Dakar — Les membres du Réseau des parlementaires pour la protection sociale participent depuis jeudi matin à un atelier de renforcement de capacités, avec l'objectif de porter un projet de loi sur la protection sociale, a constaté l'APS.
"Sur les thématiques qui seront débattues aujourd'hui, la loi portant sur la protection sociale fera l'objet de l'ordre du jour et les parlementaires aussi vont échanger dans ce sens. De ce fait, on va voir les mécanismes à adopter pour porter ce projet de loi", a indiqué le député Saliou Dieng, président du Réseau des parlementaires pour la protection sociale.
Venu représenter ses pairs, il a rappelé que le rôle des parlementaires consiste à "défendre les populations" et particulièrement concernant la problématique de la protection sociale.
"L'objectif de cette rencontre, c'est d'imprégner les parlementaires, pour porter ce projet mis en place par le gouvernement de 2015 jusqu'à 2035, pour un plaidoyer en faveur des couches les plus démunies, surtout en faveur de la protection sociale", a déclaré Saliou Dieng, qui est également vice-président de la commission des lois à l'Assemblée nationale.
Cet atelier, qui prend fin samedi, entre dans le cadre d'un projet financé par l'Union européenne. Il est axé sur le thème : "Améliorer les synergies entre la protection sociale et la gestion des finances publiques".
Les parlementaires participant à la rencontre devront mener un plaidoyer pour une protection sociale inclusive. "Au sortir de cette rencontre, les parlementaires seront mieux outillés pour défendre cette cause. Ils seront dotés d'outils adéquats leur permettant de s'approprier ce dispositif au plan national et international", a souligné M. Dieng.
Le taux de couverture de la protection sociale à l'échelle nationale est faible, ont relevé des participants à la rencontre. Aussi de meilleures stratégies devront-elles être trouvées au cours des discussions et travaux de groupe, pour corriger ce "manquement".
"En matière de protection sociale, jusqu'en 2012, nous étions à 20% de la population couverte par un système de protection sociale et il s'agissait des agents de l'Etat et des travailleurs du secteur privé ", a indiqué André Demba Wade, coordonnateur de Global Coalition for Social protection Floors (La Coalition mondiale pour les socles de protection sociale).
Des insuffisances persistent
Il a rappelé que l'Etat sénégalais a "mis en place des programmes, comme celui de la bourse de sécurité familiale, la Couverture maladie universelle [CMU], le programme de la carte d'égalité des chances". Il y a aussi la mise en place de "beaucoup de filières sociales" dans le but de "renforcer le taux de couverture en matière de protection sociale", a-t-il signalé.
Malgré les efforts accomplis par les pouvoirs publics, a-t-il indiqué, il y a encore des "insuffisances" dans ce domaine, qui font que beaucoup n'accèdent pas à un service de protection sociale.
"Il y a encore des efforts à faire pour permettre à ceux qui travaillent dans le système informel et dans le monde rural et leur famille de disposer d'une protection sociale", a déclaré M. Wade.
André Demba Wade qui fait partie du Réseau international du droit à la protection sociale du Sénégal, plaide pour une meilleure synergie et une pérennité des actions. "Depuis longtemps, il y a beaucoup de programmes mis en place, mais il n'y a pas une loi. Et il faudrait qu'il y ait une loi pour régler beaucoup de problèmes", a-t-il estimé.
Il déplore le fait qu"'aujourd'hui il y a beaucoup d'intervenants dans le domaine mais sans cohérence". Selon lui, "'le système de protection sociale du Sénégal est fragmenté et ce sont des pertes en ressources, parce qu'on débourse beaucoup en fonctionnement, et souvent, il y a de l'inefficacité".
Il a défendu l'idée de voter une loi sur la protection sociale mais également de renforcer les financements destinés à ce domaine.
"S'il y a une loi, cette loi va permettre d'institutionnaliser les programmes pour assurer leur durabilité et dans la Constitution, l'Etat s'engage à protéger les populations", a-t-il dit. Il préconise une disponibilité des ressources nécessaires, afin que la protection puisse être assurée efficacement.