Ils sont 4 présidents africains à s'être donné rendez-vous à Varsovie, capitale de la Pologne, pour rallier ensuite Kiev et Moscou par la suite, afin d'appeler les belligérants de la guerre en Ukraine à s'asseoir autour de la table de négociation.
Initiative louable qui s'inscrit dans la dynamique de celle entreprise par l'Union africaine (UA) en 2022 qui avait amené le président Macky Sall, alors président en exercice de l'organisation à faire le voyage de Kiev et de Moscou en juin 2022. Son successeur à la présidence tournante de l'UA, le Comorien, Azali Assoumani, reprend cet étendard de mousquetaires de la paix pour faire entendre raison au faucon de Kiev qui tient tête à l'ours russe, non sans grands dégâts collatéraux en Europe et en Afrique notamment.
Qu'avaient pu obtenir Macky Sall et Moussa Faki Mahamat en juin 2022 auprès des belligérants ? Un couloir alimentaire qui permettrait à l'Ukraine d'exporter du blé vers l'Afrique par la mer Noire et l'océan Atlantique. Rien que ça, peut-être bien pour des raisons humanitaires mais surtout économiques pour l'Ukraine et géostratégiques pour la Russie. Pour l'ouverture d'un dialogue et des négociations de paix, l'UA devrait repasser.
C'est ce que font Denis Sassou Nguesso de la République du Congo, Cyril Ramaphosa d'Afrique du Sud, Hakaindé Hichilema de Zambie, conduits par Azali Assoumani des Comores, en mousquetaires de la paix. Outre ces 4 chefs d'Etat, il faut compter les émissaires de l'Egypte et de l'Ouganda de niveau ministériel. C'est donc une mission de bons offices de haut niveau qui est partie à Kiev et à Moscou, dans une offensive diplomatique à fleurets mouchetés, pour inviter les 2 belligérants à ouvrir des pourparlers de paix.
On leur souhaite du succès à ces missi dominici, non sans faire remarquer que la grande complexité de la guerre en Ukraine avec ses implications géostratégiques, économiques et militaires sont une mer à boire dans laquelle se sont noyées bien d'initiatives de paix portées par des pays et des institutions bien mieux armés que la modeste UA. Cependant, gardons-nous de jouer les Cassandres, l'essentiel pour l'organisation continentale, c'est de participer aux efforts de la communauté internationale pour le retour de la paix en Ukraine. C'est connu, la guerre qui y fait rage est source de crises alimentaire, énergétique, environnementale dont les conséquences sont durement ressenties en Afrique plus qu'ailleurs.
Voilà qui fait courir l'UA à Kiev et à Moscou même si sur le continent il y a des tensions internes aux Etats, des guerres et des défis socio-économiques que l'organisation s'avère incapable de résoudre. Qui n'a pu le moindre, balayer devant sa propre porte, faire la paix avec ses opposants politiques ou des agresseurs terroristes qui déstabilisent des pays, peut-il le plus ? Réconcilier des belligérants dans une guerre où chacun d'eux compte de puissants alliés, qui, au-delà des affrontements, rêvent d'une victoire décisive et d'un nouvel ordre mondial. De là à dire que nos 4 mousquetaires africains sont à Varsovie, à Kiev et à Moscou pour une mission impossible, pour ne pas dire en villégiature, il y a un pas vite franchi.
Mais on touche du bois afin d'être démenti par la suite des évènements parce que face à l'enlisement de son "opération spéciale" depuis 18 mois, Vladimir Poutine, devrait revenir à des ambitions politiquement et diplomatiquement correctes. Que la raison du plus fort ne continue pas d'être la meilleure, fut-il pour raison d'Etat !