions de clients ont été impactés.
Pour la société Expresso, Fatou Sow Kane fait état d'un impact sur 50% des services d'internet. Ce qui a forcément eu des conséquences sur les finances de la boite. « L'impact commercial est visible avec 50% de baisse d'utilisation de nos services Internet. Nous ne souhaitons pas que cela se reproduise, car personne n'en sortira indemne », a déclaré Mme Kane.
Plus jamais ça !
Pour se prémunir des dommages, elle a suggéré des réflexions afin de mettre en place un plan de résilience permettant aux acteurs de s'adapter et de poursuivre leurs services.
Pour Antoine Ngom, président de l'Organisation des professionnels des technologies de l'information et de la communication, le secteur numérique considère les pertes économiques et sociales incommensurables. « Toute restriction ou coupure d'internet a des conséquences économiques. Aujourd'hui, il est important de minimiser les risques de coupure en investissant dans des dispositifs de lutte contre la cyber sécurité », a préconisé M. Ngom.
Faisant l'économie des interventions, le président du Cnp, Baidy Agne a regretté les casses et les préjudices subis. À ses yeux, la violence et le saccage n'épargnent et n'arrangent personne. « Un pays ne peut se développer que dans le calme et la stabilité. Des personnes qui n'appartenaient à aucun bord politique en ont souffert et ont vu leurs biens matériels détruits », a regretté M. Agne. Ainsi a-t-il appelé au calme et à la sérénité pour la poursuite de l'activité économique. « Que pareille situation ne se reproduise. Nous avons besoin de calme afin que tout le monde puisse travailler », a ajouté Baidy Agne. Cet appel à la paix a été réitéré par Cheikh Tidiane Sy du Cadre unitaire de l'islam au Sénégal (Cudis). « Nous avons hérité de hautes valeurs des figures religieuses du pays. Nous avons l'obligation de les transmettre aux plus jeunes. Nous avons besoin de plus de sérénité. Nous allons continuer à oeuvrer pour cette paix. Nous sommes optimistes que nous allons dépasser cette situation », a souligné M. Sy.
La prochaine étape pour le Cnp est la production d'un document qui quantifie l'ensemble des pertes subies.