Burkina Faso: Citoyenneté burkinabè - L'éducation et la tradition au secours de l'intégrité

La Fédération burkinabè des associations, centres et clubs UNESCO (FEBACU) a organisé une conférence publique le mardi 13 juin 2023 à l'Université Joseph-Ki-Zerbo sur le thème : « Education à la paix et à la citoyenneté : résilience pour sauver l'intégrité ». La conférence a été animée par les enseignants-chercheurs, Dr Poussi Sawadogo et Dr Fatié Ouattara à l'intention d'un public estudiantin.

Quels citoyens pour quel Burkina Faso ? Au regard de la situation difficile du fait de la crise multidimensionnelle (sécuritaire, humanitaire, sociale) que vit le « pays des Hommes intègres », la Fédération burkinabè des associations, centres et clubs UNESCO (FEBACU) a créé un cadre de réflexion sur le concept de la »citoyenneté intègre » le mardi 13 juin 2023 au sein de l'Université Joseph-Ki-Zerbo. Cela a consisté en une conférence publique sur le thème « Education à la paix et à la citoyenneté : résilience pour sauver l'intégrité ».

Les enseignants-chercheurs, Dr Fatié Ouattara et Dr Poussi Sawadogo ont animé à cet effet deux communications à l'intention des étudiants réunis pour l'occasion.

Le propos de Dr Fatié Ouattara, maitre de conférences de Philosophie de l'éducation s'est articulé autour du lien entre citoyenneté et intégrité.

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« On peut dire que c'est une tautologie parce qu'on suppose que tout citoyen est intègre, mais nous traversons aujourd'hui des situations qui mettent à mal notre citoyenneté et notre intégrité. Il est important de nous réinterroger sur les attentes de la nation vis-à-vis du citoyen et qu'est-ce qu'il faut entendre par intégrité. »

Il a relevé qu'il ne suffit pas de naître sur un territoire donné ou d'en acquérir la nationalité par naturalisation pour pouvoir se targuer d'être pleinement citoyen.

« Au delà de la dimension naturelle, il y a la dimension active qui induit que la citoyenneté se mérite. Il y a un mérite à être citoyen. Le citoyen c'est celui-là qui fait quelque chose pour être utile à lui-même, comme à sa famille, à sa communauté et à l'Etat », a-t-il soutenu.

Tirer leçon de l'éducation traditionnelle

De l'avis de Dr Ouattara, si notre intégrité est mise à mal, notamment, avec des citoyens qui ont pris des armes contre l'Etat, on peut se douter que ces citoyens ont perdu quelque chose de leur intégrité. D'où la nécessité, a-t-il relevé, de s'investir dans l'éducation pour « permettre que les jeunes filles et hommes de ce pays apprennent davantage à connaître les valeurs fondatrices de notre nation et que les valeurs de paix, de citoyenneté éclairée, d'égalité, de justice, de liberté, de solidarité voire de tolérance puissent donc être enseignées aux plus jeunes depuis leur tendre âge ».

Aussi, selon Dr Ouattara, l'école est-elle le lieu indiqué de cette éducation à la citoyenneté intègre, avec l'appui d'instance comme la famille, la société civile, les partis politiques, le service national pour le développement.

La communication de Dr Poussy Sawadogo, « valeurs traditionnelles africaines et culture de l'intégrité : leçons pour une éducation à la paix », a insisté particulièrement sur l'importance de l'éducation, notamment celle traditionnelle, dans le processus d'édification d'une société intègre.

En tant que ministre de l'Education et de la Culture du Dima de Boussouma, Dr Sawadogo s'est référé au Kéogo, un camp d'initiation traditionnelle créé en 2021 par le Dima autour des questions de paix, de cohésion, d'intégrité, de complémentarité, de solidarité, pour étayer son développement.

« A travers le Kéogo, les plus jeunes comprendront la récompense du bien et la récompense du mal. Le conte permettra de savoir ce qu'a récolté celui qui s'est bien comporté et l'autre qui s'est mal comporté. Comme la personne humaine est capable de choix, à partir du moment où on sait qu'en posant tel acte on récolte tel résultat, dans son action on pourra avoir une conduite plus responsable », a détaillé Dr Poussi Sawadogo.

Pour lui donc, cette méthode éducative contribue à réveiller l'ange qui habite en chacun.

S'accepter mutuellement malgré les divergences

La tenue de cette conférence publique a été saluée par le Secrétaire général de la Commission nationale burkinabè pour l'UNESCO, Dr Vincent Sedego dans la mesure où elle contribue à l'atteinte des objectifs de cet organisme Onusien qui oeuvre pour l'avènement de la paix à travers la culture, la science, l'éducation, l'information et la communication : « distiller de tels messages à une jeunesse consciencieuse, aussi affligée par le contexte est quelque chose que nous saluons à juste titre.

Ce message passé aujourd'hui à travers les deux panelistes vient à point nommé dans un contexte où on en a besoin. »

Pour lui, le but c'est non seulement d'arriver à se reconnaître Burkinabè, s'identifier comme tel et défendre cette nationalité, mais aussi de travailler à s'accepter mutuellement, se comprendre malgré nos différences, défauts et divergences et continuer de construire la nation burkinabè.

C'est aussi la même ambition sous tendue par la Fédération burkinabè des associations, centres et clubs pour l'UNESCO (FEBACU). Le président de la FEBACU, Augustin Bouda a estimé qu'en mettant l'accent sur la jeunesse à travers les sensibilisations et en lui donnant des outils pour revigorer en elle les valeurs de citoyenneté et d'intégrité, le vivre ensemble sera naturellement installé au sein des différentes composantes du Burkina Faso.

Augustin Bouda a indiqué que d'autres actions de sensibilisation sont en perspectives, notamment, des programmes d'éducation aux médias prévus dans différentes villes du Burkina (Dori, Dédougou, Bobo et Ouaga) et d'autres à travers les réseaux sociaux.

 

 

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