Alors que les combats entre l'armée et les Forces de soutien rapide s'intensifient à Khartoum comme dans les provinces soudanaises, un assassinat perpétré mercredi dans le Darfour occidental provoque une indignation particulière : celle du gouverneur de l'État, Khamis Abdallah Abaker. Il avait été arrêté par des hommes armés à El-Geneina peu après avoir donné une interview à une chaîne de télévision dans laquelle il qualifiait de « génocide » les violences ayant lieu dans sa province du fait des forces du général Hemedti et des « milices arabes ».
Peu de temps après son interview sur al-Hadath TV mercredi, le gouverneur du Darfour Occidental a été filmé, alors qu'il était entre les mains d'hommes en uniforme. Parmi ceux-ci figurait le commandant local des Forces de soutien rapide. Quelques heures plus tard, une autre vidéo a commencé à circuler : cette fois-ci, figurant son cadavre mutilé.
L'armée soudanaise a aussitôt condamné son assassinat « dans les termes les plus forts », dit un communiqué, accusant directement leurs ennemis des Forces de soutien rapide (FSR) de l'avoir « enlevé et assassiné » : « Ce comportement monstrueux, dit l'armée, ajoute un nouveau chapitre aux crimes barbares qu'ils ont commis contre le peuple soudanais ».
Les Forces de soutien rapide de leur côté nient toute implication. Ils racontent, dans une déclaration publiée jeudi matin, que Khamis Abdallah Abaker aurait été exécuté par « des hors-la-loi » appartenant à « des milices tribales », après avoir été pourtant « mis en sécurité » par leurs forces dans leur quartier-général, lequel aurait ensuite été pris d'assaut par les assassins.
De son côté, la mission de l'ONU au Soudan a « condamné fermement cet acte odieux ». « Des témoignages convaincants attribuent cet acte aux milices arabes et aux Forces de soutien rapide », rappelle enfin la Mission intégrée des Nations Unies pour l'assistance à la transition au Soudan (Minuats), présidée par Volker Perthes. Cela malgré le démenti des FSR.