Madagascar: Sommet de l'OIT - La réforme du code du travail comme fer de lance

Le sommet de l'OIT sur le thème de la Justice sociale pour tous a démarré hier. Un rendez-vous auquel Madagascar prend part avec une délégation qui se veut être représentative des acteurs du monde du travail.

En triumvirat. C'est la formation avec laquelle Madagascar attaque le sommet de l'Organisation internationale du travail (OIT). Aux côtés de Andry Rajoelina, président de la République, il y a Noro Andriamamonjiarison, représentante du groupement des entreprises de Madagascar (GEM), et Francine Randrianarisoa, présidente nationale de la Confédération des syndicats des travailleurs malgaches (FISEMARE). Ce triumvirat est ainsi le porte-étendard de la Grande île durant le sommet de Genève, dont le thème est, "Une justice sociale pour tous".

La réforme du code du travail en cours est le principal argument mis en avant pour expliquer cette union sacrée, mais aussi, pour convaincre les instances internationales. L'avant-projet du texte serait déjà bouclé. La prise en main par l'Exécutif, pour validation, avant d'être soumis au Parlement devrait se faire incessamment. L'amélioration des conditions des travailleurs, le travail décent sont ainsi au centre des discussions. Andry Rajoelina affirme la volonté de Madagascar à avancer dans ce sens dans un discours qu'il prononcera ce jour.

Dans la foulée, la Grande île démontrera la traduction en acte de ses engagements par la ratification de quatre conventions, dont trois concernant la santé et la sécurité au travail. Il sera le cinquième pays dans le monde à procéder à la ratification de ces actes. Les lois de ratification de ces conventions ont déjà été adoptées par le Parlement, la semaine dernière.

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Outre cette ratification, Madagascar table également sa marche vers l'atteinte de cette "justice sociale pour tous", et d'un travail décent pour tous, sur cette réforme du code du travail. Les aspects clés des conventions sur la santé et la sécurité au travail sont déjà inscrits dans le nouveau code du travail à venir, confirme Coffi Agossou, directeur Bureau de pays de l'OIT, dans son interview publiée samedi.

Agir de concert

"Dès l'instant que le texte qui est déjà élaboré sera adopté par le gouvernement et ensuite par le Parlement, la mise en oeuvre des conventions qui seront ratifiées, sera déjà effective. Mettre en oeuvre le code, sera déjà mettre en application les instruments clés de ces trois conventions", affirme le responsable national de l'OIT.

De prime abord, les principes des six conventions que la Grande île a ratifié, en juin 2019, seront aussi repris dans le nouveau code du travail. La convention sur le travail forcé ou encore celle sur les travailleuses et travailleurs domestiques sont parmi ces conventions ratifiées en 2019. "Nous sommes présents en partant du constat qu'il y a déjà un processus en cours.

Des textes sont déjà en vigueur. Nous sommes ici pour les réaffirmer par le biais d'une ratification. (...) Les trois entités, à savoir l'État, les employeurs et les travailleurs vont maintenant déployer les efforts nécessaires pour que ces lois soient respectées", réagit la présidente nationale de la FISEMARE. Noro Andriamamonjiarison, quant à elle, met l'accent sur les retombées de la démarche malgache, sur le plan international. "La ratification de ces conventions va renforcer la confiance des investisseurs et des acheteurs internationaux. (...)

Aussi, il est important que l'État, les employeurs et les travailleurs agissent de concert pour le respect des normes dans le monde du travail, ainsi que l'atteinte de l'objectif qu'est une justice sociale pour tous", indique la représentante du GEM. Jean Bosco Rivotiana, ministre du Travail, de l'emploi, de la fonction publique et des lois sociales, souligne, lui aussi "les impacts positifs de cette ratification sur la visibilité internationale de Madagascar".

Celle qui porte la voix du patronat à Genève ajoute, toutefois, qu'une justice sociale ne peut se faire sans des entreprises solides, prospères et évoluant dans un environnement des affaires stable et harmonieux. Des mots qui font écho à ceux de Roberto Suarez Santos, secrétaire général de l'Organisation internationale des employeurs (OIE).

"Aucune protection sociale universelle ne peut se faire sans entreprise durable. Il faut que les entreprises puissent ainsi se développer, pour développer la justice sociale", soutient Roberto Suarez Santos, en ouverture du sommet. Luc Triangle, secrétaire général par intérim de la Confédération syndicale internationale, quant à lui, affirme que "c'est l'occasion pour discuter d'un nouveau contrat social tenant compte de la justice sociale et des enjeux comme la justice climatique".

La justice sociale sous tous les angles

Le thème du sommet oblige, la quête d'une justice sociale pour tous a été sur toutes les lèvres durant le coup d'envoi du sommet, à Genève, hier. À commencer par Gilbert F. Houngbo, directeur général de l'OIT, en passant par Antonio Guterres, secrétaire général des Nations Unies, la nécessité "d'agir dans l'immédiat", pour l'effectivité de la justice sociale pour tous est soulignée.

Alain Berset, président de la Confédération suisse, fait le parallèle entre la justice sociale et le respect des droits fondamentaux. "Il n'y a pas de justice sociale sans respect des droits humains, sans protection sociale, sans garantie des libertés fondamentales et l'accès aux droits. Il faut ainsi encourager une transition juste vers un ordre économique climatiquement neutre et égalitaire. Cette thématique réunit les agendas de la justice sociale et climatique", plaide le président suisse, rappelant au passage une expression inscrite dans une pierre de l'édifice qui abrite l'OIT à Genève, "si tu veux la paix, cultive la justice".

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