Cote d'Ivoire: Que la lumière soit

éditorial

Que la lumière soit dans le réajustement du prix de l'électricité. Et la lumière fut. La veille de l'annonce de ce réajustement, le ministre de la Communication et de l'Économie numérique, porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly, au sortir du Conseil des ministres, avait dit toute la détermination de l'État de Côte d'Ivoire à travailler en toute transparence et en toute responsabilité.

Le jeudi 8 juin, le ministre des Mines, du Pétrole et de l'Énergie, Mamadou Sangafowa Coulibaly, éclairait la lanterne des populations sur les nouvelles dispositions tarifaires. Laissant dans le noir toutes les informations affolantes de la semaine.

Quatre vingt-neuf pour cent des consommateurs sont épargnés par cette augmentation du kilowattheure. Ils sont les plus nombreux. 3 340 000 factures qui continueront à afficher la même base de calcul.

Les gros consommateurs, les 11%, sont facturés par catégorie. Les clients d'au moins 15 ampères et les professionnels subissent une hausse de 10% contre 15% pour la moyenne tension et la haute tension. Mais le taux moyen de l'ajustement est estimé à 9,6%.

Autrement dit, ce sont 412 000 clients qui supporteront la charge (9,6% de hausse) des 3 752 000 abonnés (donnée de fin mai 2023). En clair, il est demandé aux grands clients de mettre davantage la main à la poche.

Les ménages modestes et même une partie de la classe moyenne sont protégés. Une forme de solidarité sociale qui voudrait que les riches soutiennent les pauvres en période de difficulté.

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En effet, le secteur électrique est financièrement en panne. Pour la seule année 2023, les pertes sont évaluées à 161 milliards de FCfa. Or, l'État s'est lancé dans une politique vertueuse d'électrification. De gros efforts sont faits pour que chaque Ivoirien bénéficie du confort que confère l'électricité.

On peut citer, entre autres, le Programme national d'électrification rurale (Proner) lancé en 2014 et le Programme électricité pour tous (Pept) permettant aux couches défavorisées de se raccorder avec juste un apport initial de 1 000 FCfa. Conséquence, le nombre d'abonnés qui était de 1,1 million en 2011 est passé à 3,6 millions en 2022. Les chiffres actualisés au mois de mai 2023 donnent 3 752 000 abonnés.

Aujourd'hui, après avoir été « court-circuitées » sur la question de la hausse, certaines mauvaises langues embouchent la trompette de l'incidence du réajustement sur la cherté de la vie. En économie, les facteurs de production se résument au travail et au capital.

Pour simplifier, on parlera d'hommes et de machines. Dans la déclinaison de ces facteurs, apparaît la notion des coûts de production. Et l'électricité en fait partie. Tout comme l'achat de matières premières, la disponibilité en eau... (en général pour les entreprises industrielles).

L'électricité, pour une entreprise, peut être considérée comme un coût variable ou un coût fixe, selon l'usage. Elle est variable en fonction du temps de consommation. Si vos machines tournent pendant huit heures, vous ne supporterez pas les mêmes charges que si elles sont en marche sur 15 heures.

En revanche, si au cours des huit heures de fonctionnement des machines, vous produisez à plein régime ou en sous-utilisation de vos capacités, vous paierez toujours la même facture. Par exemple, prenons un four à pains fourrés, comme on les aime dans nos quartiers.

Si la capacité du four est de 100 pains et que vous n'y mettez que 30, le four aura la même consommation d'électricité. Vous paierez alors le même montant d'électricité aussi bien pour 30 que pour 100 pains. Il serait donc judicieux de payer les frais supportés par 100 pains que par 30. Juste une question de rationalité pour un commerçant.

C'est exactement l'attitude que doivent adopter les industriels. Tourner à plein régime pour mieux supporter les charges. En cela, le réajustement tarifaire appelle une meilleure utilisation de l'outil de production pour ceux qui tournaient à faible régime. En outre, le courant n'est pas le seul coût de production.

Les autres charges étant restées constantes, les 10% de hausse de l'électricité bouleversent-ils considérablement les coûts de revient au point d'occasionner une augmentation des prix de vente ? Surtout si on produit en masse ? Les investisseurs, au fait de leur business, peuvent y répondre.

Mais il est curieux que ce soient des consommateurs, d'ailleurs épargnés par le réajustement, qui portent le débat sur les conséquences sur les prix à la place des opérateurs économiques. A moins qu'ils n'aient d'autres intentions, bien loin de la réalité du terrain.

En tout cas, le gouvernement a adopté une démarche inclusive. Associant régulateur, consommateurs, industriels, distributeur et associations dans la prise de décision. Et le courant est apparemment bien passé. Mieux, l'État rassure quant au respect du juste prix aux consommateurs. Le ministère du Commerce, de l'Industrie et de la Promotion des Pme a été mis à contribution, à cet effet.

C'est le lieu de rappeler que le consommateur dispose de plusieurs instruments contre les commerçants véreux. Depuis le 8 mai dernier, une application d'alerte contre la vie chère, dénommée « Le contrôle citoyen », est disponible.

A cela s'ajoutent le numéro vert, 1343 et la Brigade de contrôle rapide (Bcr). Le gouvernement, à travers le ministre Mamadou Sangafowa Coulibaly, a apporté des éclairages sur l'impact de cette mesure sur le coût de la vie. La lumière est donc faite.

Désormais, chacun peut voir clair, non seulement concernant sa facture, mais également dans l'affichage des prix à la consommation des différents produits proposés à la population.

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