Congo-Brazzaville: Administration publique - Les secrétaires généraux émérites revendiquent leurs droits et avantages

Le corps des secrétaires généraux émérites a récemment vu le jour et rassemble les anciens patrons de l'administration publique qui sont montés au créneau pour revendiquer leurs droits et avantages non respectés par l'Etat congolais.

Coordonnateur de la nouvelle structure, Barthélemy Okito Oleka s'est confié à Radio Okapi. « L'Etat congolais a sorti quelques secrétaires généraux à la retraite. A la première vague, ils étaient 25, à la deuxième, 29 sont allés en retraite, et à la troisième vague, 23 secrétaireS généraux ont été mis à la retraite, et la quatrième vague en deux ordonnances de 13 et de 11 pour un total de 24 secrétaires généraux. Ce qui fait globalement 101 secrétaires généraux envoyés à la retraite, malheureusement 19 sont décédés, nous sommes restés 82 secrétaires généraux retraités. Nous avons pensé nous mettre ensemble, ainsi nous avons créé le Corps de secrétaires généraux émérites et avons commencé à nous réunir », a-t-il expliqué.

Il a spécifié : « Et nous avons constaté que les dispositions de la loi n°16/013 du 15 juillet 2016 portant statut des agents de carrière du service public de l'Etat ne sont pas appliquées. L'article 89 stipule que l'agent a droit à une rémunération juste et équitable ainsi qu'à des avantages sociaux accordés en cours ou en fin de carrière. L'article 134 de la même loi dit que le secrétaire général émérite bénéficie, outre son dernier traitement, de mêmes avantages que le secrétaire général en fonction. Donc, nous gardons nos traitements. Or, un secrétaire général en République démocratique du Congo, lorsqu'on lit l'ordonnance du marechal Mobutu n°9313039 du 29 mars 1993 au premier article, touche la moitié du salaire d'un ministre en fonction. De la première vague de 2009, la deuxième vague de 2017, la troisième vague de 2022 et quatrième vague des secrétaires généraux renvoyés à la retraite, personne n'a bénéficié de ces avantages, ou la décoration ».

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Barthélémy Okito Oleka a souligné : « Nous avons premièrement demandé une audience auprès du ministre, il faudrait que nos droits soient payés. Notre deuxième point ou revendication a trait aux résidences dans la commune de Gombe qui sont réservées aux fonctionnaires, aux militaires galonnés, aux professeurs, aux fonctionnaires de l'Etat en général. Malheureusement, ces résidences sont spoliées. Ainsi, nous avons trouvé bon de chercher une concession, nous avons un arrêté du ministère de l'Urbanisme et Habitat et un autre des Affaires foncières, et on nous a signé cent contrats pour qu'on mette en place la Cité du cinquantenaire qui sera un logement pour les secrétaires généraux ».

Et il a poursuivi : « Nous avions écrit au chef de l'Etat, Félix Antoine Tshisekedi, qui nous a répondu. Il a demandé au ministre de la Fonction publique de traiter ce dossier de manière à ce que l'Etat puisse nous donner une garantie, nous soutenir. Mais les chefs de localités, certains chefs coutumiers spolient cette concession qui se trouve à Gombe Lutendele. Nous avons vu le bourgmestre de la commune de Mont-Ngafula et le ministre des Affaires foncières, heureusement pour nous, ce dernier s'est personnellement impliqué. Nous avons vu le secrétaire général, et tous les responsables des Affaires foncières. Et on a annulé tous les titres superposés sur les nôtres, c'est déjà une très bonne chose. J'ai échangé avec le gouverneur Gentiny Ngobila et son dynamique vice-gouverneur? Gérard Mulumba. Nous terminons une procédure au niveau des Affaires foncières, et nous irons voir le gouverneur de Kinshasa pour la commission de démolition, de manière à dégager tous les spoliateurs et nous laisser notre concession libre, il y a le gouvernement qui veut bien nous aider à construire, et des partenaires ».

Fraude à la paie...

Le troisième point de revendication du Corps de secrétaires généraux émérites concerne la fraude à la paie. « L'inspecteur général des Finances a affirmé qu'on détourne 65 millions de dollars américains à chaque paie. Depuis que nous étions secrétaires généraux, nous avons travaillé vingt-cinq ou trente ans dans l'administration publique, nous avons toujours combattu le mécanisme actuel de la paie, ça favorise la tricherie, on dit qu'on paie 1 450 000 fonctionnaires. Déjà, avec le contrôle initié par le vice-Premier ministre, Jean Pierre Lihau, il y a des différences énormes pour les administrations centrales, c'est très grave », regrette le coordonnateur des secrétaires généraux émérites.

« Nous avons sollicité une audience auprès du chef de l'Etat pour lui dire qu'est-ce qu'il faut faire pour bloquer cette hémorragie. Nous avions géré, mais on ne nous pose jamais des questions, on prend toujours des experts qui viennent de l'extérieur, mais ce sont les secrétaires généraux qui ont géré et qui gèrent. Nous connaissons ce qu'il faut faire pour bloquer ce mécanisme-là. Il y a des gens qui sont là pour favoriser ce mécanisme, 65 millions de dollars détournés ! C'est grave ! Nous allons dire au chef de l'Etat au sujet de la maîtrise de l'effectif et la bonne gouvernance. En Belgique, par exemple, les secrétaires généraux ont géré le pays pendant deux ans. Nous voulons une administration de qualité, Nous voulons échanger avec le chef, lui parler des solutions idoines pour bloquer cette hémorragie et pour une bonne gouvernance de l'administration publique », a laissé entendre Barthélémy Okito Oleka.

Et il conclut ses propos en ces termes : « Nous allons voir aussi le VMP, parce que l'article 89 nous renvoie aux avantages, nous savons qu'il y a des choses qu'il peut nous donner. Nous avons mis en place un comité de coordination composé de 16 personnes, j'en suis le coordonnateur, avec quatre adjoints, pour la première vague, c'est Mukadi Bamwanya, pour la deuxième vague, Mondonga Albert Raphaël, pour la troisième vague, c'est Mbulu Ngodia Adolphe, pour la quatrième vague, c'est Musasa Kazez Mike Odon Bernard... ».

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